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RETRO VELO DORDOGNE
18 février 2020

MICHEL BRUN - SAISON 1950

LA SAISON DE MICHEL BRUN ET VIVIER DEVIENT MILITAIRE

Carrière de Brun

Relire la publication précédente sur Jacques Vivier son équipier.

Pgx-Brive-Pgx

Départ de Périgueux-Brive-Périgueux (Prix Lafond)

 

- Après Marius Duteil et Jacques Vivier, place à Michel Brun le troisième larron de cette équipe Mareuillaise, licenciée au CA Ribéracois. En cette saison 1950, Brun a été également présent dans tous les faits d’armes de ses deux équipiers. Brun avait débuté sa carrière par des courses de village où il se rendait le dimanche. Il se souvient d’ailleurs d’une des premières qui se passait à Saint-Sulpice de Mareuil et qu’il n’oublie pas de raconter à ceux qui lui demandent, comment est-il venu au vélo... ?
- Si Vivier a remporté plus de vingt succès en cette saison 50, Brun a été également très vaillant avec pas loin de quinze bouquets dont un chez lui à Mareuil, un à Périgueux avec le Prix Henri Lafond qui constitue une grande victoire dans une course à étapes, sans oublier celui de Brigueil le Chantre où il est rare qu’un débutant s’impose d’emblée.

1950 amateur Cycles Rochet (sociétaire au Club Athlétique Ribéracois) : Le Lardin, La Meyze (87), Mareuil sur Belle, Aubin (12), Nontron (Prix de Saint-Martial), 1° Saint-Vincent de Connezac, GP de Saint-Cybard à Angoulême, du GP Henri Lafond à Périgueux (vainqueur des deux étapes) lire ci-dessous reportage, 8° Championnat du Limousin route (1° Jacques Vivier), 2° Châlus (1° Rippe UCAP Angoulême), 3° Championnat du Limousin des sociétés (équipe du CA Ribérac avec Duteil, Brun et Vivier), 2° Nontron (1° Vivier), 2° Critérium du Centre (1° Vivier) reportage, 2° Saint-Estèphe (1° Vivier), 2° Pont de l’Hérisson à Angoulême (1° Vivier), 2° Brive (1° Vivier), 2° Prix la Gauloise à Périgueux (1° Duteil), 3° La Rochefoucauld, 2° Aubeterre, Brigueil le Chantre - lire reportage ci-dessous, 1° Ronde des Tours de France à Périgueux, 2° Piègut (1° Vivier), 2° Chalus, 2° Miallet.

photo 023

Arrivée du Prix Lafond à Périgueux en 1950 © Francis Duteil

PRIX HENRI LAFOND A PERIGUEUX
Le jeune espoir Michel Brun enlève les deux étapes
du Prix organisé par la Pédale Faidherbe

- Périgueux le 14 mai - Au Grand Prix des Cycles Lafond disputé en deux étapes, la course a pour ainsi dire appartenu de bout en bout à Brun et à Vivier. Les deux jeunes Ribéracois ont dominé le lot entier des concurrents le premier nommé surtout, puisque c’est lui qui enleva l’épreuve
- Dans la première étape Périgueux-Brive, parvenant à se détacher fort près de l’arrivée, Brun franchissait le poteau en avance de vingt mètres sur le peloton réglé par Brunie.
- Dans la seconde étape, Brive-Périgueux, Lajoinie échappé ayant été rejoint, Vivier, Delmas et Sautet traversèrent Sarlat en avance d’une minute sur le peloton. Sautet craqua, Vivier et Delmas atteignirent les Eyzies 2’05s avant les poursuivants. Puis au Bugue, Delmas ne pouvant à son tour, tenir l’allure imposée par Vivier, ce dernier dut poursuivre seul son chemin. A l’arrière, sachant le leader isolé, la chasse battait son plein. Aussi Vivier fut-il rejoint dans les rudes côtes de Rouffignac par Bernard, Duteil, Matrat, Commerie et Brun. Brunie ayant été auparavant distancé sur crevaison. Ces cinq hommes devaient accomplir le sprint à Périgueux, où Brun, bien emmené par Vivier réédita son exploit de Brive. Ces deux jeunes coureurs de 18 et 19 ans sont considérés, à juste titre en Limousin, comme les deux grandes révélations de l’année. On leur reconnaît une classe exceptionnelle. On attend avec curiosité de les voir à l’œuvre dans certaines classiques du Sud-Ouest, et l’on espère en Limousin qu’ils affronteront sous peu de grands routiers de Guyenne.
Première étape : 1. Michel Brun les 75 kms en 1h49’ sur cycle Rochet, 2. Brunie à 5 secondes, 3. Commerie, 4. Lacoste, 5. le peloton
Deuxième étape : 1. Michel Brun les 150 kms en 4h15’ sur cycle Rochet, 2. Bernard, 3. Commerie, 4. Duteil, 5. Vivier tous m.tps, 6. Martrat à 1’17s, 7. Sautet à 2’56s, 8. Mounet à 3’53s, 8. Lascaux, 9. Lacoste, 10. Delmas
Classement général : 1. Michel Brun (CA. Ribérac) sur cycle Rochet 2 points, 2. Commerie (Pédale Faidherbe) 6 pts, 3. Duteil (CA Ribérac) 10 pts, 5. Bernard (Limoges), 5. Vivier (Ribérac), 6. Martrat, 7. Sautet, 8. Lacoste, 9. Mounet, 10. Lascaux, etc...

Brun, Vivier, Dufraisse en 1950

Brun, Vivier et Dufraiise de gauche à droite

A 70 kms du but, BRUN (Ribérac) a tenté une folle entreprise
dans le 9° GP de BRIGUEIL LE CHANTRE QU’IL REMPORTE

- Des coureurs solides, pleins d’expérience, des rouleurs affirmés ont baissé pied et des 45 hommes qui prirent le départ, émergea un frêle jeune homme, Brun, lequel tenta une folle entreprise.
- Le jeune coureur de Ribérac partit seul à mi-course et jamais malgré ses efforts spasmodiques de ses adversaires les plus redoutables, il ne fut rejoint. Sans doute doit-on dire qu’il perdit de l’avance qu’il avait acquise et que son aîné et compatriote Duteil lui rendit grand service en freinant le peloton....
Mais ceci ne diminue en rien la victoire de Brun dont c’est cette année la 14° victoire.
LA COURSE
- Le train est vif dès le départ et les hostilités sont ouvertes. Vénien s’en va... Pas pour longtemps, Gunder et Béronneau ramènent le peloton. Et c’est de suite une autre offensive amorcée par Londéro, les Contarin, Béronneau, Gunder, Laborderie, Martineau, Lévêque, Texier, Colette, Leclerc, Vivier et quelques autres répondent et le peloton se scinde. Mais Vervialle emmène le second peloton et après une chasse sérieuse la soudure est faite au 28° km. A Azat le Ris, Vervialle passe en tête. Il y aura encore des escarmouches, mais à Lignac tout rentre dans l’ordre.
- Brun s’en va seul avant Bélâbre. Personne ne croit à cette fugue. Une raison pour le Ribéracois d’augmenter son avance. Toujours seul à Liget, il poursuit son effort et totalise plus de deux minutes sur de Mello, lequel est aux avants postes du peloton.
- A Montmorillon quelques hommes passent à la tête desquels on note Rippe, Duteil, Laborderie et Allory. Ce groupe semble assez fort pour reprendre Brun. D’autant plus que derrière Lévêque se relève, Londéro est lâché, ainsi que Martineau, Leclerc, Bidault et Pellé qui doit s’arrêter plusieurs fois. Le second peloton se rapproche du premier. Gunder dans le premier peloton est lâché. Vervialle s’en va seul du second peloton amenant Aubrun, Marino Contarin et de Mélo. Après quelques instants de chasse la soudure est réalisée. La situation est confuse à La Trimouille. Allory et Rippe emmènent le peloton, mais Duteil contrôle la bonne marche et bien que Brun oublié par tout le monde ait perdu quelque peu de son avance, il ne sera pas rejoint et triomphera sous les acclamations du public.
Le classement : 1. Michel Brun (Ribérac) les 135 kms en 3h40’, 2. Marino Contarin (Montluçon) à 1’10s, 3. Duteil (Ribérac), 4. Laborderie (La Rochelle), 5. Guitard (Limoges), 6. Aubrun (Gien), 7. Allory (Angoulême), 8. Rippe (Angoulême), 9. Vervialle tous m.tps que Contarin, 10. Colette à 2’10s, etc...
NOTA - Fin 1950, Vivier effectue son service militaire. Grâce à ses résultats sportifs, il bénéficie d’une affectation préférentielle. C'est-à-dire à Périgueux. Un endroit que "Dordogne Cycliste" connaît bien, ayant porté durant onze années le treillis dans cette même caserne, devenu beaucoup plus tard 5° Régiment de Chasseurs... Mais place à la lecture avec Jacques, dont la simplicité est remarquable devant le journaliste qui est venu le traquer jusqu’au parloir, en ce début de saison 1951...

INTERVIEW DE JACQUES VIVIER A LA CASERNE

- Quel sacré travail pour dénicher ce sympathique Jacques Vivier, champion du Limousin 1950 ! Je savais le trouver au 68° RAA à Périgueux, mais nos visites successives furent infructueuses. Mardi dernier, il faisait un temps à ne pas mettre un journaliste dehors, c’est pour cela que nous nous sommes rendus à la caserne assez éloignée du centre. Au poste de garde, j’apprends enfin qu’il est là, Jacques est consigné, tant mieux pour nous, tant pis pour lui. C’est en courant qu’il s’avance. Nous le savions excellent coureur cycliste, mais nous ne lui connaissons pas ses talents de crossman. La cour est grande et immédiatement nous constatons que le souffle est puissant.
"Alors, mon vieux, en forme ?

Vivier militaire

- Oui pas mal. Je n’ai pas à me plaindre. "
Le parloir fermé, nous avons le temps de détailler notre jeune interlocuteur. Un grand garçon de vingt ans, mince et grand (1,79m), au visage fin et ouvert, des yeux marron qui vous fixent très franchement. Un beau gars, châtain foncé à qui les filles de Mareuil sur Belle doivent rêver, veinard !...
Mais Jacques s’il pense aux filles, (c’est de son âge), pense surtout au vélo. Chaque individu à un violon d’Ingres, celui de Jacques Vivier a toujours été le vélo. Un drôle de gars le Jacques. A 14 ans sur un vélo routier à la fête de Saint-Sulpice de Mareuil ? il a disputé sa première course, mais cela en resta là. Etant apprenti tailleur, il n’avait pas les moyens de se procurer un beau vélo de course.
"J’ai toujours aimé le vélo, dit-il et quand je suis à bicyclette, j’oublie tout, plus de soucis, plus rien, seule la route compte, avancer toujours plus vite."
"Ma véritable course a été en fin de saison 1949. Le 15 août à Verteillac, j’avais réussi à me procurer un vieux vélo de course. A l’épreuve des jeunes, je fis deuxième derrière Brun et dans la course des As, je fis troisième derrière Duteil et Lascaux. "
- Duteil est un vieux renard du vélo, il a beaucoup de pratique et a flairé dans ces deux jeunes de futurs champions. Il ne s’était pas trompé.
"Il nous a pris en main Brun et moi et nous nous sommes faits inscrire au CA Ribérac".
- Il a une profonde admiration pour son entraîneur Duteil et son coéquipier Brun, qui l’ont amené à remporter les plus belles épreuves au cours de la saison 1950. Un trio difficile à dégommer et de qui on se méfiait quand ils étaient sur la ligne de départ.
- L’année dernière, alors que Jacques était un inconnu, en quelques épreuves, il acquit la réputation bien établie de fameux rouleur et grimpeur très endurant et dur avec lui-même. Le nom de Vivier revenait à chaque instant et il faillit être classé pour le GP des Nations, mais avouons qu’il était un peu jeune dans le métier. Ce n’est pas qu’il ne se serait pas bien placé, non ! Mais il y en avait d’autres avec des noms plus en vogue. Mais Jacques a l’intention et sa volonté ne nous fera pas mentir, de porter haut les couleurs du Périgord et de se frayer un passage parmi les As, qu’il compte affronter et cela sans peur.
- Il a eu bien peur cependant le Jacques, d’avoir perdu sa forme. Rentré à la caserne le 19 octobre, il n’a pas touché un vélo jusqu’à la fin décembre. Ca commençait à le démanger sérieusement d’autant plus qu’il s’était passablement empâté.
"Figurez-vous j’étais arrivé à 81 kilos. Aujourd’hui, j’en fais 75 et en pleine saison j’accuse 71 kilos. " Enfin après le 1° janvier, il fut autorisé à reprendre l’entraînement.
"Selon le temps, je fais 25 à 30 kilomètres sur la route et autant pour revenir après un court repos. Quand le temps est vraiment favorable, je fais cent bornes sans descendre. "
Mais Jacques a sa petite combine. Très souvent l’entraînement l’amène de Périgueux à Mareuil où il casse la croûte chez lui et revient en fin d’après-midi, 99 kms en deux étapes.
Nous abordons maintenant la saison 1951 et évidemment quand on est soldat, on ne peut trop faire de projets d’avenir, d’autant plus que son régiment est paraît-il appelé à quitter Périgueux pour l’Allemagne.
"Je tenterais de rester dans la région. Mon capitaine tient à ce que je courre le championnat militaire.
- Penses-tu remporter l’épreuve ?
"Je ferai l’impossible. Les concurrents ne sont connus que quelques semaines plus tôt.
Enfin je pense me débrouiller. "
- Et pour les épreuves civiles ?
"Si possible je les disputerai toutes si je reste dans la région.
- Actuellement comment la forme se présente t"-elle ?
"Je me sens mieux que l’année dernière. Ca tourne encore plus rond avec beaucoup plus de souplesse, et j’ai l’impression d’effectuer une belle saison"
Il appuie sur ce dernier passage, les yeux dans le vague des routes sinueuses qu’il entreprend d’attaquer, mais le dit d’une façon modeste.
La soupe vient de sonner. Une chaude poignée de main et nous le quittons. Il se retourne et nous revoyons son sourire optimiste, un sourire de vainqueur dans une tête intelligente et sans prétention exagérée, oubliant tout sur le vélo.

RÉTRO VÉLO DORDOGNE – MICHEL BRUN (1950) © BERNARD PECCABIN
Prochain épisode : 1951 Le trio passe chez Royal-Fabric

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