JACQUES VIVIER - SAISON 1950
1950, UNE ANNÉE EUPHORIQUE POUR LE TRIO
BRUN, DUTEIL, VIVIER (suite)
II - LA SAISON DE JACQUES VIVIER
Relire la publication précédente (saison de Marius Duteil).
AVANTS PROPOS
- Nous sommes toujours en 1950. Après le maître (Marius Duteil), nous passons aux élèves avec Jacques Vivier, la figure de proue de ce trio qui aura accompli une saison époustouflante. A lui seul, Jacques Vivier signe 25 victoires et remporte le Championnat du Limousin. Débuter ainsi laisse augurer un avenir exceptionnel. Si bien que la presse bouge et se déplace, allant même à la rencontre des ces trois champions. Nous publierons d’ailleurs des morceaux choisis de cette presse qui n’hésite pas de dénicher Vivier à Verdinas, chez lui, dans ce petit hameau de Sainte-Croix de Mareuil où il réside. Ce qui reste le plus étonnant, c’est la simplicité et la modestie de cette petite équipe, qui répond sans orgueil aux questions des journalistes. Le succès leur fait plaisir certes, mais ils n’ont vraiment pas la grosse tête. Et pourtant un grand engouement est en train de naître. On se dispute même entre les communes de Mareuil et de Ribérac. Les trois vedettes appartiennent en effet au Club Athlétique Ribéracois. Or dans les résultats, on évoque les trois coureurs en qualité de Ribéracois, ce qui ne fait pas plaisir aux Mareuillais qui revendiquent haut et fort le fait que ce sont avant tout des enfants de Mareuil.
- En fin d’année, Vivier est appelé au service militaire. Bien heureusement, servi par ses performances, il ne partira pas loin, à Périgueux... là où votre serviteur a passé quelques années de sa carrière..., mais beaucoup plus tard...
Michel Brun, Jacques Vivier à gauche, au centre Henri Martin de Mussidan, à droite Marius Duteil
et Monsieur Manière des cycles Rochet en chemise blanche.
1950 - Palmarès de Jacques VIVIER (Club Athlétique Ribéracois)
Indépendant sur cycle Rochet - 25 victoires
1° du 10° Circuit de Montbron, 1° GP de Nontron (15/07) lire reportage ci-dessous, 1° Circuit du Salesse à Tulle, 1° Argenton sur Creuse, 1° Lussac de Libourne et vainqueur d’une étape, 1° Neuvic/Planèze, 2° Prix de la Libération à Brive (1° Martinez de Souillac), 1° Piègut-Pluviers (Prix des fêtes) (lire reportage ci-dessous), 1° Thiviers (Prix de la Pédale Thibérienne), 1° Nontron les Marronniers (17/04), 1° Critérium du Centre à Limoges (lire commentaires sur Marius Duteil - Saison 1950), 1° Saint-Estèphe (24), 1° Saint-Aulaye, 1° Nersac, 1° Circuit du Pont de l’Hérisson à Angoulême, 1° Prix du Salan à Brive (lire ci-dessous reportage), 1° La Couronne, 1° Gourdon, 1° Grand Prix du canton de Nontron (02/10), 1° Championnat du Limousin, 1° Villefranche de Lonchat, 1° Montpon, 1° Pompadour, 1° Payzac (circuit des trois départements), 1° Montignac, 1° Prix du Tour de France à Limoges (piste), 3° Aixe sur Vienne (1° Marius Duteil), 2° Prix Antonin Reix à Saint-Junien (1° Martinez de Souillac), 3° Championnat du Limousin des sociétés (équipe du CA Ribérac avec Duteil, Brun et Vivier), 3° Prix des commerçants à Mareuil, 2° Ribérac, 4° Prix Lafond à Périgueux (1° Brun), 2° Aubin (12) (1° Brun), 3° Prix de la Gauloise à Périgueux (1° Duteil), 2° La Rochefoucauld, 2° Saint-Vincent de Connezac (1° Brun), 2° Ronde des Tours de France à Périgueux (1° Brun), 3° Prix du Populaire du Centre (1° Pras de l’UV. Cognac).
- Anecdote : En 1950, dans le Grand Prix de Saint-Estèphe (24), il crève, il change seul son boyau, rejoint le peloton, et va gagner avec deux minutes d’avance sur les redoutables Fourgeaud et Barquéro. (NDLR : Valentin Huot avait fait un numéro semblable en 1951 à Flaugeac).
Jacques Vivier champion du Limousin (saison 1950)
REPORTAGE DU GRAND PRIX DU SALAN A BRIVE
- Esprit et tactique ont dominé au GP du Salan où le Ribéracois Jacques Vivier s’échappe à dix kilomètres du but et gagne avec trente secondes d’avance sur son équipier Michel Brun. Un chef d’orchestre et deux parfaits exécutants ont enlevé de magnifique façon cette épreuve qui s’est courue sous une chaleur tropicale. Le chef d’orchestre, en l’occurrence Duteil, récent vainqueur du circuit Aixois et ses deux élèves, Vivier et Brun ont dominé par leur tactique et leur esprit d’équipe une course qui ne cessa d’être intéressante du début à la fin. Vivier a gagné, Brun a porté l’estocade finale face à Brunie troisième et très courageux. Après un sprint de belle facture, Duteil réglait pour la 4° place Sclaffert, Mounet, et Martrat. Cette 4° place Duteil la mérite amplement. Non content d’aider de ses conseils Vivier et Brun, il n’avait pas hésité de jouer les animateurs depuis le début de la course. Duteil fut l’auteur de la première échappée qui commença avant Tulle et ne se termina qu’après Objat. Dans cette fugue à six, Duteil fut l’un des plus ardents et sur la fin du parcours il était encore l’un des plus frais. Duteil fait partie de cette génération qui ne désarme pas et qui bien souvent fait mordre la poussière aux jeunes... Quant à Vivier et Brun c’est un tandem de grande classe, soit deux garçons qui n’ont pas 19 ans encore. Ils constituent de précieux espoirs qui ne tarderont pas à faire leurs preuves au niveau national.
GRAND PRIX DE NONTRON LE 15 JUILLET 1950
- Jacques Vivier étincelant met à la raison toutes les vedettes du Sud-ouest à Nontron ! Le champion de "Rochet" s’enfuit seul quand et comme il a voulut... Monsieur Raoult et les actifs dirigeants Nontronnais peuvent être fiers de leur grand prix cycliste. Il avait réuni samedi un lot où l’on reconnaissait les meilleures pédales du Sud-ouest. Et la course ne déçut pas l’attente d’un public enthousiaste et nombreux. Certes des hommes comme Dolhats, Latorre, Rippe, Urbaniak, Duteil, Londéro durent à divers incidents de ne pas terminer, mais quelle farouche bataille, nous offrirent les dix survivants !
- La première escarmouche fut l’œuvre de deux hommes qui ont toujours pour habitude d’attaquer dès le départ : l’Angoumoisin Robert Rippe en grande forme actuellement et le Limousin André Bernard désireux de prouver qu’il est supérieur à Vivier. Rippe ayant crevé, Bernard continua seul pendant plus de la moitié de la course, mais derrière lui, conduite par Vivier, la chasse ne tarda pas à s’organiser.
- S’échappant du peloton, le Bordelais Bertrand, qui enleva de belle façon l’an dernier le Tour de la Haute-Vienne, fut le premier à rejoindre Bernard. Puis, irrésistible, le champion d’Elvish-Fontan tenta seul sa chance. Mais le petit groupe composé de Vivier, Bidart, Bernard, Martinez, Barraud ne devait pas tarder à le revoir et l’on s’apprêtait à assister à une arrivée au sprint, lorsque Vivier débouchant de l’arrière, attaque sèchement à quatre tours de la fin. Montant la grimpette au sprint, le champion de "Rochet" magnifique de fraîcheur, ne tarda pas à creuser un trou profond entre lui et ses poursuivants. Augmentant sans cesse son avance, il franchit sous de folles acclamations la ligne d’arrivée. En grand champion, qui sut attendre son heure et produire au moment voulu un effort irrésistible, Jacques Vivier avait vaincu. Derrière lui c’était la débandade et Bertrand s’enfuyait tandis que Bidart gagnait le sprint de ce qui restait du peloton...
Le classement : 1. Jacques Vivier (Ribérac) sur cycle Rochet agent Monnerie à Limoges, les 105 kms en 3h15’, 2. Bertrand à 1 mn, 3. Bidart (Arcachon) à 2’20s, 4. Bernard (Limoges) m.tps, 5. Martinez (Souillac) m.tps, 6. Barraud (Cognac) m.tps, 7. Benelle (Souillac) à 3’49s, 8. Commerie (Belvès) m.tps, 9. Cruzin (Bordeaux) m.tps, 10. Danguillaume (Tours) à 4’28s.
Vue aérienne de Verdinas (commune de Sainte-Croix de Mareuil)
Là où est né Jacques Vivier
VIVIER EST LE PLUS FORT
- Cette fois la preuve est faîte, administrée de main de maître, Jacques Vivier, sans que personne de bonne foi ne puisse le contester, est le meilleur routier du Limousin. Que les chauvins exaspérés ne tentent pas, par des petites mesquineries, de diminuer la classe de l’élève du sympathique Duteil. Celui qu’ils disaient épuisé à jamais après son éblouissante victoire dans la finale du Championnat du Limousin leur a démontré de la plus élégante manière qu’ils s’étaient lourdement trompés. Le lendemain de sa course victorieuse à Limoges, il se classait 5° en Charente, dans une épreuve de 150 kilomètres. Le 14 juillet il triomphait à Montignac devant un Pouget dont on se plaît à saluer le retour à la forme qui lui permit en 1947 de remporter de si beaux succès. Samedi 15 juillet, enfin il mettait en déroute tous les stratèges du café du commerce ! Il triomphait à Nontron, en s’échappant quand et comme il a voulut devant l’élite des routiers du sud-ouest. Voilà un grand champion et qui récupère ! Vivier qui a des dons de rouleur étonnants joint un sprint meurtrier, s’impose comme un des favoris du championnat de France des indépendants, début septembre à Toulouse. (NDLR : victime d’une crevaison, au championnat de France, il ne se classera pas).
- En même temps qu’il a consacré un Vivier qui fit honneur à son titre de champion du Limousin, le Grand Prix de Nontron a mis une nouvelle fois en valeur la belle classe d’André Bernard. Le champion de la Haute-Vienne doit moins regretter maintenant d’avoir été battu le 9 juillet à Limoges. Il sait que son vainqueur est un très grand champion, devant qui il n’y a nul déshonneur à s’incliner. Son échappée à Nontron fut belle, comme tout ce qui est inutile, mais nous lui préférons sa très belle 4° place derrière Vivier, Bertrand et Bidart, mais devant un Martinez qui avait enlevé le 14 juillet le Grand Prix de Périgueux, en précédant le nouveau champion de la Guyenne Dupré. En Vivier et Bernard le Limousin possède les deux grands champions qu’il attendait depuis longtemps.
Jacques Vivier lors d'une victoire
GRAND PRIX de PIEGUT-PLUVIERS
- Beau lot de routiers des Charentes et de la Dordogne au départ, la fine fleur de ces départements, Jacques Vivier fit preuve d’une supériorité absolue sur tous. La course comportant cinq tours de circuit, le Ribéracois enfui au début du second, ne fut plus revu par ses concurrents qu’après l’arrivée. Son co-équipier Michel Brun également évadé en compagnie de Fourgeaud, enleva la seconde place sur ce dernier. Rippe, Pras, Dufraisse ont abandonné. Quel dommage que Jacques Vivier, grand espoir routier ait percé au championnat de France des indépendants l’autre jour à Toulouse.
Le classement : 1. Jacques Vivier (CA Ribérac) les 123 kms en 3h15’, 2. Michel Brun (Ribérac) tous deux sur cycles Rochet agent Duteil à Mareuil et à Angoulême), 3. Fourgeaud, 4. Robert, 5. Urbaniak, 6. Duteil, 7. Allory, 8. Commerie, 9. Lacoste, etc...
RÉTRO VÉLO DORDOGNE – JACQUES VIVIER (1950) © BERNARD PECCABIN
Prochain épisode : 1950 La saison de Michel Brun, Vivier militaire