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RETRO VELO DORDOGNE
30 mai 2020

1952-53 BORDEAUX-ARCACHON - 10° partie

LA CLASSIQUE BORDEAUX-ARCACHON
la plus ancienne, la plus courte et la plus rapide du Sud Ouest
Retour sur l’histoire de cette épreuve

- Relire la publication précédente (cliquez sur ce lien)

LA   COURSE EN 1952 ET 1953
1952 : JEAN MISSEGUE LE PISTARD, RÉALISE LE DOUBLÉ

- C’est Gilbert Longau, le fils du Président de l’UC Arcachon qui prend le relais de Charles Bidon, pour commenter en cette année olympique la classique du Bassin. De nombreux coureurs venus de tous les horizons et étrangers à la Guyenne sont là. Longau fils se plaît à donner de nombreux tuyaux. Tout d’abord que dans cette course il n’y a aucune place pour l’entente ou la combine. Il ne peut être question dit-il que de valeur individuelle, car c’est le meilleur qui gagne. Et d’ajouter que quatre catégories de coureurs s’affrontent sur ce parcours plat et roulant : les routiers, les sprinters, qui eux-mêmes se divisent en deux groupes distincts : les provinciaux et les étrangers. Le sprinter poursuit t-il, y participe parce que cet effort intense mais bref, convient à son tempérament et à ses habitudes. Le routier par contre, homme de train, sait fort bien que sa catégorie a fourni le plus grand nombre de vainqueurs. Mais pour gagner, il faut mettre en œuvre toutes les qualités du champion : train, sprint, démarrages, adresse, décision, courage et énergie. Beaucoup sont partis dans cette course, auréolés de titres et de victoires, sans pour autant s’adjuger l’épreuve. D’autres par contre, parfois inconnus se sont révélés après leur victoire, pour devenir de grands coureurs. C’est pour tout cela qu’il nous sera doux de voir, dans le petit matin, sur les bords de la nationale 650, le drapeau rouge du starter s’abaisser, lançant un imposant peloton vers la solution d’une énigme sportive passionnante, qui fait de Bordeaux-Arcachon, la course la plus belle, parce que la plus dure et la plus pure.
-
Fait extrêmement rare qu’une victoire soit doublée dans un Bordeaux-Arcachon. Déjà vainqueur en 1950, Jean Missègue réalise la passe de deux, et s’il n’a pas battu le record de Ferrage, il a amélioré de 21 secondes son temps initial. Son premier succès avait été accueilli avec une certaine tiédeur par les milieux cyclistes régionaux, mais sa victoire d’aujourd’hui souligne son obstination à faire taire ses détracteurs et à démontrer son potentiel. Sa victoire fut nette, même s’il n’a battu Cruzin que d’un quart de roue, au terme d’une longue et incroyable échappée lancée dès le départ.

- Le vent venant de l’océan butait de face sur les coureurs et pourtant dès le troisième kilomètre à Gazinet, huit coureurs prennent le large : Missègue, Cruzin, Alvarez, Raynaud, Baringou, Chazaud, Pierre Rinco et Labarrière. En peu de temps le peloton de 75 coureurs fut distancé de 800 mètres et pour nous suiveurs, rien n’a été facile pour dépasser le paquet et atteindre les fugitifs. Missègue a été très ardent pour conduire la course. Tout comme Pierre Chazaud, ex-recordman de l’épreuve, parfois supérieur à Missègue et loin de rechigner à prendre les relais. Missègue a démontré son incontestable autorité lors du sprint sur le boulevard Deganne où ils n’étaient plus que cinq sur les huit à lutter de front (Missègue, Cruzin, Alvarez, Rainaud et Baringou). Fin de course splendide, le résultat resta indécis jusque sur la ligne, où le ressort du pistard se joua "in-extrémis" sur le pur routier. Belle course de Cruzin et de Chazaud, mais on se demande pourquoi et comment certains hommes avertis du peloton ont pu se faire piéger et manœuvrer de la sorte. Certains ont avancé l’argument du vent, mais celui-ci desservait les fugitifs comme les chasseurs. Or de chasseurs, nous n’en vîmes pas l’ombre d’un seul… Même pas Bougon, Viana, Bacquey, Bannes et Rigon, pourtant coureurs avertis, auxquels des circonstances ne peuvent être accordées à l’exception de André Nacq qui perça.
Le classement : 1. Jean Missègue (SA. Bordelais) les 50 kms en 1h08’58s sur cycle Verdeun, 2. Cruzin (CC. Caudéran) à un quart de roue, 3. Alvarez (Girondins de Bordeaux), 4. Rainaud (SAB), 5. Baringou (SAB), 6. Chazaud (SAB), 7. Labarrière, 8. Pierre Rinco (tous m.tps), 9. Bannes en 1h2’01s, 10. Rigon, 11. Bougon, 12. Viana, 13. Abadia, 14. Bacquey, 15. Delpon, 16. Sourié, 17. Fréchaud, 18. René Nacq, 19. le peloton de 50 coureurs dans le même temps…
Les vétérans : 1. Redoulez les 50 kms en 1h19’ sur cycle Terrot, 2. Lacambra, 3. Da Ros, 4. Bergerioux, 5. Lapébie, 6. Castets, 7. Dacharry, 8. Delor, 9. Nalin…

1953 : LOUIS RIGON DE PEU DEVANT VINCENT SOSA

rIGON

Louis Rigon vainqueur en 1953 de Bordeaux-Arcachon

- Louis Rigon, cultivateur à Saint-Pardoux près de Miramont de Guyenne confirme ses deux derniers succès et les dix-sept obtenus l’an passé en remportant cette édition. Le boulet de canon du Lot-et-Garonne a battu un homme plus pur sprinter peut-être, Sosa, qui toucha pourtant aux honneurs ces jours-ci en triomphant à Bayonne.
- Pas de vent, pas de record, mais un 43,300 km/h de moyenne qui amena six hommes à la banderole. Dès le départ Jean Labarrière avait résolument attaqué, rejoint par le rusé Cruzin et le séduisant Arcachonnais Sabathier. Passé Marcheprime, la ronde des pédales s’accélérait et une vingtaine de coureurs se détachaient de quelques 200 mètres, pour être repris avant Facture. Neuf coureurs s’évadaient définitivement avec Rigon, Sosa, Sabathier, Alvarez, Daspas, Abadia, Rodriguez, Marcel Cosse et Govaert, soit une belle brochette de champions. Sentant le danger, Domagé, Labarrière, Beauvieux, Nacq et Redoulez réagissaient mais la course était jouée. L’échappée ira au bout, perdant Rodriguez épuisé, puis Marcel Cosse subissant une crevaison et Govaert victime d’un saut de chaîne. Alors que six hommes se disputaient la victoire, c’est un peloton compact qui se présentera avec un sprint enlevé par le Montois Domagé. Rush splendide issu d’un duel magnifique, poursuivi sur le boulevard Deganne entre Rigon ramassé sur sa machine et Sosa droit comme un "I" sur la sienne, tel Virol autrefois… Belle arrivée de Sabathier coureur de grande classe qui aura un jour son mot à dire, mais il manquait à cette explication finale un homme, le Montois Bernard Domagé.
Le classement : 1. Louis Rigon (VC Miramont de Guyenne) les 49,250 kms en 1h07’55s sur cycle Tendil, agent Lourtes à Miramont, 2. Vincent Sosa (VC Lion), 3. Sabathier (UC Arcachon), 4. Alvarez (Girondins), 5. A. Daspas (CA. Municipal), 6. Abadia (CA Municipal), 7. Bernard Domagé (Stade Montois), 8.Redoulez (CA Municipal), 9. Alain Maire CCA), 10. René Polad (VC Lion), 11. le peloton des ex-aequo...
Les Vétérans : 1. Pruney en 1h18’ sur cycle Pruney, 2. Raymond Lapébie, 3. Ginestou, 4. Delort, 5. Dachary, 6. Mothes, 7. Nalin, 8. M. Redoulez, 9. ex-aequo Lacambras, Mossié, Pauquet, Marpoué, Vallade, Demons, etc…

RÉTRO VÉLO DORDOGNE - L’Histoire de la Classique BORDEAUX-ARCACHON (10)
© BERNARD PECCABIN
(à la mémoire d’Hubert Longau, de Gaston Bougon et de tous les crabes de l’UC Arcachon)
Prochaine partie : la course en 1954 et 1955

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26 mai 2020

1950-51 BORDEAUX-ARCACHON - 9° partie

 LA CLASSIQUE BORDEAUX-ARCACHON
la plus ancienne, la plus courte et la plus rapide du Sud Ouest
Retour sur l’histoire de cette épreuve

- Relire la publication précédente (cliquez sur ce lien)

LA   COURSE EN 1950 ET 1951

1950 : JEAN MISSEGUE INATTENDU VAINQUEUR

1950

- Nous en sommes à la 54° édition déjà et la presse comme de coutume ne manque pas de dresser un magnifique portrait de cette classique. Tout se passe comme d’habitude, avec ce détail amusant que l’on n’a pas encore narré, comme celui d’un camion mis à la disposition des coureurs par l’UC Arcachon, club organisateur. A cette époque, les sportifs n’étaient pas motorisés comme aujourd’hui ! Ceux-ci se devaient, dès qu’ils avaient revêtu cuissard et maillot, remettre leur valise d’effets aux commissaires chargés de les convoyer dans le camion, soit toute une organisation bien rôdée et spécifique aux épreuves en ligne. Lors de l’arrivée, les coureurs signaient une nouvelle fois la feuille au café des sports d’Arcachon, pour récupérer cette fois leur valise… En cette année 1950, outre la grille des prix proposée un vélo Lapébie récompensait le vainqueur.
- Grosse affluence en ce 15 août au café Larue avec 112 amateurs et 50 vétérans. Il y eut cette fois démarrages sur démarrages avec Michel Serres notamment. Mais à Gazinet, le peloton se mit à rouler à 30 km/h et du coup on pensait bien que le record ne serait pas battu pour cette édition du demi-siècle. Certains des lâchés en ont profité pour reprendre un peloton qui musardait… Après Pierroton, il y eut des à-coups. Certains jouaient du dérailleur et nombreux accompagnateurs condamnaient l’usage de cet outil dans une course pareille, sur un terrain plat et uni comme une piste…. Joie (VC. Lions), Néron (UC. Arcachon), Brousse (VC. Bastide), Glize (Facture) et Bary (SCA. Libourne) tentent de prendre les devants, mais Michel Serres en remet une couche avec le Caudéranais Pasquet et Dourthe du SAB. A Lamothe, Baringou (SA Bordeaux) et Dangoumeau déclenchent une offensive, alors que le peloton perd Dutein et Gallen sur crevaison. Missègue et Manciet se détachent, pour rejoindre Baringou et Dangoumeau le populaire mitron. Mais au passage de l’octroi d’Arcachon, Baringou tombe. Alors que Manciet se fait reprendre par le peloton, la banderole est en vue pour Missègue et Dangoumeau qui se fait lui distancer. Jean Missègue franchit la ligne avec 20 mètres d’avance sur Dangoumeau et 30 mètres sur un peloton amené par Agoust, le local bien connu et toujours détenteur du record de l’épreuve.
- Personne n’aurait misé au départ sur la victoire de Missègue (notre photo). Âgé à peine de 18 ans, puisque né le 19 décembre 1931, Missègue était surtout un des familiers de la piste de Bordeaux. Son coup de pédale était classique et si ce novice de la route a battu ce jour une foule de favoris, c’est tout en son honneur.
Le classement : 1. Jean Missègue (SA Bordelais) les 50 kms en 1h 09’ 19s sur cycle Verdeun, 2. Dangoumeau à 20 mètres, 3. Agoust, 4. Soubies, 5. Polard, 6. Lafargue, 7. Garnung, 8. un groupe de 40 coureurs dans le même temps.
Les Vétérans : 1. Marcel Redoulez (CAM. Bx) les 50 kms en 1h16’25s sur cycle Terrot, 2. Bergerioux sur Magnat-Debon, 3. Raymond Lapébie, 4. Hidondo, 5. Dumoulin (Bon-Encontre), 6. Chambon, 7. Castet, 8. Salles, 9. Etcheto, 10. Ramadour. 

1951 : LE LIONCEAU GÉRARD FERRAGE ATOMISE LE RECORD DE L’ÉPREUVE

 - Nous en sommes à la 55° édition et il faut voir la prédilection que les coureurs et le public éprouvent à l’approche du 15 août, date de cette classique pour laquelle il y a tant d’intérêts et de satisfactions à s’aligner… pour tenter de la gagner. Plus de 150 coureurs au départ avec parmi eux Bougon, Ventre, Laffargue, Polar, Daspas, Mansencal, Pradié, Boivin, Ladevèze, Chastenet, Testut, Micas, Batbedat, Bertaud, Garnung, Séverin, Bareyt, Ferrage, Faugas, Jean et Pierre Rinco, Labarrière, Rodriguez, Missègue, Rainaud, Baringou, Viand, Gadras, Fizaine, Bacquey, Pierre Fréchaut, Rodes, Naturel, Andraud, Claverie, Brousse, Toure, Dangoumeau, André Nacq et Danièlo Pin…, soit des hommes qui obsèdent la majorité des pronostiqueurs, avec toute cette cohorte de routiers et de sprinters plus ou moins titrés.
- On évoque au départ les longues lignes droites de cette route d’Arcachon, où les fugitifs restent en ligne de mire, à la vue des poursuivants, ce qui constitue une contrariété majeure pour les échappées. Donc pour remporter l’épreuve, un seul moyen ou une stratégie, celle d’attaquer à Lamothe par exemple, de prendre de la distance dans les virages du Teich histoire de disparaître aux yeux de la meute dans les sinuosités de la fin du parcours. Si cette tactique est employée, on pense résolument que le record peut tomber...
- Comme avant toute épreuve, les rituelles recommandations des organisateurs sont rappelées. Nous notons à ce titre le virage en épingle à cheveux de La Teste, le passage à niveau de cette ville et le virage du bar du stade en bas du boulevard Deganne. Et ce jour là s’ajoute la traversée de Meyran en travaux et pour laquelle une seule voie est laissée au virage de La Hume. S’y ajoutent les sempiternelles demandes auprès des véhicules nombreux en ce 15 août pour goûter aux plaisirs de la plage.
- C’est à 10h10 que le départ est donné et il faut dire qu’en ce jeudi de la mi-août, la doyenne des classiques s’est enrichie d’un exploit sensationnel. Gérard Ferrage du Vélo-Club Lion, pur Bordelais, a accompli en effet une performance extraordinaire en couvrant les 49 kilomètres en 1h04’19s 1/5, soit à la moyenne de 45,710 km/h.
- Aussi effarants que ces chiffres puissent paraître, même aux yeux des plus avertis, il faut associer à la performance du vainqueur les quatre autres coureurs de tête qui ont accompagné Ferrage, c'est-à-dire Pierre Rinco des Lions, Jean Rinco des Girondins, Georges Baringou du SAB et Serge Vignaud du Cyclo-Club Bordelais. Emile Baudouin familier de cet itinéraire et qui tient le chronomètre s’en est persuadé lui-même, alors qu’il avait jusqu’ici et depuis la performance de Pierre Chazaud une certaine réticence à l’accepter, à mesurer de nouveau le parcours. De la borne 9,2 km à l’Alouette jusqu’à la ligne d’arrivée boulevard Deganne, il a compté exactement et en le faisant au bas mot dix fois depuis l’affaire Chazaud, exactement 49 kms. Il est vrai que le vent fut favorable mais faible, ce qui n’empêche pas d’attribuer le nouveau ruban jaune à ce formidable Ferrage.
- N’oublions pas d’ajouter que l’échappée déclenchée par les frères Rinco a réussi dès le départ. Et c’est pour cette raison que cette magistrale attaque à laquelle vinrent se joindre Baringou d’abord, Vigneau ensuite et enfin Ferrage en un éclair a atteint un tel degré en termes de performance, c'est tout simplement parce que l’affaire a été pliée dès le premier kilomètre. Si le peloton était revenu, l’allure aurait automatiquement décru. Mais en ce jour du 15 août 1951, le peloton n’a pas bronché, même si Bacquey, Sosa, Rodriguez, Viana, Missègue avant Facture, ont tenté un retour sur les fugitifs. Ce n’était pas assez appuyé d’autant plus que devant, il y avait deux rouleurs remarquables en la personne des frères Rinco, véritables laboureurs de la pédale. Au bas de l’arrivée Baringou craqua sur une contre attaque des frères Rinco. D’un bond, Ferrage sauta dans la roue de Pierre, l’aîné. Celui-ci pensait décoller son rival, mais c’est tout en souplesse que Ferrage le passa, abaissant du même coup le record. Agé de 24 ans, timide et peu osé, Gérard Ferrage s’est sans doute révélé à lui-même, car l’histoire de son record restera longtemps gravé sur les tablettes de la doyenne des classiques régionales.

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Le lionceau Gérard Ferrage vainqueur et nouveau ruban bleu

- Le classement : 1. Gérard Ferrage (VC Lion) les 49 kms en 1h04’19s 1/5 (moyenne 45,710 km/h) sur cycle Peugeot agent David, 42 cours Pasteur à Bordeaux, 2. Pierre Rinco (VC Lion), 3. Jean Rinco (Cycles Girondins), 4. Georges Baringou (SAB), 5. Serge Vignaud (CC Bordelais), 6. Sosa premier du peloton en 1h05’ 2/5, 7. Bannes (SAB), 8. Missègue (SAB), 9. Laffargue, 10. René Nacq (CAM Bordeaux) et 70 coureurs ex-æquo dans le même temps que Sosa.
-
Les Vétérans : 1. Fortunato Da Ros les 50 kms en 1h14’25s, 2. Bergerioux à une longueur, 3. Hidondo à trois longueurs, 4. Lapébie, 5. Castet et Ginestous, 7. Dachary, 8. Coconni, 9. Valade, 10. Verdier, etc…

SUITE DU PALMARES DE L’EPREUVE : 1986 - Pascal Courtade (Mérignac VC) et Eric Dupouy (Guidon Saint-Martinois) ex-aequo 3. Hervé Lavignac (CC Périgueux), 1987 - Patrice Monti (AS Facture) les 51 kms en 1h06’25s, Dominique Péré (Guidon Agenais), Bernard Lavidalie (AS Facture), 1988 - Philippe Decima (VC Mérignac) les 50 kms en 1h07’18s, Dominique Péré (Guidon Agenais), Moreau (VC Mérignac), 1989 - Philippe Barreyre (UC Gujan Mestras) les 50,3 kms en 1h05’52s, Cyril Delias (VC Langon), Laurent Puginier (US Villenave), 1990 - Régis Mercadieu (CC La Hume) les 50,7 kms en 1h07’05s, Philippe Galy (VS Cadurcien), Pérez (UC Gradignan), 1991 - Jean-Yves Elissalde (Creps Talence) les 50,7 kms en 1h06’17s, Pellet (UC Gujan Mestras), Aubert (Creps Talence), 1992 - Stéphane Lavignac (ASPTT Périgueux) les 50,7 kms en 1h10’23s, Anthony Langella (CC Marmande), Thierry Manet (Mérignac VC), 1993 - Frédéric Villeneuve (UC Gujan Mestras) les 50,7 kms en 1h07’28s, Loïc Tessier (CAM Bordeaux), Pérez (Roue Cadaujac), 1994 - Stéphane Lavignac (ASPTT Périgueux), Jean-Claude Darragnès (Guidon Saint-Martinois), 1995 - épreuve non inscrite au calendrier FFC, 1996 - Jérôme Dasque (Mérignac VC), Dupin (UC Gujan Mestras), Jean-Claude Daragnès (Guidon Saint-Martinois), 1997 - Hervé Duclos-Lassalle (VC Oloron HB), Pascal Simon (US Talence), Cola (AS Libourne) (à suivre)

RÉTRO VÉLO DORDOGNE - L’Histoire de la Classique BORDEAUX-ARCACHON (9)
© BERNARD PECCABIN
(à la mémoire d’Hubert Longau, de Gaston Bougon et de tous les crabes de l’UC Arcachon)
Prochaine partie : la course en 1952 et 1953

23 mai 2020

1948-49 BORDEAUX-ARCACHON - 8° partie

LA CLASSIQUE BORDEAUX-ARCACHON
la plus ancienne, la plus courte et la plus rapide du Sud Ouest
Retour sur l’histoire de cette épreuve

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LA COURSE EN 1948 ET 1949

1948  SERGE AGOUST L’ENFANT DU PAYS AMELIORE LE RECORD

 - Trois épreuves avec trois arrivées, dont une pour les indépendants-amateurs, une pour les vétérans et une pour les dames. On rappelle sur la presse quelques noms de vainqueurs de la doyenne, mais étant donné que cette course a été organisée maintes fois et par plusieurs clubs, on finit par y perdre son latin…
- Cette édition fut une consécration, unique en son genre, disputée par des hommes qui ayant gardé la foi, ne se soucient pas des prix attribués, mais bel et bien de remporter l’épreuve ou à défaut de faire une place. Témoin, cette réflexion émise à sa descente de machine par un jeune routier classé ex-æquo dans l’imposant peloton et qui prétendait, étant donné qu’il y avait de bons et de mauvais ex-æquo, les commissaires se devaient, à l’occasion seulement de Bordeaux-Arcachon disait-il, d’établir une discrimination entre les uns et les autres par un classement spécial approprié ! Inutile de dire que cette remarque fit sourire le jury, et qu’elle nous procura bien de la joie, car son auteur nous démontrait ainsi le prix qu’il attachait à sa performance.
- Les 20 premiers kilomètres furent effectués en 40 minutes puis le parcours total soit 50 kilomètres en une heure sept minutes et vingt trois secondes, c'est-à-dire à la moyenne de 44,520 km/h, soit sept secondes de mieux que l’an passé. Tout ceci par les quarante trois hommes du peloton de tête classés dans le même temps.
- A Marcheprime, attaque de Garbay, de Covre et de Manfé. A Facture ces trois coureurs sont rejoints. Verdeun, Labarrière et encore Garbay déclenchent une nouvelle offensive. Covre, Manfé, Joie, Labeylie, Brizon et Golmot reviennent sur les fugitifs. Après Facture la course s’accélère dans les sinuosités des routes du Bassin. Le peloton fait bloc et ce sont quarante trois coureurs qui se disputent le sprint enlevé par Serge Agoust, un Arcachonnais licencié au SA Bordelais.
Le mystère Deganne : on sait que le sol de la côte de l’avenue Deganne est parfait d’un côté, légèrement défectueux de l’autre. De sa base, l’on n’aperçoit pas l’arrivée, mais seulement un léger renflement du sol, sorte de tout petit dos d’âne, qui lorsqu’il est franchi, vous conduit en pente extrêmement légère, à 300 mètres de là sur le but.
- C’est à ce moment que le coureur aperçoit le sommet de la banderole qui flotte au vent du large, et c’est encore à cet instant qu’il faut attaquer. Serge Agoust, Arcachonnais qui connaît le terrain comme sa poche, savait que c’était à ce moment précis qu’il fallait faire l’effort, soit à 400 mètres du poteau qu’il franchit après avoir toujours mené avec trois longueurs d’avance sur ses adversaires.

- Bel exploit d’un garçon âgé à peine de 19 ans. Deuxième l’an passé, on avait dit alors que ce coureur ne gagnerait jamais Bordeaux-Arcachon. Comme quoi la critique est souvent plus productive de résultats que les rituelles louanges.
- Chez les vétérans belle victoire de Jacques Dachary pur produit du vieux Bordeaux Vélo-Club. Il a triomphé d’un peloton de 30 unités, en précédant Victor Descoubès, l’ex-caïd de M. Longau, héros d’un Toulouse-Barcelone il y a 20 ans et qui nous confia que ce Bordeaux-Arcachon constituait le final de sa carrière de routier.
Le classement : 1. Serge Agoust (SAB Arcachon) les 50 kms en 1h 07’23s (moyenne 44,520 km/h) record battu - sur cycle Verdeun, 2. Maurice Glomot (Saint-Jean d’Angély), 3. Bruno Covre (CC Marmandais), 4. Christian Garbay (SAB), 5. René Lacave (CCL), 6. Francis Brizon (VCL), 7. André Labeylie (A. Bayonnais), 8. René Dumont (CG), 9. Robert Joie (CCL), 10. ex-aequo Deyrich, Labadie, René Nacq, Verdeun, Sanguinet, Callen, Thillard, Dumartin, Rougé, Borde, Videau, Crouzil, Bannes, Robles, Cabanne, Fenouillas, Chaumard André, Manfé, Rainaud, Bertrand, Cazeaux, Saez, Estève, Sainforin, Housset, Castagné, Seube, Garnung, Glize, Filleau, Daraillais, Faure, Vieillefond, 44. Duvert, puis dans l’ordre : Fouquet, Poitreau, Bardin, Darrigade, Latour, Ferréra, Mano, Saint-Marc, Gautuikoff, Perissinoto, Robert, Pégaule, Roumillac, Decaudin, Betbédat, Cailleau, Cantou, Brousse etc...

1949

André Micas vainqueur en 1949, félicité par M. de Garcia maire d’Arcachon.

1949 - ANDRÉ MICAS GAGNE LE SPRINT AVEC UNE ROUE CREVÉE

 - Henri Lafargue vainqueur en 1896 donne le départ de cette nouvelle édition. Ferrage a longtemps mené (élément vu de la traction avant appartenant à M. Longau et conduite par Roger Lapébie.) Thillard de Gujan s’échappe. A Armentières, il a 200 mètres d’avance. Mais il fut rejoint par Betbeder d’Oloron, puis par le peloton. Par suite de l’arrivée d’un train non prévu, le passage à niveau du Teich est fermé. Les coureurs le franchirent à leur façon et seules les voitures suiveuses restaient bloquées. Cet incident fut défavorable pour battre le record, d’autant plus que le rythme fut rompu et que le peloton se trouva fractionné en trois paquets.
- Sur le boulevard Deganne il y avait un monde fou, si bien que le maire, M. de Gracia, confia à l’organisation sa volonté de monter des tribunes dans le futur. A 300 mètres du but, ils étaient une douzaine de front à se présenter, sans parler de ceux qui cherchaient à déborder par les côtés. C’est alors qu’André Micas le Médocain se dégagea pour remporter cette édition. Dernier à l’appel à l’Alouette, le Champion de Guyenne de cyclo-cross fut le premier sur la ligne. Victoire tellement significative et méritée, car c’est avec une roue avant voilée et un boyau à plat que notre vainqueur accomplit les 100 derniers mètres du sprint. Fait incroyable, constaté et vérifié à sa descente de machine dont la roue avant touchait le hauban de la fourche. Signalons la déception d’Agoust, vainqueur l’an passé mais heureux de conserver le record.
- Chez les vétérans victoire de Léon Salles de Tours qui bat Ginestou et Etcheto, alors que Roger Pariolleau de Rochefort règle le sprint du peloton sur ce boulevard Deganne là où il avait gagné en 1928 et en 1929 le Bordeaux-Arcachon international. Notons toutefois la chute de Dachary sur le fameux virage à épingle à cheveux de La Teste, qu’il aborda trop rapidement. Une fois de plus, cette édition reste bien ce qu’elle fut toujours, autrement dit la course des lévriers de la route.
Classement : 1. André Micas (ASPTT Bordeaux) les 49,250 kms en 1h28’29s (moyenne 43,150 km/h) sur cycle Libération, constructeur Piquemal à Castelnau de Médoc, 2. Ragagnin (Marmande) à 4 longueurs, 3. Serge Agoust (SAB Arcachon) à demi longueur, 4. Flament (US Monfermeil-Paris), 5. Laffargue (Marmande), 6. Brizon (SAB), 7. ex aequo 30 coureurs dans le même temps.

RÉTRO VÉLO DORDOGNE - L’Histoire de la Classique BORDEAUX-ARCACHON (8)
© BERNARD PECCABIN
(à la mémoire d’Hubert Longau, de Gaston Bougon et de tous les crabes de l’UC Arcachon)
Prochaine partie : la course en 1950 et 1951

19 mai 2020

1938 BORDEAUX-ARCACHON (Histoire d’une classique) - 6° partie

LA CLASSIQUE BORDEAUX-ARCACHON
la plus ancienne, la plus courte et la plus rapide du Sud Ouest
Retour sur l’histoire de cette épreuve

- Relire la publication précédente (cliquez sur ce lien).
- Attention Bordeaux-Arcachon et son histoire comportera dix-neuf publications. Pour revenir à la première publication, cliquez ici.

NORBERT BOUGON, CONSACRÉ POUR L’ÉTERNITÉ

SA VICTOIRE EN 1938 ÉCRITE DE SA PLUME

Bougon

- Et nous en arrivons aux alentours de ce mémorable 15 août 1938 et à l’ambiance qui régnait dans notre clan Arcachonnais,à la veille de l’empoignade à laquelle nous allions nous livrer contre les "Pistards" de la région" ! La veillée d’armes se passait ainsi qu’à l’habitude dans l’atelier de notre ami et conseiller Gabriel Hargues. Et les projets allaient bon train… Tous ceux de l’Union Cycliste Arcachonnaise étaient là, non seulement nous, Lafon, Dutein et moi, mais aussi les Mouliets, Daraillan, Muller, Herran, Chambeurland, qui venaient faire effectuer une ultime réparation à leur vélo ou tout simplement leur donner un coup de chiffon. Et en même temps, chacun donnait son opinion sur un éventuel déroulement de la course du lendemain avec une hypothétique et personnelle intervention active. Il était beaucoup question de tactique, du choix de vélo à employer : piste ou route…, du braquet à utiliser et même du poids des boyaux.
- En réalité nous pensions tous que seule la fougue de notre jeunesse aurait le droit de dicter le comportement qui serait le nôtre, et c’était bien ainsi car nous voulions disposer chacun de notre chance personnelle et surtout de n’avoir pas à la partager avec quiconque… C’était pour nous, jeunes coureurs de 3°et 4° catégories, l’époque de la pureté et notre esprit était loin des compromissions et des combines de toutes sortes… Nous courions pour notre seule et propre gloire et si chacun de nous pensait "Que le meilleur gagne", c’était en espérant que ce "meilleur", ce serait soi-même. Dans le groupe nous étions trois qui voulions courir avec notre bicyclette de piste, Lafon, Dutein et moi, et nous avions après mures réflexions, décidé d’utiliser le même braquet de 23 x 8 ou 46 x 16, qui développait 6,14 mètres… Ouvrons une parenthèse : c’était avec ce même développement que j’avais gagné, pour les fêtes de Pâques le Prix Reboul et le Bordeaux-Andernos. Je pensais donc que cela représentait pour moi une référence. Les autres n’étaient pas du même avis, prétendant que le dérailleur de leur vélo routier leur apporterait des possibilités que le "pignon fixe" leur refuserait.. En outre étant donné que la banderole serait placée comme d’habitude en face de l’asile Saint-Dominique et qu’il faudrait monter la petite côte devant l’école Saint-Elme, il s’avérait utile pour le sprint, d’avoir à sa disposition deux braquets différents, un pour la montée, un pour la descente. Et devant leurs arguments, en un éclair je me revis dans les difficultés où je m’étais trouvé au cours du mémorable Bordeaux-Montendre. Cependant je persistais malgré tout dans mes convictions et je préparai ma bicyclette de piste avec mon 23 x 8 et le ramenai à la maison. Je mis mon père au courant de la situation et à ce moment il eut une moue que je jugeais dubitative… Mais je n’y prêtai pas attention outre mesure… Par contre, le lendemain, au moment d’embarquer chez Longau tous les vélos, afin de les emporter sur les lieux du départ de la course, je m’aperçus que le mien comportait un développement tout autre que celui que j’avais installé la veille chez Hargues… Et je compris alors l’attitude de l’auteur de mes jours, qui, estimant que 6,14 m était un braquet trop petit, avait de sa propre initiative changé le plateau pendant le nuit et m’avait sans que j’aie pu m’en apercevoir, affublé d’un développement que je jugeais énorme de 25 x 8 ou 50 x 16, ou tenez-vous bien de 6,67 m.

Bougon père

- J’allais donc être dans l’obligation de pousser 43 cm de plus à chaque tour de manivelle… J’étais atterré car cela n’entrait pas du tout dans mes vues, mais comme il était trop tard pour changer quoi que ce fût à la situation, je fis contre mauvaise fortune, bon cœur, et au contraire, je décidais de faire une fois de plus confiance aux idées de mon père et de me convaincre que lui seul avait raison et même que son stratagème pouvait peut-être me rapporter la victoire. J’ai déjà dit que cette course était l’épreuve reine de la région et que pour les jeunes, le fait de la gagner équivalait à une consécration. C’était pourquoi chaque année, un nombre très important d’engagés se présentait au départ à l’Alouette Pessac devant les établissements Larue, un hôtel-restaurant dont l’existence remontait au siècle dernier et où traditionnellement la remise des dossards s’effectuait par les soins des officiels de l’UVF.
- Pendant longtemps, Bordeaux-Arcachon détint le ruban bleu de la vitesse avec 44 km/h de moyenne. Ce qui expliquait que si le coureur qui la disputait avait le moindre avatar, un saut de chaîne par exemple, il lui était impossible de revenir dans le peloton, tellement l’allure étai rapide… L’autre caractéristique était le danger des chutes qu’elle présentait, car courue essentiellement par les 3°, 4° catégories et débutants plus ou moins expérimentés, plutôt moins que plus d’ailleurs, les bûches étaient presque inévitables si on commettait l’imprudence de ne pas courir en tête du paquet. Et pourtant, il était bien difficile de se maintenir aux premières places à cause des attaques incessantes fusant de toutes parts. (Notre photo ci-contre avec Gaston Bougon père de Norbert et ancien vainqueur en vétéran).
- Faire la course en tête, ainsi que je l’ai dit souvent, c’était dur dans une épreuve normale, mais dans Bordeaux-Arcachon qui nous intéresse, ce fut atroce et lorsque les 80 coureurs débouchèrent d’un seul bloc à l’entrée du Boulevard Deganne, je m’étais tellement dépensé avant ce moment là que je me trouvais enfermé en vingtième position, alors que j’avais tout fait pour éviter de l’être… Et je n’étais pas tout seul dans cette situation, car alors que nous passions devant Saint-Elme, à 300 mètres de l’arrivée, j’entendis soudain la voix de Robert Lafon qui me criait "On ne va pas gagner aujourd’hui Boubiche !" Je jetais alors un regard furtif sur ma gauche et je vis l’auteur de ces paroles dans le même alignement que moi, avec devant vous, deux rangs de coureurs tous à l’ouvrage, le dos courbé, appuyant de toutes leurs forces sur les pédales, allant vers cette victoire que tout le monde convoitait et qui certainement allait m’échapper, mal placé comme je l’étais !... Et puis il y eut le miracle. Ce miracle sans lequel j’eusse terminé selon l’expression de notre jargon cycliste, avec les "et cetera", dans l’anonymat du peloton. On ne saura jamais quelle en fut la cause, mais tout à coup, sans aucune raison valable, l’ensemble des concurrents qui se trouvait juste devant moi se déporta sur la droite alors que ceux de gauche poursuivaient leur ligne sans dévier le moins du monde. La "Voie Royale" se trouva soudain dégagée devant moi et je n’eus qu’à foncer, tournant mon énorme braquet avec une facilité inouïe et je dépassais ainsi ceux que quelques secondes auparavant, je vouais à tous les diables… La banderole était là et tout à côté de la ligne d’arrivée, j’eus le temps d’entrevoir une casquette bien connue coiffant un homme les bras levés criant tellement fort mon nom qui était aussi le sien : "Bougon !" que le son de sa voix domina très nettement le brouhaha produit par la foule Arcachonnaise et que je n’entendis qu’elle ou que je ne voulus n’entendre qu’elle, cette voix qui me communiquait avant tout le monde cette joie extraordinaire que mon père venait de manifester et que j’étais si heureux de partager avec lui… Alors je pensais tout à coup au développement changé par lui dans le courant de la nuit précédente, en grand secret et une réflexion me vint tout de suite à l’esprit : mon père avait raison et je lui dois au moins la moitié de ma victoire… Et quand revenu sur la ligne pour l’embrasser avec un bouquet dans la main pour exécuter le tour d’honneur, je lui dis: "C’est grâce à toi Papa que j’ai gagné ! Merci !" Je me rendis compte qu’il avait les larmes aux yeux… Je compris alors que je venais de lui apporter vraiment une grande joie, une joie qu’il espérait depuis longtemps, une joie qui effaçait la déconvenue qu’il avait ressentie un mois plus tôt lors de l’arrivée de Bordeaux-Arès-Arcachon (Prix de la Suze) et où sur ce même boulevard Deganne, je n’avais terminé que troisième. Il exultait : "Bordeaux-Arcachon" est devenu plus que jamais la course des Bougon. En voilà la preuve aujourd’hui ! disait-il à qui il voulait l’entendre. "Je l’ai gagnée en son temps, mon frère André l’a gagnée lui aussi avant la guerre et mon fils à son tour vient de la gagner..."

Uca 38

L’Union Cycliste Arcachonnaise en 1938 avec de gauche à droite : Robert Lafon, René Prévot,
Elie Daraillan, Gabriel Hargues, Jean Andrevie, Robert Dutein,
Norbert Bougon. vainqueur de Bordeaux-Arcachon en 1938.

- Pour ma part, j’échangeais de nombreuses poignées de mains avec les amis de toujours et ceux que je découvrais à la minute présente… Et on en comptait beaucoup… Ce qui augmentait mon bonheur… Je me berçais peut-être d’illusions, mais j’avais l’agréable impression que tous les sportifs Arcachonnais étaient satisfaits du résultat que je venais d’obtenir, car le dernier sociétaire de l’UCA a avoir franchi la ligne en vainqueur, se trouvait être un certain René Lauga en 1925, treize ans plus tôt ! Le Président Longau me fit part de sa satisfaction, car non seulement j’avais gagné, mais le second n’était autre qu’André Herran, l’Arcachonnais dont je vous ai parlé si souvent… Quant à mon ami Robert Lafon, qui avait fini au cœur du peloton, à la place où je l’avais laissé 300 mètres avant l’arrivée, lorsqu’on lui dit quand il mit pied à terre : "Norbert Bougon a gagné", il resta bouche bée avant d’articuler : "Ce n’est pas possible, car il se trouvait enfermé dans le paquet avec moi à la hauteur de Saint-Elme". Et il ajouta : "Quel sacré sprint il aura du faire pour dépasser tout ce monde sur cette courte distance". Venant de lui, j’acceptais ces paroles comme un hommage et cela me fit très plaisir. Un fait qui me combla d’aise, ce fut quand je lus le compte-rendu de la course dans le même journal qui relatait au lendemain du 14 juillet le Prix de la Suze et qui critiquait durement mon sprint de troisième arrivant… Un article des plus élogieux concernant l’emballage de Bordeaux-Arcachon que je venais de remporter. Fort de la leçon apprise, le journaliste Charles Bidon me décernait toutes les qualités possibles et imaginables et selon l’expression consacrée me vouait à un grand avenir...
- Vous allez penser que je me gargarise de cette victoire, en accumulant les faits s’y rapportant. Je vous répondrais que vous avez entièrement raison cependant, je n’en ai pas honte le moins du monde. Au contraire, j’en tire une fierté que les années n’ont pas encore ternies. Je veux parler des années qui suivirent et qui m’ont pourtant apporté de notoires satisfactions dans le domaine du sport cycliste, puisque tout au long de ma carrière, je réussis à franchir en vainqueur plus de 300 fois la ligne d’arrivée. Non ! Jamais je ne fus plus content, jamais je ne me sentis aussi comblé que ce merveilleux 15 août 1938 où j’eus le bonheur de gagner le fameux Bordeaux-Arcachon. Imaginez que je venais de faire premier dans la course la plus convoitée de mon existence, celle dont j’avais entendu parler à la maison depuis mon plus jeune âge, celle qui depuis le moment où je réussissais à me tenir en équilibre sur un vélo, je rêvais de passer la ligne en triomphateur, comme mon père et mon oncle l’avaient fait à des époques différentes. Si mon ambition n’eût été aussi forte… et c’était très bien ainsi, car je voulais monter le plus haut possible, cette victoire aurait pu devenir un aboutissement et j’aurais pu m’en tenir à ce résultat tant souhaité pour raccrocher la bicyclette, avec le sentiment du devoir accompli...
- Quand tout petit j’écoutais avec ravissement mon père raconter les péripéties des nombreuses courses auxquelles il avait participé, je constatais que le Bordeaux-Arcachon revenait très souvent sur le tapis et je me souvenais également et très nettement, puisque j’en fais état au début de ce récit, de son dernier Bordeaux-Arcachon et de sa déception de n’avoir terminé qu’à la deuxième place alors qu’il aurait tant voulu gagner. J’avais eu beaucoup de peine pour lui et je m’étais promis ce jour-là de venger sa défaite. Je l’avais vu déçu et malheureux, et pour le consoler, je n’avais rien à lui dire, même pas de lui faire part de la pensée secrète qui avait soudain germé en mon esprit et par laquelle je me promettais qu’un jour, bien plus tard, quand je serais grand, cette course, je la gagnerais pour lui faire honneur ! En réalité cette épreuve n’était qu’une petite course de province, mais à mes yeux d’enfant, elle était l’équivalent d’un Paris-Roubaix ou même d’un Bordeaux-Paris, car je ne possédais pas encore la notion des valeurs, à neuf ou dix ans… Ce fut ainsi vers cet âge là, qu’un certain jour où ma mère m’ayant emmené à Bordeaux en autocar pour faire des emplettes et que je contemplais la route, alors que nous étions sur le chemin du retour et la voyant défiler sous nos yeux, je m’imaginais qu’un jour, en tenue de coureur cycliste, je la prendrais cette route et que j’arriverais en vainqueur à Arcachon sous les ovations du public.

ecusson

- Je crois qu’il n’existe rien de mieux que de réaliser un vieux rêve bercé par des années et des années d’attente et d’espoir… Soudain l’on n’a plus rien à désirer et le bonheur c’est de pouvoir pleinement se rendre compte que ce que l’on souhaitait avec tant de ferveur vient enfin de se produire. Quelqu’un venu pour me féliciter eut en somme le dernier mot dans cette histoire : ce fut Maurice Froustey qui, ainsi que j’ai eu si souvent l’occasion de le dire ne me ménagea jamais ni ses conseils, ni ses encouragements. "Savoure bien ton triomphe" me dit-il, car ni l’année prochaine, ni les autres années qui vont suivre tu ne pourras plus être premier de cette course, car sachant que par tradition, elle sera toujours réservée aux 3° et 4° catégories, elle te sera désormais interdite, étant donné qu’à partir de lundi, tu seras muté en 2° catégorie. Tout cela s’avéra exact et dans la semaine qui suivit je reçus de l’Union Vélocipédique Française, la notification de ma montée en catégorie supérieure. Cela impliquait que désormais, les seules courses auxquelles je pourrais avoir accès, seraient très difficiles… En somme j’allais sauter le pas et passer dans la cour des grands.

Norbert Bougon (extraits de son livre Histoire d’un coureur cycliste d’avant guerre)
RÉTRO VÉLO DORDOGNE - L’Histoire de la Classique BORDEAUX-ARCACHON (6)
© BERNARD PECCABIN
 (à la mémoire d’Hubert Longau, de Gaston Bougon et de tous les crabes de l’UC Arcachon)
Prochaine partie : la course en 1946 et 1947

15 mai 2020

BORDEAUX-ARCACHON (Histoire d’une classique) - 5° partie

LA CLASSIQUE BORDEAUX-ARCACHON
la plus ancienne, la plus courte et la plus rapide du Sud Ouest
Retour sur l’histoire de cette épreuve

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- Attention Bordeaux-Arcachon et son histoire comportera dix-neuf publications. Pour revenir à la première publication, cliquez ici.

NORBERT BOUGON, DERNIER CRABE RESCAPÉ DE LA CLASSIQUE

- De cette grande et longue épopée, Norbert Bougon a été longtemps le dernier survivant apte à raconter le Bordeaux-Arcachon. (NDLR : puisque décédé en 2017). Né le 28 mars 1920, il a conservé malgré son grand âge tous les souvenirs. Ceux de sa famille appartenant au monde du vélo, comme les siens où il a triomphé en 1938 sur le boulevard Deganne, puis en 1965 dans la catégorie des vétérans. Pour Norbert Bougon le cyclisme c’est toute sa vie, toute sa passion, presque sa raison de vivre. Sur un de ses livres intitulé "Mes débuts - Histoire d’un coureur cycliste d’avant guerre" il raconte avec beaucoup de cœur et de précision tous ses souvenirs. Ceux de son père Gaston, qui a vu un certain jour de 1892 l’arrivée triomphante de Duanip dans les rues de la ville. La presse en avait fait un évènement mémorable. Un an après Bordeaux-Paris, cette classique régionale se devait de réussir, car si Arcachon était une ville bourgeoise, elle aspirait à devenir une ville sportive de grande notoriété, d’où l’importance de cette épreuve qui en était à ses balbutiements. Gaston Bougon (le père) a d’ailleurs gagné lui aussi Bordeaux-Arcachon chez les vétérans en 1919, puis en 1920. Son oncle André a été une fine pédale avec la victoire dans l’épreuve reine en 1909. Il a laissé malheureusement sa vie lors du premier conflit mondial et c’est toute une génération de coureurs qui en ont supporté les conséquences. Norbert Bougon lui aussi est un enfant qui a été arrêté à la fleur de l’âge. Agé de 20 ans en 1940, il a perdu ainsi ses plus belles années dans l’atrocité et la barbarie d’un conflit. Et pourtant, il faut lire ses performances acquises de 1936 à 1939. Son histoire sportive, associative et même sociale est vraiment passionnante à parcourir. Elle constitue le rappel vivant de la vie des coureurs Arcachonnais, riche en souvenirs, en émotions et mêmes en leçons, pour tous ceux qui ont vécu cette période. La chronologie des évènements locaux ou locaux-régionaux au sein des évènements nationaux forme un ensemble harmonieux qui nous fait revivre les grandes heures du cyclisme du Bassin, ce cyclisme qui a tant fait vibrer de joie tous nos parents. Dans un authentique travail d’historien qui raconte son histoire, Norbert Bougon a recherché le détail, l’exactitude et la véracité de témoignages judicieusement harmonisés et synchronisés dans un style alerte et plaisant. On apprend que son grand-père Angel a été en 1910 Président du Club Cycliste Arcachonnais. On y découvre la puissante personnalité de Hubert Longau qui de la misère a accédé par son talent, son travail, sa personnalité à tous les étages de la grande société. On évoque surtout les exploits de la célèbre triplette Arcachonnaise composée de Norbert Bougon, Robert Dutein et de Robert Lafon. Sont écrits l’histoire de l’UCA, la construction de la piste, les courses au vélodrome, le passage du Tour de France, la place des professionnels dans le club, soit les plus belles pages du cyclisme de cette période de l’entre deux guerres. Norbert Bougon rencontre même et se voit remettre en 1937 une médaille par Maurice Martin, le célèbre personnage et poète qui a donné le nom de Côte d’Argent au littoral de sa région et qui a tant œuvré au sein de l’UVF. Mais pour mieux cerner les qualités de Norbert Bougon, de cet homme qui avait le virus du vélo collé dans sa peau, j’ai volontairement repris pour le prochain épisode, l’intégralité de sa course, celle du Bordeaux-Arcachon de 1938 qu’il a remporté. Elle seule nous donne l’impact, la puissance et la notoriété que pouvait avoir cette épreuve pour les puristes du cyclisme, pour ceux qui ne trichent pas, car pour gagner sur le Boulevard Deganne, on ne peut pas tricher… Il est vrai que Norbert Bougon a vécu de bons moments dans sa jeunesse, dans l’insouciance et sous la protection de sa famille totalement dévouée pour le cyclisme. Gamin, il affectionnait s’asseoir seul au milieu de la pelouse du vélodrome qui recouvrait l’intérieur de l’anneau rose de la piste. Il aimait s’isoler pour jouir du spectacle de la nature environnante, voir les grands pins qui balançaient leur cime dans le ciel, ces arbres sauvés par l’architecte qui avait construit ce vélodrome (de la Côte d’Argent) et dont le vert contrastait avec la couleur de l’herbe tendre. "Boubiche" pour les intimes, se souvient aussi de l’odeur des mimosas plantés dans les jardins des villas avoisinantes, ces mimosas qui au rythme des saisons allaient être ensuite remplacés par les genêts en fleurs… On le voit, il aimait plus que tout ce vélodrome, qui lui a permis de devenir un coureur, d’aimer cette nature, ce milieu, cette vie sportive, ce vélo dont il rêve toujours et qui est resté le maillon fort durant toute sa vie...

Bougon 2

Norbert Bougon un des derniers crabes de l'Union Cycliste

QUELQUES RAPPELS SOMMAIRES SUR L’ÉPREUVE

- Quelques détails que l’on peut rappeler avec départ à cette époque, sous les érables du restaurant Larue à l’Alouette-Pessac et arrivée sur l’avenue Deganne(5), face à l’asile hospitalier, lieux immuables de cette épreuve. En 1946, l’Union Cycliste Arcachonnaise présidée par Hubert Longau, ouvrit l’épreuve aux coureurs de toutes régions et de tous pays, aspirants et professionnels exclus. De la Libération et jusqu’en 1956, l’épreuve se déroulera le 15 août pour passer ensuite au 3° dimanche de septembre, tout cela à cause des problèmes liés à la circulation routière.
Le parcours : Pessac-Alouette - Gazinet - Toctoucau - Pierroton - Croix d’Hins - Marcheprime - Les Argentières - Facture - Le Teich - Gujan - La Hume - La Teste - Arcachon. Et s’il y a eu départ à Marcheprime à un certain moment, c’est Norbert Bougon lui-même qui a renoué les liens avec Pessac pour que l’épreuve continue à perdurer, à une période où il était devenu Président de l’UC Arcachon et ceci malgré une circulation auto devenue intense.
- Après ces quelques informations sommaires, j’ai donc le plaisir de vous faire vivre quelques points forts des éditions d’après guerre de cette classique, où les anciens découvriront j’espère, de nombreux souvenirs au travers des épisodes colorés et des coureurs classés.

ecusson

- L’épreuve se trouve de même mis en avant par un départ au profit des vétérans, une heure avant les seniors, soit un lot de partants au passé remarquable. La course franchissant trois passages à niveau, les horaires se devaient d’être respectés par tous. Mais tout cela s’arrêtera en 2004, date de la dernière édition, la route et sa circulation ayant dévoré le bonheur aux cyclistes, qui durent capituler face aux exigences des autorités publiques vis-à-vis de l’utilisation de la voie publique.
(5) Adalbert Alexandre Iphicles Deganne, chevalier de la Légion d'honneur, ingénieur des Ponts et Chaussées, ancien maire d'Arcachon, né à Vertus le 20 octobre 1817, décédé en Arcachon le 10 octobre 1886. Il avait coopéré en 1841 à la construction du chemin de fer de Versailles et de plusieurs autres, en particulier celui de Bordeaux à La-Teste-de-Buch dont il devint responsable de l'exploitation en 1845.
A cette époque, il se fixa à Arcachon après son mariage en 1844 avec la Testerine Marie-Anne dite Nelly Robert et participa à la naissance de cette station balnéaire. Il avait reçu en dot de sa femme des hectares de forêt sur la future commune d'Arcachon dont la revente en parcelles constructibles lui donna une immense fortune dont il usa généreusement en dotant sa ville d'un château, d'un théâtre, d'un gymnase, de divers autres établissements et d'avenues de 25 m de large, ces dons et investissements donnant de la plus-value aux terrains qu'il vendait. - Adalbert Deganne n'a pas oublié qu'il était né à Vertus (Marne). De son vivant il subvenait aux besoins des sociétés de secours mutuel, de musique, etc.… et les pauvres connaissaient cet homme charitable à qui on ne s'adressait jamais en vain. Par testament il laissa à la ville de Vertus les propriétés et les habitations qu'il détenait plus le cinquième du produit de la vente des terrains qu'il possédait à Arcachon et où étaient élevées de nombreuses et somptueuses villas. Ce legs était fait à la condition que la commune de Vertus consacra la somme nécessaire à la construction et à l'entretien d'un hôpital pour les vieillards qui porterait son nom. Il semble qu'elle ait refusé ce don …

SUITE DU PALMARÈS DE L’ÉPREUVE : 1961 - Serge Poletto (Girondins) les 50 kms en 1h05’30s, Estebanez (SA Bordelais), Debiard (SA Bordelais), 1962 - Yvon Roullin (Royan Océan Club) les 50 kms en 1h05’32s, André Dattas (Valence sur Baïse), Jean-Louis Chabanne (SCA. Libourne), 1963 - Alain Charles (CC Périgourdin) les 50 kms en 1h07’04s, Francis Campaner (Bordeaux VC), Bardy (Girondins de Bordeaux), 1964 - Yvon Roullin (Royan OC) les 50 kms en 1h08’38s, Michel Lannier (Royan OC), Claude N’Haux (Sauveterre), 1965 - Serge Lapébie (SAB) en 1h14’35s, Dupuch (SAB), Badia (Toulouse), 1966 - Alain Favarel (CA Castelsarrasin) en 1h03’20s (nouveau record), Lescarret (SAB), Rousselet, 1967 - Gérard Berthomet (CO La Couronne), Lamarque (US Testerine), Ruffat (UC. Orthez), 1968 - Francis Peyré (Sainte-Livrade) les 50 kms en 1h07’49s, Christian Dolhats (VC. Tarnos), Gérard Vigouroux (Sainte-Livrade), 1969 - Christian Dolhats (VC Tarnos), Francis Peyre (UCD Villeneuve), Pauillac, 1970 - Dominique Durand (US Talence), Panizzon (Stade Montois), Daniel Merle (CO La Couronne), 1971 - Joël Expert (CA Créon), Daniel Merle (CO Couronne), Fancis-Xavier Lopez (CA Créon), 1972 - Serge Perrin (VC Nérac) en 1h14’43s, Villeneuve (UC Gujan Mestras), Monté (AS Facture), 1973 - Jacky Hurou (VC Tarbais) les 57 kms en 1h12’00s, Fernand Lajo (US Talence), Hervé Calas (VC Castelnau), 1974 - Michel Dufour (UA Vic) en 1h15’16s, Garcia (AS Facture), Gomez (US Bouscat), 1975 - Fernand Lajo (US Talence), Pierre Biscay (US Talence), Jacques Dolhats (Aviron Bayonnais) (à suivre)

RÉTRO VÉLO DORDOGNE - L’Histoire de la Classique BORDEAUX-ARCACHON (5)
© BERNARD PECCABIN
 (à la mémoire d’Hubert Longau, de Gaston Bougon et de tous les crabes de l’UC Arcachon)
Prochaine partie : Norbert Bougon, consacré pour l’éternité (extraits de son livre)

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12 mai 2020

BORDEAUX-ARCACHON (Histoire d’une classique) - 4° partie

LA CLASSIQUE BORDEAUX-ARCACHON
la plus ancienne, la plus courte et la plus rapide du Sud Ouest
Retour sur l’histoire de cette épreuve

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- Attention Bordeaux-Arcachon et son histoire comportera dix-neuf publications. Pour revenir à la première publication, cliquez ici.

UNE VILLE, UN CLUB, UN HOMME

- En consultant la carte de Levasseur (voir photo dans 1° partie), on ne trouvera pas sur celle-ci la ville d’Arcachon, mais à la place, Notre-Dame d’Arcachon. Normal, puisqu’en 1850 Arcachon était un quartier de La Teste du Buch, ville où se situait le terminus ferroviaire. Arcachon ne devint une commune qu’en 1857 par décret impérial. M. Deganne un des premiers maires et dont la rue où est jugée l’arrivée porte son nom, était un des responsables de l’exploitation du chemin de fer. Mais c’est grâce à Jean Eugène Ormières (maire de 1888 à 1890) que l’on doit d’énormes gratitudes à la ville qu’il a administré, mais aussi à son cyclisme. N’oublions pas qu’une piste de 402 mètres en ciment a existé de 1894 à 1906, ce qui valut à Arcachon d’être une ville précurseur en matière de cyclisme. Arcachon a été le cœur et le poumon du cyclisme Aquitain. On doit par la suite cette suprématie et cette activité à Hubert Longau(4), entrepreneur des Travaux Publics et artisan de la construction d’un nouveau vélodrome inauguré le 15 août 1934, ceci sous la magistrature de Marcel Gounouilhou (maire de 1929 à 1938). Adjoint au maire de 1930 à 1935, titulaire de nombreuses casquettes, il fut de 1922 à 1963 Président de l’Union Cycliste Arcachonnaise, Vice-Président du Comité de Guyenne pour la même période et membre du Comité Directeur de la FFC de 1945 à 1973.

LONGAU

Hubert Longau, notable de notre cyclisme

- On le voit Hubert Longau a été un remarquable notable du cyclisme du Bassin, qui a prospéré dans sa ville, elle-même mise à l’index par Maurice Martin qui en avait fait une station de la Côte d’Argent, qu’il avait baptisé ainsi… Antonin Magne et les Lapébie ont également contribué au renom du club de cette ville, jusqu’en 1938 où le Tour de France s’arrêta le 11 juillet, lors d’une demi étape remportée par l’italien Jules Rossi (photo ci-dessous à droite). Six coureurs se disputeront le sprint sur le vélodrome de la ville et l’italien effectuera le parcours Bordeaux-Arcachon en 1h16’20s soit 52,5 kms à la moyenne de 41,266 km/h, ce qui n’est cependant pas mieux que nos amateurs… Le passage du Tour à Arcachon et son arrivée d’étapes au vélodrome a constitué un élément clé du cyclisme Arcachonnais. D’autant plus que l’après-midi, les coureurs effectuaient le deuxième tronçon sur Pau, où le champion local Antonin Magne prenait la 5° place du général à 1’48s du maillot jaune, lui qui s’était déjà classé 10° le matin de l’étape dans sa bonne ville d’Arcachon.

MAGNE

- Hubert Longau a consacré toute sa vie à sa passion, à ce cyclisme auquel il vouait un véritable culte et dans lequel il comptait de nombreux amis. Son nom restera lié à Arcachon et à cette classique régionale pour laquelle il a fait tant pour qu’elle se pérennise. Tous les hivers, Hubert Longau conviait des Champions à venir passer deux à trois mois dans sa ville. C’est ainsi que le club a compté dans ses rangs des coureurs comme André Raynaud champion du monde de demi-fond, Jules Merviel, le belge Jean Aerts Champion du Monde amateurs qui devait remporter six étapes du Tour de France en 1933 dont celle de Bordeaux, Julien Moineau devenu depuis l’enfant du pays, Charles Pélissier qui gagna vingt étapes dans les différents Tours de France. A la même époque, Pierre et Antonin Magne étaient eux aussi licenciés à l’UCA (club aux couleurs bleu et blanc) et ce dernier devait rencontrer ici celle qui allait devenir sa future épouse.
- Tous étaient attachés au club Girondin et lorsqu’Antonin Magne (en médaillon) remporta le Tour pour la deuxième fois en 1934, il a cousu sur son maillot jaune le fameux "crabe" emblème de l’UCA. Tous ces grands noms venus sous l’influence et par le talent d’Hubert Longau, préparaient leur saison sur les routes du coin. Magne quant à lui appartenait au club girondin lorsqu’en 1936, il devient Champion du Monde. Mais Hubert Longau ne se bornait pas à enrôler des Champions confirmés. Les Arcachonais formaient une équipe redoutable et redoutée aussi bien sur route que sur piste. Grâce à lui les pistards avaient, même si on se répète, un vélodrome construit dans une cuvette entourée par les pins et les dunes. C’est dans ce vélodrome que Maurice Richard était venu tenter le record du monde de l’heure et Karel Kaers celui du kilomètre.

Rossi

- Hubert Longau avait fait de l’UCA un grand club avec des hommes comme Victor Descoubes, Gabriel Hargues, René Prévot, Jean Triscos, Charles Govaert, Jean-Baptiste Incegarway, qui depuis étaient restés amis. Puis après la guerre et jusqu’en 1950, sont venus s’ajouter Robert Lafon, Norbert Bougon, André Herran, Robert Dutein, Gérard Raynal, Albert Rapaud, Edmond Cussac, Alain Moineau, Robert Desbats et Jean Bidart Champion de France en 1947 à Besançon. Toutes ses initiatives et ses entreprises ont été couronnées de succès et beaucoup ont dépassé le cadre girondin pour connaître un retentissement national, tout comme le Grand Prix de la ville d’Arcachon(*). Il en est ainsi du Bordeaux-Arcachon dont il a fait une grande classique pour amateurs. Les concurrents venaient de Paris pour disputer cette épreuve considérée comme l’homologue de Paris-Tours.

 (4) Julien (dit Hubert) LONGAU est né le 1er janvier 1889 à Arcachon. Issu d’un milieu extrêmement modeste, il a été d’abord manœuvre auprès d’employeurs qui ne l’ont point ménagé. Chétif, malingre, il mesurait à peine un petit plus qu’un mètre cinquante. Doué d’une rare intelligence, il s’est instruit sur le tas pour augmenter son savoir. Pendant la Grande Guerre, il est mobilisé en 1915, démobilisé en 1919. Entrepreneur de bâtiment et de travaux publics, il construit de nombreux édifices dont le Vélodrome inauguré le 15 août 1934 (une étape du Tour de France y arrive le 11 juillet 1938), le boulevard Gounouilhou (1933-1936), les défenses contre la mer, le fronton des Abatilles, la nouvelle jetée du Moulleau, la première station d'épuration des eaux, la tribune du stade Matéo-Petit, il réalise la transformation de l'éclairage public du gaz à l'électricité. Il préside le Syndicat du Bâtiment et des TP d'Arcachon de 1937 à 1963. Le journal "L'Auto", n'hésite pas à le désigner, en septembre 1938, comme le "Baron Haussmann" d'Arcachon. En 1948 avec son fils Jean-Gilbert, il construit une Cabane Tchanquée à l'île aux Oiseaux.
Conseiller municipal de 1925 à 1929, adjoint au maire de 1930 à 1935, délégué aux travaux publics, hygiène, état-civil et police. Président de l'Union Cycliste Arcachonnaise de 1922 à 1963. Président de la Société de Gymnastique "les Enfants d'Arcachon" pendant 37 ans. Président du Sport Athlétique Arcachonnais de 1927 à 1935 et de 1950 à 1957. Vice président du Comité de Guyenne de la Fédération Française de cyclisme de 1937 à 1963 et membre du Comité directeur national de 1945 à 1973. Chevalier de la Légion d'honneur en 1934. Officier de l'Instruction publique en 1939. Propriétaire du journal l'Avenir d'Arcachon de 1930 à 1946. Hubert LONGAU est mort en Arcachon dans les locaux de son entreprise rue Gustave Hameau le 28 décembre 1973, à l'aube de ses 85 ans. Son fils Jean Gilbert était dramatiquement décédé le 9 mars 1956 en chutant d'une charpente verglacée lors d'une tempête de neige en ce sombre printemps lors de la construction de réservoirs d'eau en Ville d'Hiver, premier château d'eau d'Arcachon (aujourd'hui devenue la Maison des Jeunes).
(*) Le Prix d’Arcachon d’après guerre disputé après le 15 août a connu un très grand succès avec son parcours toboggan de vingt tours, soit 120 kms. La course avait la réputation d’être une épreuve "brise pattes". L’itinéraire était le suivant : avenue Nelly Deganne où se jugeait les primes pour les hommes de tête, avenue du Général Leclerc, avenue Gambetta avec en prime l’allée des réservoirs et son pourcentage de 17% revenant toutes les huit à dix minutes, qui sapent la résistance des coureurs, car sur ce parcours il n’y a pas de temps pour récupérer. L’allée des dunes offre la particularité de descendre très vite et ses virages non relevés font courir au concurrent un certain risque, l’obligeant à une attention soutenue et ne lui permettant pas de souffler. L’avenue Rapp avec sa côte malaisée et le virage de la Chapelle, qui par ses à-coups rend le rythme difficile et épuise l’énergie des concurrents. Voilà pour le décor qui a permis à de grands coureurs de vaincre tels Proust, Desbats, Dolhats, Garonzi, Bertrand et bien d’autres...

SUITE DU PALMARES DE L’EPREUVE : 1934 - Mémoré Carapezzi (Italie) en 1h13’, Gaston Ducoin (BEC), Loubère (SAB), 1935 - Roger Apechèche (C. Girondins) en 1h10’50s, René Dassé (CCL), Maury (CG), 1936 - Raymond Maury (CG) en 1h14’34s, Roger Apechèche (CG), Nazarre (CCL), 1937 - Pierre Chazaud (C. Girondins) en 1h08’43s (nouveau record), Alain Domecy (Castillon) à 45s, Alcaïne (CCP), 1938 - Norbert Bougon (UC. Arcachon) en 1h10’58s, André Héran (UCA), L. Sanchez (Union Cycliste Bordelaise), 1939 - Pierre Descot (UC.Arcachon) en 1h10’21s, Albert Payan (AS St. Médard), Clairac (VCSL), 1941 - Jean Barthez (UC.Arcachonn) en 1h12’40s, Félix Dordignac (BPC), G. Delos (UCA), 1942 - Henri Gaborias (Bayonne) en 1h11’45s, Fernand Gaborias (Anglet), A. Poirier, 1945 - Louis Barrière (CA Béglais) en 1h18’43s, André Micas (SAB), Darouzès (SAB), 1946 - Elio Manfé (CC Marmande) en 1h10’, Robert Pitoux (UC Villeneuve), Serge Agoust (SAB), 1947 - Francis Brizon (VC de Levallois) en 1h07’30s (nouveau record), Mario Ragagnin (CC Marmande), Serge Agoust (SAB), 1948 - Serge Agoust (SA Bordelais) en 1h 07’ 23s (nouveau record), Maurice Glomot (St. Jean d’Angély), Bruno Covre (Cyclo-Club Marmande), 1949 - André Micas (ASPTT Bordeaux) en 1h 08’ 29s, Ragagnin (Marmande), Serge Agoust (SA Bordelais), 1950 - Jean Missègue (SAB) en 1h 09’ 19s ; Dangoumeau, Serge Agoust, 1951 - Gérard Ferrage (VC Lion) en 1h 04’ 19s 1/5 (nouveau record) Pierre Rinco (VC Lion), Jean Rinco (Cycles Girondins), 1952 - Jean Missègue (SAB) en 1h 08’58s ; Cruzin (CC Caudéran), Julio Alvarez (Girondins), 1953 - Louis Rigon (VC Miramont) en 1h 07’ 55s ; Vincent Sosa (VC Lion), Jacques Sabathier (UC Arcachon), 1954 - Jacques Sabathier (Girondins) les 50 kms en 1h 07’ 26s ; Gérard Doret (VC Lion), André Tournis (SAB), 1955 - Yves Nebut (Girondins) en 1h 07’ 58s ; Christian Bannes (Girondins), Bernard Domagé (Stade Montois), 1956 - Pierre Martinet (SAB) 66 kms en 1h36’, Beauvieux (Bordeaux VC), André Tournis (SAB), 1957 - Bernard Domagé (Stade Montois) en 1h 09’ 20s ; Yves Nebut (Girondins de Bordeaux), André Delort (US Andernos), 1958 - Christian Castéra (Cyclo-Club Bordelais) en 1h09’02s, Paul Asséré (SBUC), Christian Pradeau (CA Béglais), 1959 - Jean-Claude Bâle (SA. Bordelais) les 50 kms en 1h06’15s, Roger Fontagnères (VC Capbreton), Jacques Sabathier (Stade Montois), 1960 - Roger Fontagnères (VC Capbreton) les 50 kms en 1h07’, Roland Delaunay (Pédale Jonzac), Jacques Suire (Bordeaux VC). (à suivre) 

RÉTRO VÉLO DORDOGNE - L’Histoire de la Classique BORDEAUX-ARCACHON (4)
© BERNARD PECCABIN
(à la mémoire d’Hubert Longau, de Gaston Bougon et de tous les crabes de l’UC Arcachon)
Prochaine partie : Norbert Bougon, dernier crabe rescapé de Bordeaux-Arcachon

9 mai 2020

BORDEAUX-ARCACHON (Histoire d’une classique) - 3° partie

LA CLASSIQUE BORDEAUX-ARCACHON
la plus ancienne, la plus courte et la plus rapide du Sud Ouest
Retour sur l’histoire de cette épreuve

- Relire la publication précédente (cliquez sur ce lien).
- Attention Bordeaux-Arcachon et son histoire comportera dix-neuf publications. Pour revenir à la première publication, cliquez ici.

 QUELQUES HYPOTHÈSES SUR LES PREMIÈRES ÉDITIONS

 - Lorsque l’on consulte le palmarès de Gabriel Belliard qu’il a établi jusqu’en 1934, il subsiste de nombreuses interrogations. L’épreuve de Bordeaux-Arcachon dit-on, a été fondée en 1889. Ceci signifie que trois années furent nécessaires pour être reconnue auprès des instances de l’UVF. Des éditions ont été sans doute courues avant, sans être validées... Sur certaines coupures de presse on découvre même que la première édition daterait de 1887, ce qui signifie que bien avant la fondation du comité d’organisation, on avait couru déjà le Bordeaux-Arcachon. Parmi les clubs engagés dans l’organisation se trouvaient le Vélo-Sport Girondin (société fondatrice de l’épreuve) en première ligne, puis l’Union Cycliste Bordelaise, la Section Bordelaise, le Vélo-Club Lions, les Cyclistes Girondins et le Vélo Caudéranais. C’est en 1895 que la course adopta le parcours classique des 50 kilomètres, ce qui incita coureurs comme organisateurs à se battre pour s’accaparer du record. On peut de même imaginer l’engouement suscité par cette course, puisque à maintes reprises plusieurs éditions se sont déroulées au cours de la même année, sans oublier la diversité des catégories de coureurs qui ont emprunté l’itinéraire de cette fameuse piste, souvent pour s’entraîner ou encore lors des interclubs, histoire de rivaliser entre licenciés.
- L’histoire du record de 1899(3), constitue néanmoins un sujet à contestations. Comment Emile Sauzeau a-t-il pu réaliser d’un coup 1h10’ alors que l’année précédente, il avait déjà gagné sur le même parcours avec un temps qui accusait tout de même 19 minutes de plus, puis 24 minutes de plus, sans parler du junior qui est peut-être notre Sauzeau ou son homonyme, mais ayant couru en 1h40’ ? Effectivement nous avons là matières à réflexions face à ces écarts conséquents… Seul Thibeault du Stade Bordelais, parviendra à se rapprocher de Sauzeau en réalisant 1h14’30s. Toujours est-il que parcourir 50kms en 1h10’ équivaut à une moyenne de 42,857 km/h, ce qui ne semble pas du tout en adéquation avec d’autres performances obtenues lors de cette époque.
- La longue histoire de cette classique a débuté on l’a dit à maintes reprises en 1892. Louis Duanip de son vrai nom Pinaud, avait parcouru les 100 kms contre la montre en 3h25’ devant Léveilley (3h39’25s) l’un des créateurs de Bordeaux-Paris, Lanuc (3h57’08s), Rivière (3h57’09s), etc… Ajoutons que ce Rivière (de son prénom Gaston), avait gagné cinq ans plus tard Bordeaux-Paris. Duanip le vainqueur portait un nom fantaisiste, c'est-à-dire l’anagramme de Pinaud son véritable nom. C’était un passionné pour l’automobile sur laquelle il avait effectué de nombreuses courses, en pilotant une Aubert-Lavirotte. Il deviendra plus tard directeur de l’agence des automobiles Fiat à Bordeaux, firme dont l’un des actionnaires et inspecteur était Loste, si célèbre dans les compétitions cyclistes de cette période.

Henri Beconnais

Henri Beconnais, troisième coureur en partant du côté gauche
a gagné le Bordeaux-Arcachon en 1893.

- Parmi d’autres lauréats citons Henri Beconnais en 1893, fameux roi du volant, mort tragiquement au Barp en s’entraînant en vue de disputer le Bordeaux-Madrid auto de 1903. Mais aussi Edmond Luguet vainqueur de Bordeaux-Cognac, Chadeaud, puis Fourgeaud, Bougon, Bournac, René Chazeau, Piquemal, Cantou, Rousset et plus près de nous les Cosse, Lapébie, Carrapezi, mais arrêtons d’épiloguer sur la réputation naissante de ce Bordeaux-Arcachon, car celle-ci deviendra universelle.

(3) Il ne faut pas se polariser autour de cette affaire du record, bien qu’il fut de tous temps un objectif. De 1899 jusqu’à celui de 1951, on note en vérité un écart de distance de 1326 à 1526 mètres selon les indications de la presse. D’après les éléments repris sur le journal l’Athlète, si la vitesse est de 44,117 km/h pour Chazaud en 1937, il a parcouru en 1h08’43s et selon la loi des mathématiques, une distance de 50,526 kilomètres. Pour Brizon on note un changement, puisque rouler à 44,440 km/h correspond selon son temps, à une distance de 50 kilomètres. Pour Ferrage, c’est encore différent puisque d’emblée, la distance affichée est de 49 kilomètres le jour de sa course. Emile Baudoin qui officiait dans les épreuves après et peut-être avant la 2° guerre mondiale reste affirmatif sur le record de Ferrage. Emile Baudoin ancien coureur de cette épreuve (deux fois 3° en 1900), chronométreur, reporter, membre du Comité de Guyenne a mesuré plusieurs fois le parcours, ce qui devrait ôter toutes les ambiguïtés. Pourtant, il existe des zones où la précision manque de cohérence. Le jour de la victoire de Ferrage, les journalistes inscrivent 49 kilomètres de parcours pile poil ! Un an après, on écrit 49,2 kms, ce qui constitue encore une évolution, car dans ces conditions cela représente une nouvelle moyenne qui serait de 45,897 km/h… Et pourtant, de tous temps, le ruban bleu de cette classique a été immortalisé par le temps de 1h04’19s soit 45,711 km/hde moyenne, ce qui constitue une erreur de

Dattas Eric

mathématiques. Mais pour beaucoup d’autres, on reste à la fois interrogatif et dubitatif, car nous lisons quelques nombres qui semblent curieux vis-à-vis d’une logique. A compter de 1976, les distances évoluent encore, tout comme les temps. On trouve en effet des parcours plus courts. Norbert Bougon, ancien coureur, puis ancien Président de l’UC. Arcachon nous signale qu’à une époque, effectivement on prenait le départ de Marcheprime, ce qui confirme que l’on ne peut plus concourir vis-à-vis du record. A priori et compte tenu des performances archivées, c’est Jean-Louis Dublé qui aurait rejoint le plus vite Arcachon, soit en 1h01’50s, mais pour une distance de 45,850 kilomètres seulement, ce qui ramène sa vitesse à 44,490 km/h. Ferrage a roulé à la moyenne de 45,710 km/h, Favarel premier tombeur du record de Ferrage en 1966 avait réalisé un chrono de 1h03’20s. Plus près de nous c’est enfin le temps de Eric Dattas en 1984 (en médaillon), qui semble nous révéler le véritable record avec 49,3 kms en 1h02’57s soit à la moyenne de 46,989 km/h. Vis à vis des indications obtenues jusqu’à ce jour, c’est bien ce garçon qui devient le ruban bleu de l’épreuve. Pour rendre cette affaire de record fiable, seule la moyenne horaire peut constituer aujourd’hui la seule référence à prendre en compte, mais il existe quelques zones qui manquent de précision, notamment de nombreuses éditions qui n’ont pas noté les valeurs affichées (temps et distance) et dont on manque de repères…. De plus le départ ne s’est plus fait ensuite à l’Alouette, ce qui nous oblige à rester prudent à l’égard du record.

 - A compter de 1927, l’épreuve a été organisée uniquement par l’UC Arcachon. On peut également évoquer l’édition de 1924 courue sous la forme de course handicap, ou encore parler de ceux qui l’ont accroché plusieurs fois à leur palmarès. Mais la simple lecture du tableau, suffira je pense pour combler les appétits de ceux qui tiennent des statistiques. Souvent, on lit l’existence de plusieurs épreuves dans une même saison, ce qui n’est plus le cas après la libération. Sans parler de certains Bordeaux-Arcachon organisés en 1910, 1911, 1912, 1913 et 1919 par l’ASPTT Bordeaux, le Club Athlétique Arcachonnais, le Vélo-Stade Arcachonnais et les Cyclistes Girondins, ce qui complique les données. Pour cette raison, nous n’en parlerons que sur le palmarès (écrits en italique et en encadré) sachant que ces éditions constituent un lien, puisqu’il n’y avait pas d’organisation du côté de l’équipe initiale.

SUITE DU PALMARES DE L’EPREUVE : 1914 - A. Amiaux (CASG) en 1h28’, H. Dumas (Vélo Club Lion), H. Bouheben (VC Lion) (indépendants), Albert Cantou (VC Lion) en 1h28’, L. Rouynaud (VC Lion), M. Rougerie (Vélo Club Lion) (amateurs), 1919 - Coiffard Luciano (Cyclistes Girondins) en 1h32’30s, E. Milleroux (Bordeaux VC), H. Perrier (UVC) (amateurs), 1920 - R. Piquemal (SA Bordelais), M. Delbos (SCB), Albert Cantou (SA Bordelais) (amateurs), 1921 - Albert Cantou (SA Bordelais) en 1h34’02s, R. Cailley (BAC), R. Dupart (SCB) (amateurs), 1922 - R. Piquemal (SA Bordelais) en 1h37’, Albert Cantou (SA. Bordelais), D. Fourgeau (Bordeaux vVélo-Club) (Pros/amateurs), 1923 - Raymond Rousset (SA Bordelais) en 1h40, J. Cassou (BP), A Chauvière (SA Bordelais) (HS/Amateurs), 1924 - G. Gayet (UCCA), J. Bonne (VC Lion), A. Preuilh (PT), 1925 - L.A. Vergez (SA. Bordelais) en 3h17’, J. Dachary (Bordeaux VC), R. Vignes (CGB), 1927 - René Lauga (UC Arcachon) en 3h09’, F. Vandenberghe (UC Arcachon), L. Devos (UC Arcachon) (international), 1928 - Roger Parioleau (Rochefort) en 3h21’25s, L. Laval (CC Périgueux), J. Grossard (UC Arcachon) (international), Roger Lapébie (Bordeaux VC) en 1h21’02s, R. Charropin (ASM), P. Duron (VAL) (amateurs), 1929 - Roger Parioleau (Rochefort) en 2h59’06s, Victor Descoubès (UC Arcachon), René Prévôt (ALBS) (international), F. Niéto (Burdigala Paris Club) en 1h17’, E. Ogier (SA Bordelais), A. Deligey (PT) (amateurs), 1930 - J. Bourret (Bordeaux Vélo-Club) en 1h16’30s, A. Ducos, J. Gaillard (Burdigala Paris Club) (amateurs), 1931 - P. Douat (Bordeaux Vélo Club) en 1h10’, Robert Pruney (Union Cycliste Arcachonnaise), H. Mercet (ASM) (amateurs), 1932 - P. Douat (Bordeaux VC) en 1h16’, Gérard Virol (Bordeaux Vélo Club), P. Dupouy (HSB) (amateurs), 1933 - A. Cazaux (MVC) en 1h13’11s, R. Labrousse (Bordeaux Vélo-Club), C. Nalbet (BEC) à suivre.

RÉTRO VÉLO DORDOGNE - L’Histoire de la Classique BORDEAUX-ARCACHON (3)
© BERNARD PECCABIN
 (à la mémoire d’Hubert Longau, de Gaston Bougon et de tous les crabes de l’UC Arcachon)
Prochaine partie : Une ville, un club, un homme

8 mai 2020

BORDEAUX-ARCACHON (Histoire d’une classique) - 2° partie

LA CLASSIQUE BORDEAUX-ARCACHON
la plus ancienne, la plus courte et la plus rapide du Sud Ouest
Retour sur l’histoire de cette épreuve

Landes girondines

Longue ligne droite des Landes Girondines où il est si difficile de s’échapper

 - Relire la première partie (cliquez sur ce lien).
- Attention Bordeaux-Arcachon et son histoire comportera dix-neuf publications à lire.

 L’INFLUENCE DE MAURICE MARTIN DANS LA RÉGION

 - On ne terminera pas cette mise en matière sans reparler de Maurice Martin(2), l’homme à la barbe blanche. Il a été on l’a dit un des membres fondateurs du Véloce-Club Bordelais dans les années 1880. Ce club comptait près de 400 membres et était présidé par Pierre Rousset. A ses côtés Maurice Martin s’engagea pour créer un hebdomadaire le "Véloce Sport", qui sera présidé par Fernand Ladevèze. Maurice Martin au travers de ses articles s’est résolument tourné vers le cyclotourisme. Celui-ci avait la part belle, car à cette époque, près de 95% des effectifs de l’UVF étaient des cyclotouristes, qui eux n’hésitaient pas à s’opposer aux coursiers surnommés "les mangeurs de route". On rencontrait Martin partout ! Que ce soit dans les instances nationales du cyclotourisme, que ce soit dans la presse (magazine l’Illustration, Journal la Petite Gironde, etc...), que ce soit dans l’édition de livres ou encore au sein de l’Union Vélocipédique Française, Martin dominait et s’imposait par une passion toute naturelle. C’est lui qui mettra en place les brevets de randonneurs, c’est lui qui est la cheville ouvrière du Bordeaux-Paris (on l’a aperçu maintes fois au poste de starter), c’est lui qui démontre à tous les immenses capacités de la bicyclette face au grand bi, c’est lui qui raconte ses longs voyages à bicyclette ou sur tricycle et qui intéresse le Touring Club de France, ce qui lui vaut même une distinction. C’est dans ce contexte et au cours de cette période que le "Bordeaux-Arcachon" est né. Sa création n’est pas étrangère à sa personnalité à un moment où tout s’est accéléré, lorsque ce personnage a inventé quelques temps après, le terme de la "Côte d’Argent" (NDLR : Arcachon a été aussi appelée la perle de la Côte d’Argent). Il est vrai que le Véloce Sport n’a jamais organisé Bordeaux-Arcachon, mais la quantité de clubs qui évoluaient en cette fin de ce 19° siècle autour de cette région bordelaise, ne pouvaient laisser indifférents les acteurs du cyclisme jusqu’à la Société Vélocipédique d’Arcachon, devenue quatre ans après l’UC Arcachonnaise et qui par le biais de son maire déjà cité, avait de plus le privilège de compter ce notable, parmi ses membres fondateur.
(2) Maurice Martin sort deuxième d’une promotion de cent élèves de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux. Initialement employé d’une grande maison de négoce en vin, il se passionne rapidement pour les sports : cyclisme (il est un des fondateurs en 1891 de la course Bordeaux - Paris), mais aussi rugby, automobile et aviation. Il écrit ainsi de nombreux articles sportifs dans La Petite Gironde, quotidien bordelais diffusant sur une grande partie du Sud-Ouest, mais aussi dans L’Illustration et la Revue du Touring Club de France. Il œuvre largement pour faire la promotion touristique de la côte Aquitaine. C’est ainsi que le 20 mars 1905, au cours d’un périple de reconnaissance entre Arcachon et Biarritz auquel il prend part en tant que représentant des journaux de La Petite Gironde et le Journal de l’Automobile, qu’il propose, lors de l’étape à l’hôtel Lespès de Mimizan-les-Bains comme on dit alors, de baptiser Côte d’Argent ce jusque-là sauvage tronçon du littoral Atlantique de 228 km de long.
Ce périple est organisé par le Comité d’Initiative de Boulevard Arcachon - Biarritz, dont le projet est de créer un boulevard pour automobiles reliant les deux villes le long de la Côte d’Argent (ce projet ne verra jamais le jour). Il est organisé sous la forme d’une caravane de chevaux et de onze charrettes muletières (localement appelées bròs) empruntant les chemins de sable. Le convoi part le 20 mars d’Arcachon avec, parmi les journalistes, sportifs et quelques notables qui la composent, le conservateur des Eaux et Forêts de Bordeaux et des représentants de l’Automobile Club de France. Leur expédition sera commentée en ces termes : "Ils venaient pour faire ce qu’à peu près personne n’avait jamais fait avant eux : s’enfoncer dans le mystère des grandes Landes de Gascogne où ils avaient été conviés pour y rêver d’une route".

Martin

Maurice Martin sur son tricycle

SUITE DU PALMARES DE L’EPREUVE : 1900 - Sadouillette en 1h30’, Harry (Vélo Caudéranais), Emile Baudouin (Section Bordelaise) (amateurs), A. Thibeault (SA. Bordelais) en 1h14’30s, Testonne, Emile Baudouin (Section Bordelaise) (amateurs), 1901 - Emmanuel (UC Bordelaise) en 1h33’, A. Thibeault (SA Bordelais), Dagut (Racing Club Bordelais) (amateurs), R. Puissant (Section Bordelaise) en 1h24’25s, Sadouillette, Lamblardy (Section Bordelaise) (amateurs), 1902 - Ch. Passet (Racing Club Bordelais) en 1h43’, Emmanuel (UC Bordelaise), Toitot (Racing Club Bordelais) (amateurs), M. Fontan (Racing Club Bordelais) en 1h36’, Dunes (Cyclistes Girondins), F. Lannes (Vélo Club Caudéranais), René Puissant (Section Bordelaise) en 1h39’, Achariteguy (Section Bordelaise), Darqué (Section Bordelaise) (amateurs), René de Lavillette (Racing Club Bordelais) en 1h26’, R. Puissant (Section Bordelaise), A. Herbert (SA. Bordelais) (amateurs), René de Lavillette (Racing Club Bordelais) en 1h30’, Fulgence (SA. Bordelais), F. Laval  (amateurs), 1903 - A. Dupouy (Racing Club Bordelais) en 1h36’, E. Barrié (Racing Club Bordelais), L. Marty (UC Bordelaise) (amateurs),Edmond Luguet (SA. Bordelais) en 1h33’, A. Thibeault (SA Bordelais), René de Lavillette (Racing Club Bordelais) (amateurs), 1904 - E. Milleroux (SA Bordelais) en 1h40’, Carpentey (UC Bordelaise) (amateurs), Schmidt (SA Cognac) en 1h35’, P. Louret (SA. Cognac), Tétaud (SA Cognac) (amateurs), 1905 - E. Pouquet (UC Bordelaise) en 1h45’20s, F. Février (UC Bordelaise), Charlot (UC Bordelaise) (amateurs), 1909 - André Bougon (UC. Arcachon), Dujardin (Arcachon), Frigoit (amateurs), 1910 - René de Lavillette (RC Bordelais), G. Lescouzère (RCB), Delale., Bournac Jeune (RC Bordelais) en 1h32’, G. Niort (Cyclistes Girondins), André Bougon (Club Athlétique Arcachonnais), 1911 - René Chazaud (Cyclistes Girondins) en 1h33’, André Bougon (Racing-Club Bordelais), Mario Lafon (Vélo-Stade Arcachonnais), René Chazaud (Cyclistes Girondins) en 1h24’57s, Mario Lafon (Vélo-Stade Arcachonnais) André Bougon (Racing Club Bordelais), 1912 - Daniel Fourgeau (Cyclistes Girondins) en 1h24’, René Chazaud (Cyclistes Girondins), Ulrich (RC Bordelais), 1913 - Daniel Fourgeau (Bordeaux VC) en 1h20’15s, Delbreil (Bordeaux VC), Rulleau (Bordeaux Vélo Club) (à suivre)

NDLR : En caractères gras les noms des vainqueurs, puis le deuxième et troisième, en italique les Bordeaux-Arcachon organisés par d’autres clubs de Gironde (notamment au cours de la première guerre mondiale).

RÉTRO VÉLO DORDOGNE - L’Histoire de la Classique BORDEAUX-ARCACHON (2)
© BERNARD PECCABIN
 (à la mémoire d’Hubert Longau, de Gaston Bougon et de tous les crabes de l’UC Arcachon)
Prochaine partie : Quelques hypothèses sur les premières éditions

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