LUCIEN DEVILLE !
Souvenirs d’un dirigeant
- Relire le cyclisme à Nontron de 1973 à 1980.
- Lucien Deville connu sous le surnom de "Lulu" tenait comme chacun sait son bar "Le Périgord Vert" à Nontron (NDLR : depuis 1957). Aimable, souriant, très actif, débordant même de vitalité, il a été un amoureux du sport, où pendant toute sa jeunesse, il se dévoue d’abord comme pratiquant et plus tard comme dirigeant.
- Né le 23 septembre 1915 à Saint-Hilaire les Places dans la Haute-Vienne, il a été une figure bien connu des milieux cyclistes régionaux. "Lulu" comme on l’appelle familièrement, a côtoyé du bien joli monde dans sa vie. Il y a 51 ans* exactement qu’il traîne sa "bosse" au cœur des compétitions cyclistes, presqu’un record !
- (*) Ce texte présenté par "Rétro Vélo Dordogne" a été écrit sur un journal local en 1981. Pour information Lucien Deville est décédé le 27 juin 1986. Nous demandons au lecteur de tenir compte de ce décalage dans le temps, par rapport à l’actualité locale évoquée dans ce texte. En faits il aura œuvré durant 56 ans dans le sport.
- Lucien Deville a connu pratiquement tout sur les choses qui touchent à son sport favori. Le personnage est plutôt du genre bavard mais nous défions quiconque aime le vélo et le verbe, de ne pas tomber sous son charme, car Lucien Deville est capable de vous parler de la course qu’il a vécue il y a trente ans comme de celle qu’il a suivie le dimanche précédent.
- Le brave Lulu enjambe les époques à coups de formules parfois hasardeuses et souvent percutantes. Il saute de Jacques Vivier à Frédéric Brun sans vous laisser le temps de souffler parce qu’il a connu le cyclisme de haut en bas et qu’il a par conséquent son avis sur tout !
SA CARRIÈRE SPORTIVE
- Après sa carrière cycliste effectuée dans les années 30 à Mussidan (club Pédale Faidherbe Périgueux), il rejoint Nontron en 1934. Débute au CA Nontronnais en football. Occupe le poste de goal en équipe réserve. Il joue ensuite en équipe première puis devient arbitre officiel (le règlement le permettait à cette époque). En 1943 il signe à l’AS Nontron un nouveau club et termine en 1944 en qualité de joueur. Reçu comme arbitre officiel (foot) en 1939, il rentre ensuite à la FFC comme dirigeant puis commissaire au Vélo-Club Nontronnais. Arbitre officiel de la Ligue du Centre Ouest, il reçoit un "sifflet d’or" et la médaille d’argent de la jeunesse et des sports. De 1946 à 1957, dirigeant de cyclisme, il reçoit la médaille de bronze du Comité du Limousin. Pendant sa longue carrière de dirigeant, il a eu l’occasion de s’occuper activement des carrières des coureurs cyclistes : Claude Mousseau (3° au Championnat de France militaire sur piste à Cognac), Francis Dubreuil (253 victoires), premier de deux Tours du Limousin et deux fois Champion du Limousin. Et enfin de Frédéric Brun le nouveau professionnel de Nontron durant trois années. Aimant tous les sports il a pratiqué pendant quinze ans le judo à Nontron. Supporter infatigable du rugby, il ne rate aucun match à la télé. Fin pêcheur à la ligne, intarissable sur le sport, des souvenirs plein la tête, des photos sportives dans plein de tiroirs, des milliers de kilomètres sur sa mobylette, pour encourager la Petite Reine dans tout le Périgord Vert...
- En ce mois d’avril 1981 date de notre rencontre, il entame sa 52° saison de présence aux abords des lignes d’arrivée. Il a beau dire et beau faire, il ne peut pas se passer du vélo. Précisons que nous concevons mal nos épreuves sans la présence de Lucien Deville. Homme populaire et bavard, nous avons cru bon d’aller à sa rencontre d’autant qu’il a emmagasiné une grosse provision de souvenirs et qu’il ne dédaigne pas évoquer le passé et parler du présent : "J’ai tellement vu de choses dit-il, que parfois les faits et les dates se confondent un peu dans mon esprit, mais j’éprouve toujours le besoin de faire parler ma machine à remonter le temps... "
Francis Dubreuil, a bénéficié des conseils de Lulu Deville
DISCUSSION A BATONS ROMPUS AVEC UN JOURNALISTE
ET LUCIEN DEVILLE AVEC SA MOBYLETTE
Parlez nous des premières courses que vous avez vécues ?
Lulu : Les coureurs étaient pratiquement toujours obligés d’aller courir en vélo ou en train pour se rendre au départ. Il fallait donc déjà beaucoup de courage ! Les engagements se faisaient sur place contrairement à aujourd’hui. Les prix et les primes étaient réglés à la remise des dossards en fin de course.
Quelle était l’ambiance qui régnait à cette époque et existait-il déjà des mafias ?
Lulu : Il y avait moins de public le long des routes, mais à mon avis l’ambiance était plus joyeuse que maintenant. La course au village était une véritable fête que toute une population attendait impatiemment. Aujourd’hui certaines personnes et même les commerçants se demandent ce qui se passe devant leur porte... Il n’y avait pratiquement pas de mafias. Disons que deux ou trois coureurs s’entendaient pour s’aider à gagner. Par contre, il y avait souvent des bagarres entre les coureurs aux arrivées car les sanctions n’existaient pas. Maintenant on n’en voit pratiquement plus !
Avez-vous appartenu à un club ?
Lulu : Ah oui ! J’avais même couru pendant quatre ans lorsque j’habitais Mussidan. J’étais licencié à la Pédale Faidherbe de Périgueux. J’ai du gagner une quinzaine de courses dont le 1° Pas Dunlop départemental en1931. Ensuite je suis venu ouvrir mon bar à Nontron où j’ai signé une licence de dirigeant au Vélo-Club Nontronnais. Désormais j’occupe toujours cette fonction, mais à l’UC Nontron, le premier club de Frédéric Bun (NDLR : Brun était à cette époque le coureur d’avenir de Nontron).
A propos, c’est vous qui allez driver Frédéric Brun derrière votre mobylette avant qu’il passe professionnel ?
Lulu : C’est vrai et je continue toujours à le faire pédaler. Il y a 15 jours je l’ai amené faire cent bornes, puis il est reparti tout seul en faire autant.
VIVIER ETAIT LE NUMERO UN
Que pensez-vous de Brun ?
Lulu : C’est un excellent coureur, il a beaucoup de classe. En toute logique, c’est maintenant qu’il devrait obtenir de bons résultats, car il arrive à maturité. Lorsqu’il a franchi le Rubicon, tout le monde prétendait qu’il avait commis une grosse erreur en signant chez Peugeot. Moi je n’ai jamais été inquiet à ce sujet. C’est une équipe solide dans laquelle il donne confiance et satisfaction à Maurice de Muer. C’est bon signe.
On peut donc dire que vous avez formé Frédéric Brun mais il n’y a pas que lui ?
Lulu : Non, je me suis occupé de Claude Mousseau qui a épinglé 100 victoires à son palmarès dont le Grand Prix de la Libération à Périgueux. Il y a eu aussi Francis Dubreuil le coureur aux 250 victoires qui est devenu représentant de commerce. Maintenant je m’occupe principalement de Michel Besse et de quelques juniors (NDLR : En 1981, Michel Besse qui a débuté en 1972 dans le cyclisme était en 1° catégorie).
Question banale, mais obligatoire : quel est votre classement entre tous les champions de votre région ?
Lulu : En tête, je mettrai bien entendu Jacques Vivier puis Francis Duteil, Christian Bordier et Francis Dubreuil. Quant à Frédéric Brun et Michel Besse, on ne peut pas encore les juger puisqu’ils n’ont pas terminé leur carrière. (Ndlr : on était en 1981).
Mousseau, Vivier, Dubreuil, Duteil et Brun tous élèves de Lulu Deville
LES DEUX FRANCIS EN PENSION
Vous connaissez bien la famille Duteil ?
Lulu : Ce sont tous de grands sportifs, même Madame Duteil la mère de Francis qui adore le vélo. Son père Marius a un an de moins que moi et c’est presque mon meilleur ami. Il m’a mis Francis pendant deux ans en pension chez moi lorsqu’il était au collège à Nontron. C’est ici qu’il a fait connaissance d’un autre de mes jeunes pensionnaires qui était aussi un Francis.
Beaucoup disent de Francis Duteil qu’il aurait fait un bon professionnel. Est-ce votre avis ?
Lulu : Bien entendu, je dirais même qu’il aurait fait un grand professionnel, du genre Duclos-Lassalle. C’est sa chute ici à Nontron qui aura tout brisé. Quel dommage ! Ah, je m’en souviens comme si c’était d’hier. Je le suivais avec mon vélomoteur au moment où s’est passé le drame. La voiture sortait de la scierie en bas de la ville. Francis était tout seul en tête, il restait deux ou trois tours, malheureusement il avait prix le côté gauche de la route sans penser qu’une voiture pourrait surgir.
Parlez nous de Francis Dubreuil.
Lulu : Ah ! C’était un bon celui-là aussi. Dommage qu’il ait arrêté de bonne heure sa carrière mais il était fatigué en douze ans d’activité. Et puis il était marié, sa situation ne lui permettait pas de pratiquer le vélo dans de bonnes conditions.
Chez vous à Nontron, il y a eu d’autres qui se sont trouvés dans le même cas et ils ont signé à la FSGT. Qu’en pensez-vous ?
Lulu : Oui je vois de qui vous voulez parler. Des garçons qui ont voulu gagner des courses en cherchant la facilité. Ce n’est pas très sportif et beaucoup n’ont pas apprécié leur manière d’agir.
Revenons à votre grande spécialité : l’entraînement derrière vélomoteur. Avez-vous un secret dans ce domaine ?
Lulu : Absolument pas ! Disons qu’il faut avoir une certaine expérience de la chose afin de ne pas trop fatiguer votre sujet. Il faut être régulier et surtout pas trop brutal et ne pas trop en faire en début de saison. Ce n’est qu’à partir des beaux jours que l’on doit prendre ce mode de préparation vraiment au sérieux. Il faut faire deux sorties par semaine, pas plus ! A savoir, 60 kms le mardi par exemple et 100 kms le jeudi. Mais tout cela dépend des coureurs. Il faut surtout tenir compte de sa catégorie et de sa condition physique.
Aimerez-vous que d’autres dirigeants suivent votre exemple ?
Lulu : Bien entendu, mais la plupart ne veulent pas s’en donner la peine. Ces gens là sont des naïfs, ils se montrent beaucoup et ne connaissent rien au vélo. Dans un sens il est préférable qu’ils ne s’intéressent pas aux jeunes.
1980 avec le Cyclo-Club Nontron FSGT actif dans la région comme ici à Sceau Saint-Angel
LA DORDOGNE AVEC LE LIMOUSIN
Comment voyez-vous l’avenir du cyclisme régional ?
Lulu : Nous aimerions ici en Dordogne être de nouveau rattachés au Comité du Limousin. Je sais que le Président Perrier et ses dirigeants le souhaiteraient eux aussi. J’ai lu l’autre jour ce qu’il vous a déclaré à ce sujet. Je crois qu’il a raison lorsqu’il dit qu’il manque de licenciés à son comité. Oui, vraiment il lui faudrait la Dordogne et en tous cas pour nous cela serait avantageux, car lorsque nous devons parcourir plus de 600 kms aller et retour pour assister à une réunion du Comité d’Aquitaine, ce n’est pas très agréable. Bref !
Sans vouloir vous faire passer pour un ancêtre, vous devez vous ennuyer pas mal aujourd’hui dans certaines courses par rapport à celles d’il y a vingt ans ?
Lulu : C’est vrai, il y a des épreuves assez tristes à suivre mais je trouve qu’il y en a d’autres beaucoup plus vivantes que par le passé. Vous savez, il y a 20 ou 25 ans, il était rare de voir au départ plus de vingt coureurs au départ d’une course (NDLR : entre 1955/1959)
Comment expliquez-vous que dans le Nontronnais le cyclisme ait pris un essor aussi considérable ?
Lulu : C’est une ville très sportive et chez nous le cyclisme plaît beaucoup au même titre que le football. Et puis nous avons eu toujours des gars qui ont bien marché, alors les gens se sont sentis très sensibilisés. Ici Fred Brun est une véritable vedette, tout le monde lui demande de ses nouvelles. Il n’y a pas une journée qui passe sans que l’on parle de cyclisme. Les Nontronnais se déplacent aussi énormément dès qu’il y a une belle épreuve en Dordogne, Charente ou Haute-Vienne.
Quelle est la course qui vous a le plus marquée ?
Lulu : Il y en a eu beaucoup mais celle qui m’aura laissé le plus d’amertume, c’est le Championnat de France des amateurs en 1972 à Vitteaux en Côte d’Or. J’avais effectué le déplacement avec le père de Francis Dubreuil. Nous étions partis d’ici à deux heures du matin. Francis était dans la bonne échappée avec Régis Ovion, Raymond Martin et Jean-Pierre Danguillaume. Malheureusement, en passant trop près d’un trottoir, Francis brisa sa pédale et dû abandonner. Je suis certain qu’il aurait fait deuxième car il n’aurait pas pu battre Raymond Martin tellement il marchait fort. Nous sommes rentrés à Nontron, les larmes aux yeux ...
Y a t-il autre chose qui vous a particulièrement déçu durant ce demi-siècle de cyclisme ?
Lulu : J’ai toujours vu des mafias dans presque toutes les courses que je suis allé voir. Je pensais à un moment donné qu’elles allaient disparaître complètement. Aujourd’hui je sais qu’il y en aura toujours, c’est vraiment regrettable. Enfin !!!
Le CC Nontron du président Trioux en assemblée générale en 1981
Situation du cyclisme en 1981
- Le cyclisme à Nontron bouge dans ces années 80. Il bouge notamment avec le Cyclo-Club Nontronnais qui s’affilie à la Fédération Française de Cyclisme en 1983, puis pour s’unir ensuite avec la Pédale du Nontronnais de Paul Chabaud, ceci pour devenir Cyclo-Club Pédale de Nontron. Pourtant en cette période, il n’y a vraiment pas de grande cylindrée chez les coureurs, puisque les premières catégories à Nontron sont aux abonnés absents. On se contente alors de suivre Frédéric Brun qui accomplit sa troisième saison chez les pros (1981) et ainsi de suite...
- En Limousin, Francis Duteil poursuit son ascension épaulé par Michel Besse et Pascal Crouzille. Mais c’est Yves Nicolas qui remporte le titre du Comité cette saison là. En Aquitaine, Bernard Pineau (US Talence) domine la discipline, même si c’est Mario Vérardo (CC Marmande) qui est titré, alors que dans le Poitou-Charentes Pascal Chaumet totalise 27 victoires, bien que le titre récompense un coureur moins connu en la personne de François Fuzeau (VC Bressuire).
- A Nontron disons que c’est le jeune Jean-Yves Béneyrol qui occupe la scène cycliste. Jeune, il obtient de très bons résultats, tout comme le Cyclo-Club de Nontron qui termine son aventure au sein de la FSGT pour les saisons 1981 et 1982. Les Dutertre dominent la scène cycliste et l’article de Christian François relevé sur le sud-ouest du 4 mars 1981 nous démontre bien cet engouement, celui d’une fratrie très solidaire... Ajoutons tout de même que le cyclisme en Périgord Vert détient un nouveau pôle d’attraction, avec la Pédale Thibérienne du Président Grandcoing qui rogne un petit peu sur les clubs de la sous-préfecture.
- Relire la publication précédente sur le cyclisme Nontronnais.
Avertissement : Nous publions uniquement les informations pour lesquelles nous avons pu accéder. Parfois il est difficile de connaître les identités, notamment avec les Dutertre pour qui souvent, le prénom n’a pas été précisé sur la presse locale.
Photos : Photos de la famille Dutertre de Rolland Richon (sud-ouest du 04/03/1981)
LE CYCLISME A NONTRON SAISON APRES SAISON
1981 Alain Sonson (VC Sainte-Livrade), Pascal Van-Hollebecke (AC Bergerac) vainqueurs à Nontron.
- Jean-Louis Gouraud victorieux à Peyzac, Philippe Chabaud à Saint-Mesmin et Jean-François Sallat à Saint-Martin le Pin.
Coureurs Nontronnais de cette période : Jean-Yves Béneyrol, Jean Biniecki, Bernard Raud, Jean-Louis Gouraud, Philippe Chabot, Gay, Jean-François Sallat.
UNE GRANDE FAMILLE SPORTIVE DU CYCLISME
LES CINQ FRÈRES DUTERTRE DE NONTRON
(Article Sud-Ouest du 4 mars 1981 de Christian François, photos de Rolland Richon)
- "Les Dutertre ? Bien sûr qu’on les connaît ! C’est la mafia nontronnaise..." Le propos ne souffre, apparemment, aucun commentaire. Mais il prouve que, si les cinq frangins se sont taillé une solide réputation dans les milieux cyclistes du département, on ignore totalement leurs valeurs morales et humaines. Les Dutertre : on aime ou on n’aime pas. Mais ces garçons ne laissent pas indifférents.
- De plus, cinq frères pratiquant le même sport, - et de surcroit, le cyclisme de compétition – le fait n’est pas banal. Sans être unique, il est tout de même assez rare pour mériter que l’on s’attarde quelque peu sur ces personnages.
- "On a aussi deux sœurs, rectifient-ils en chœur. Elles ne font pas de vélo, elles. Leur mari non plus ! Mais ils sont souvent aux arrivées avec du Périer..."
Photo de la famille Dutertre de Rolland Richon (sud-ouest du 04/03/1981)
ET LES EPOUSES ? Toujours unanimes : "Oh ! Pour çà, elles ont de la patience !" reconnaissent-ils. Effectivement, le vélo, même s’il est pratiqué à un niveau départemental, demande certains sacrifices. Si les coureurs se les imposent volontairement, leurs femmes, elles, les subissent. "Heureusement, elles sont très sportives. Si on arrive à les faire monter dans les voitures, c’est gagné" ajoutent-ils malicieusement.
LES BÊTES NOIRES DU PELOTON - "Ils raflent tout", se plait-on ici ou là. De fait, ces charmants garçons deviennent impitoyables lorsqu’ils sont sur leur bécane. Mais, c’est surtout une certaine envie qui teinte cette remarque. Car, très honnêtement, nombreux sont les cyclistes qui souhaiteraient faire partie de cette sacrée famille originaire de Bretagne (tiens, tiens) et établie dans le Nontronnais depuis plus de vingt ans.
- "On nous appelle aussi les Dalton... Ceux qui pédalent plus vite que leur ombre" murmure l’un deux, non sans fierté.
DU BALLON ROND A LA PETITE REINE - Sans constituer réellement un tour de force, un entretien avec les Dutertre au grand complet relève de la gageure. Rires, plaisanteries, calembours fusent à tous propos, à tout moment. Mais, quand on leur a vu plus souvent le numéro du dossard que le visage (et pas plus tard que dimanche dernier), les avoir enfin en face, tous réunis, est un véritable petit privilège.
- "Vous verrez, ils n’engendrent pas la mélancolie" nous avait prédit Rolland Richon, photographe de Sud-Ouest à qui nous devons l’obligeance de les avoir réunis sous son toit. L’avertissement était bien en-deçà de la vérité...
- "En fait, si on fait du vélo, c’est surtout pour le plaisir de se retrouver tous les dimanches. On est heureux tous ensemble " affirment-ils. Et même Patrick le plus jeune, footballeur il y a deux ans encore, s’est mis, lui aussi à la petite reine. "Pour être avec les frangins" dit-il simplement.
- "Et maintenant, c’est le plus fort de nous tous !" s’écrient les quatre autres.
PLUS DE TRENTE VICTOIRES L’ANNÉE DERNIÈRE - Ce sont plus de trente bouquets qu’ils ont offert à leur femme, l’année dernière, à eux cinq. Mais si Michel n’a gagné qu’une fois, c’est à une dizaine de reprises que Daniel, l’aîné a franchit victorieusement la ligne d’arrivée.
- Les succès qui leur ont fait le plus plaisir ? Tout d’abord, le Championnat d’Aquitaine des sociétés à Libourne. Cette épreuve, disputée par équipes de cinq coureurs, a vu Daniel, Guy et Patrick, associés à Jacques Martin et Michel Lafagne, décrocher, sous les couleurs de leur club, le Cyclo-Club Nontronnais, le titre de meilleure formation de la région en FSGT, malgré la crevaison de Guy en fin de parcours. "Il a dû faire exprès de percer. Il n’en pouvait plus... taquine Daniel. Quand ça s’est produit, on ne sait qui a exhalé le soupir : Guy ou son boyau" insiste-t-il.
- Et puis, toujours en 1980, le Championnat de Guyenne, à Paillet (Gironde). Les Dutertre n’ont laissé à aucun autre coureur l’honneur de monter sur le podium. Daniel, Guy et Patrick terminèrent dans cet ordre. Patrick est aussi Champion de Dordogne.
- "On dit que nous sommes des grimpeurs. Ce n’est pas vrai. Dans les bosses, on arrache. C’est tout, mais ça fait mal aux pattes" confient-ils
Daniel et Guy les deux frères ainés des Dutertre
LA PREMIÈRE COURSE - Daniel et Guy se souviennent. Leurs yeux brillent. De joie, d’émotion ? Allez savoir avec ces pitres... Ils étaient cadets à l’époque. C’était à Saint-Front la Rivière. Papa Dutertre les avait convaincus : "Vous êtes costauds. Vous devez gagner, il suffit de prendre les virages en tête du paquet". Avec cet objectif, les deux gamins motivés et survoltés, provoquèrent deux faux départs. Puis, très rapidement, sombrèrent corps et biens.
- « Fallait nous voir, dit Guy. En short, chemisette et godasses du dimanche sur des vélos qu’on avait sorti du grenier. Tenez, les cale-pieds, on ne les a même pas serrés : on ne savait pas à quoi ça servait. » Pour un coup d’essai, ce ne fut pas un coup de maître et cette première course fut la dernière de la saison.
LES FOINS ET LES VACHES - Plus tard, ils se sont mis sérieusement à faire du vélo. "On partait dans une 2 CV camionnette" rappelle Guy. Ça y est, l’euphorie reprend ses droits, bousculant la nostalgie et la mélancolie qui planèrent un instant.
- "On se tassait derrière, à cinq ou à six avec les femmes et même un bébé. De temps en temps on ouvrait la portière arrière pour avoir un peu d’air frais. Et des fois, on amenait un copain" surenchérit Daniel.
- Et de déballer, pêle-mêle, les souvenirs les plus lointains et les plus croustillants. La période des foins que l’on faisait avant d’aller courir. Et en rentrant, les vaches à traire.
- Car tous les cinq travaillaient à la ferme paternelle. Et Michel précise : "Quand on était jeune, tout était prétexte à la rigolade. Je ne me souviens pas d’un jour qui ne se soit passé sans rire".
LE DOPING - Alors là, c’est le plus formidable tohu-bohu qu’il nous ait été permis d’entendre cette soirée là. Et pourtant... "C’est vrai qu’on nous soupçonne plus ou moins de prendre des trucs". Mais chaque fois qu’ils ont été contrôlés, l’examen fut négatif. Notre seul stimulant, c’est d’essayer de faire mieux que le frangin qui est devant.
ALORS CETTE MAFIA ? - "C’est faux, contestent-ils. On court sans tactique. Au départ, c’est chacun pour soi. Mais en cours de route, si l’un d’entre nous est en difficulté ou si un autre coureur essaie de s’intercaler, alors là, c’est l’union sacrée", expliquent-ils.
- Voilà bien là, la façon de courir des Dutertre ! La saison vient tout juste de commencer et ils sont déjà au premier plan. Les Dutertre, c’est comme les doigts d’une main : ils sont cinq, différents mais solidaires.
Christian François
1982 (les vainqueurs à Nontron) Cyclo-cross de Poperdu : Jean-Yves Plaisance (VC Ponchâteau), Prix des marronniers : Bruno Ouvrard (VC Leroy Somer), Prix du 14 juillet : Eric Vouillat (EVCC Bergerac). Jean-Yves Béneyrol gagne à Saint-Astier, Etouars et à Varaignes. Gouraud premier à Gouts, Boris Gilardie premier à Bussière-Badil et à Eyzerac.
Coureurs Nontronnais de cette période : Jean-François Dupuy, Biniecki, Lionel Sallat, Béneyrol, Rebeyrol, Géraud, Dutertre, Gouraud
Organisations cyclistes de l’UC Nontron en 1982 : Champniers-Reilhac (cyclo-cross), Abjat sur Bandiat (cyclo-cross), Nontron Poperdu (cyclo-cross), Javerlhac, Piègut (Champ de foire), Nontron le Marronnier, La Chapelle Saint-Robert, Vieux-Mareuil, Boucles du Bandiat, Rossignol, La Maladrerie, Nontronneau, Le Bourdeix, Gouts, Saint-Barthélémy de Bussière (deux courses), Nontron (14
juillet), Beaussac, Saint-Saud, Javerlhac frairie, Champniers-Reilhac, Rudeau-Ladosse, Augignac, Champeau, Variagnes (deux épreuves), Piègut, Abjat sur Bandiat (septembre) soit 28 épreuves.
1983 (les vainqueurs à Nontron) Hervé Fontenoy (AC Baignes-Barbezieux), Nocturne de la ville : Jean-Yves Béneyrol (ASPTT Périgueux)
Le Cyclo-Club Nontronnais du président Trioux (en médaillon) affilié en 1983.
- Fondation du Cyclo-Club Pédale de Nontron le 29 octobre 1983. Né de la fusion du CC Nontron de et de la Pédale de Nontron. Président : Paul Chabaud.
- Jours cyclistes de Maurice Jouault avec étape Nontron-Mareuil
- Eric Raud premier à Allemans, Eric Géraud vainqueurà Fouleix, Guy Thomas à Etouars et Patrick Dutertre à Sceau Saint-Angel.
Coureurs Nontronnais de cette période : Xavier Volozinskis, Laurent Labrousse, Jean-François Faure, Patrice Géraud, Bernard Raud, Christian Géraud, Norbert Géraud, Eric Raud, Boris Gilardie, Thierry Chamouleau, Emile Faure, Raymond Pauillat, Claude Montalescot, Guy Thomas, Michel Garraud, Francis Denard, Jean-Paul Bourgeois, Jean-Pierre Michel, Bruno Lagarde, Jean-François Dupuy, Jacques Martin, Patrick Dutertre, Daniel Dutertre, Gérard Dutertre, Michel Dutertre, Alain Loubiat, Jean-Pierre Gorju, Claude Chaulet.
1984 (les vainqueurs à Nontron) Victor Melchior (RC Mussidan), Jean-Yves Béneyrol (ASPTT Périgueux)
Coureurs Nontronnais de cette période : Jacques Trioux, Michel Duterte, Guy Thomas, Jacques Martin, Xavier Pichon, Bruno Lagarde, Michel Garraud, Jean-François Dupuy, Christian Géraud, Jean-Paul Bourgeois, Patrick et Daniel Dutertre, Jean-Pierre Michel, Claude Montalescot, Jean-Michel Montalescot, Patrick Vautour, Raymond Pauillat, René Dijoux, Jean-Marie Béneyrol, Gérard Dutertre, Emile Faure, Christophe Deniaud, André Commerie, Michel Antignac.
(attention toutes catégories y compris cyclo-sportifs et vétérans)
Daniel Dutertre premier à Lacaujamet, Jean-François Dupuy à Anlhiac, Guy Thomas à Saint-Martin le Pin puis à Varaignes.
Supporters de Frédéric Brun à Nontron en 1985 lors du passage du Tour de France
1985 (les vainqueurs à Nontron) Bernard Raud (CC Périgueux), Nocturne de la ville : François Stevens (US Chevigny) nocturne
- Jours cyclistes de Maurice Jouault avec étape Augignac-Nontron remportée par Alain Foury (Ile de France) CS/Vét.
A noter qu’à cette époque, Maurice Jouault était licencié à Nontron.
Passage pour la troisième fois du Tour de France le 19 juillet 1985.
- Montpon-Limoges (225 kms). Contrôle départ place Clémenceau à Montpon. Départ sur la sortie de la ville en direction de Saint-Barthélémy de Bellegarde, Echourgnac, Ribérac, Verteillac, Mareuil, Nontron et direction la Haute-Vienne puis passage aux Trois Cerisiers (commune de Miallet). Le Hollandais Johann Lammerts signe la victoire à Limoges, Hinault en jaune.
Paul Chabaud président du CCP Nontron. Daniel Dutertre gagne à Bertric Burée.
- Et si vous détenez des photos ou des reportages sur le cyclisme du Nontronnais, vous pouvez m’adresser par mail vos documents pour en faire profiter tous les lecteurs.
LA DORDOGNE CYCLISTE - NONTRON ET SON CYCLISME 12 - © BERNARD PECCABIN
La mémoire du cyclisme en Dordogne et pour voir des photos du cyclisme d'hier
Cliquez sur https://www.facebook.com/bernard.peccabin/
Prochain article : le cyclisme à Nontron de 1986 à 1990