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RETRO VELO DORDOGNE
21 février 2020

MICHEL BRUN – SAISON 1951

1951 - CHEZ ROYAL FABRIC

- Relire la publication précédente. (la saison de Jacques Vivier)

- Michel Brun d’un tempérament moins robuste que Vivier n’a pas le feu sacré de son camarade, mais il n’en possède pas moins des qualités remarquables. Cette saison 1951 restera gravée dans les annales de leur club. Brun accompagne de plus Jacques Vivier, son ami et leader à la Route de France, au Circuit du Cantal, cumule de nombreux succès (lire palmarès) réalise un beau Tour de Dordogne et surtout un Prix Lafond où il a écrasé la course de par sa présence.
- Toujours est-il que le trio s’entend comme des larrons en foire. Duteil on a vu a réalisé une belle saison, tout comme Vivier, si bien qu’il naît un petit différend entre les habitants de Mareuil, qui pestent contre les journaux qui mentionnent lors des classements le club de Ribérac, alors que ce sont des enfants de Mareuil qui se distinguent... (lire en bas de cette publication).

photo 023

Michel Brun vainqueur au Grand Prix des cycles
Lafond à Brive terme de la 1° étape

1951 indépendant Chez Royal-Fabric (Club Athlétique Ribéracois) : 1° Saint-Front de Pradoux, 1° Prix de la foire exposition à La Force, 1° Mareuil sur Belle, 1° Brigueil le Chantre, 1° Saint-Bonnet sur Briance, 1° Montpon sur l’Isle, 1° Oradour sur Vayres, 1° du GP des cycles Lafond à Périgueux (vainqueur d’une étape), 1° d’une étape de Loire-Océan, 1° Aix sur Vienne, 1° indépendant au GP de La Couronne, 1° La Rochette-Saint-Angeau, , 1° du Grand Prix Brivor à Brive, 1° du GP du Populaire à Limoges, 2° du Circuit du Cantal (1° Vivier), 1° Grand Prix d’automne à Limoges patronné par la Populaire du Centre, 2° du Tour de la Dordogne (1° Dolhats), 3° Championnat du Limousin route (1° Marcel Guitard), 1° Circuit Aixois, 2° Prix Antonin Reix à Saint-Junien (1° Pineau Agen).

PRIX D’AIXE SUR VIENNE (reportage).

- Ce sont 45 coureurs qui prennent le départ, parmi les quels ce que l’on appelle les plus costauds de la région (Vivier, Dufraisse, Rigout, Danguillaume, Bernard, etc...). On passe sur la première partie de la course, certes riche en péripéties pour aller directement sur le 7° des dix tours que comporte cette 16° édition. A ce moment là il ne reste plus en course que les grands et la course continue de s’animer.
- La côte du Portail nous montre un Dufraisse magnifique d’aisance. Aussitôt après, Vivier met le feu aux poudres. Il a pris vite 100, puis deux cent mètres. Brun tente de le rejoindre mais Dufraisse ramène. Rigout démarre, suivi par Duteil à qui Commerie emboîte le pas. A Aixe, Vivier a 1’05s sur le peloton que Commerie mène à vive allure, mais duquel Rigout a disparu. Une crevaison aux Charmettes l’a stoppé. Vivier perce et le peloton le dépasse. Au sommet de la côte du Portail, Danguillaume attaque. Brun saute dans sa roue, imité aussitôt par Commerie et Dufour tandis que Marinier paye ses efforts. Vivier passe cette fois mais avec 40 secondes de retard, Rigout avec 1’30s.
- Après la côte Vivier force l’allure. Bien posé sur sa machine, avec une régularité mécanique, il appuie sur les pédales. Le compteur de notre voiture monte jusqu’à 50 et 70 dans la descente sur la gare de Beynac. Sans se désunir, Vivier accélère encore et rejoint au moment où Danguillaume, Commerie, Bernard et Dufraisse démarrent successivement. D’ailleurs jusqu’à Aixe les démarrages se succèdent.
- Au 9° tour, avant la gare de Beynac, Dufour prend le large et il aborde le dernier tour avec 200 m d’avance sur le peloton que Vivier et Bernard conduisent. Nous apprenons que Rigout abandonne, une seconde crevaison étant venue l’handicaper. Fourgeaud en avait fait de même après l’arrêt d’Auvert. Le dernier tour emprunte une autre boucle, celle de la côte de Verneuil, abordée par le peloton tout entier, fort de seize hommes que nous allons retrouver à l’arrivée.
- C’est R. Danguillaume qui le premier met le nez à la fenêtre. Le peloton s’étire, Barruche puis Simon sont lâchés. Aussitôt après Dufraisse démarre, suivi par Vivier et Brun. Les trois plus forts sont en tête. C’est logique, Bernard essuie une légère défaillance au moment de l’attaque décisive. Les autres ne peuvent suivre le train imposé par Dufraisse, qui pousse un peu plus fort dans la traversée de Verneuil. Dans la côte, le gars de Razès semble le plus fort, mais les deux Ribéracois sont derrière lui. A Landouge nous pointons Dufraisse, Vivier et Brun. Plus loin Commerie, Duteil, Danguillaume. Ensuite Hébras, Thouard, Bernard, Dufour Danguillaume Marcel, Aufort, Lambert, Raynaud et enfin Barruche et Simon. Dans la dernière descente sur Aixe, Brun s’échappe alors qu’il mène devant Vivier qui à l’arrivée réglera Dufraisse au sprint...
Le classement : 1. Michel Brun (CA Ribérac) les 145 kms en 4h13’, 2. Jacques Vivier (Ribérac) à 30s, 3. Dufraisse (UV Limousine) m.tps, 4. R. Danguillaume à 1’36s, 5. M. Danguillaume à 2’00s, 6. Marius Duteil (Ribérac), 7. Commerie, 8. Bernard, 9. Dufour, 10. Raynaud, etc...

photo 30

Michel Brun en tête en haut de la côte de Rouffignac lors du Prix Lafond
(Périgueux-Brive-Périgueux)

GRAND PRIX D’AUTOMNE DU POPULAIRE DU CENTRE.

- Le trio Ribéracois contrôle le GP d’automne et Michel Brun triomphe au sprint à Limoges devant Renaud, Réjasse qui fit une course sensationnelle et Rippe. Ce grand prix d’automne, revanche des Boucles de la Gartempe a connu le succès que l’on était en mesure d’en escompter. Un lot important de coureurs, tant par le nombre que par la qualité se sont livrés un duel sans merci au cours duquel les meilleurs ont triomphé. Quarante coureurs sont rassemblés devant la Plage (route d’Aixe) et l’appel commence. Il y a des défections, mais tout à coup un cri : voilà Jean-Marie. En effet Cieleska qui avait pris un taxi arrive une minute avant que le départ ne soit donné et déjà des groupes discutent ! C’est un sérieux client, il va falloir s’en méfier !
- Nous allons directement à 50 kms du but où seize hommes sont en tête. Les attaques fusent de partout. C’est d’abord Michel Brun qui tente de partir, protégé par Vivier et Duteil. Aussitôt après Cieleska tente de prendre le large, rien encore. C’est au tour du jeune Réjasse de partir, celui là personne ne s’en méfie. Renaud saute dans sa roue et ça y est le trou est fait. Dufraisse tente de ramener le peloton sur les deux fuyards, Brun sentant le danger tente à son tour de fausser compagnie au peloton, mais celui-ci veille...
- A Nantiat nous notons les positions suivantes. En tête Réjasse et Renaud, à 1’50s le peloton. A Chamboret, Dufraisse crève, mais il fera un retour sensationnel sur le peloton véritablement déchaîné. Réjasse et Renaud tiendront-ils jusqu’à Limoges ? Ils se relaient parfaitement, mais visiblement ils souffrent. A Conore, Brun très frais démarre sec. Aymard et Rippe sautent dans sa roue, Aymard ne tiendra pas longtemps le train et sera réintégré dans le peloton. Dans Fregemont les deux premiers maintiennent leur avance, soit 500 mètres sur Brun et Rippe, mais en haut de la Poitevine, ils se font rejoindre. Dès lors la course est jouée. Nos quatre gaillards se présentent sur le stade municipal et Brun le plus frais des quatre gagne au sprint.
- Brun nous disait à l’arrivée : "Il fallait être très bien pour gagner, je crois qu’aujourd’hui on ne dira pas que c’est le hasard qui l’a voulu". En effet, disputé à 39 km de moyenne, ce Grand Prix d’Automne a été vraiment une revanche des boucles de la Gartempe, mais aussi peut-être une revanche du championnat du Limousin. Il nous a permis de connaître un homme en le jeune Réjasse qui sut tenir jusqu’au bout en compagnie de Renaud, malgré la meute déchaînée à leurs trousses.
Le classement : 1. Michel Brun (Ribérac), 2. Renaud, 3. Réjasse, 4. Rippe, 5. Vivier, 6. Aymard, 7. Girard, 8. Forlini, 9. Bernard, 10. Lintilhac, 11. Duteil, 12. Dufraisse, 13. Le Floch, 14. Mancicidor, 15. Frankowski, etc...

photo 026

Marius Duteil, André Commerie et Michel Brun lors du protocole
à Périgueux du GP des cycles Lafond

 VIVIER, BRUN et DUTEIL ONT RÉPARÉ UNE LACUNE DU GUIDE MICHELIN
Ils ont appris aux français à connaître Mareuil !
(Rififi entre Mareuil et Ribérac).

- Mareuil sur Belle petit bourg de huit cent âmes, se tasse gentiment  dans sa vallée sur la route nationale Périgueux-Angoulême. Rien de particulier n’en retient l’attention sinon, pour quelques initiés qui aiment le charme des vieilles pierres, les ruines d’un vieux château historique, seul témoin d’époques définitivement révolues. Tout y respire le calme et la tranquillité. La vie s’écoule là comme dans tant d’autres bourgades de France, sans grandes passions, sans heurts violents, suivant le rythme lent et sûr de la campagne.
- Rien donc ne semblait devoir signaler Mareuil au monde extérieur puisque même dans le guide Michelin actuel, édité en 1948, Mareuil fut proprement oublié.
- Et cependant depuis deux ans, mais surtout en cette année 1951, trois hommes du pays se sont chargés de porter haut et loin le nom de notre petite cité.
- Quel est le fervent du cyclisme ou même le profane qui n’a entendu parler du "célèbre trio Ribéracois", composé des non moins célèbres coureurs Duteil-Vivier-Brun. Ribéracois ? soit... Les Mareuillais ne sont pas jaloux et reconnaissent volontiers que le club cycliste de Ribérac, auquel appartiennent nos trois champions, a fait beaucoup pour eux, mais nos bons amis de Ribérac ne nous en voudrons pas si, quand même, nous revendiquons un peu de leur gloire pour notre clocher.
- Quel est celui qui pourrait dire à coup sûr combien de fois ces trois noms furent cités dans les journaux et à la radio ? Il n’est guère de dimanches d’été sans que nos amis de radio Limoges ne nous aient claironné une victoire de l’un d’eux et guère de lundi où leurs noms ne fussent étalés dans le titre des comptes-rendus, donnés par les éditions sportives.

Brun

- Ils ont remporté cette année une quarantaine de victoires dans plus de dix départements. Des vraies, des solides. Nous ne voudrions vexer ni critiquer personne, mais il nous est tout de même permis à nous, Mareuillais de dire que notre trio n’a remporté en effet que des victoires qui comptent.
Certes, nos trois hommes ne marchandent pas leur peine. Ils n’hésitent pas à aller se mesurer aux gros bras du cyclisme, aussi pouvons nous dire qu’ils sont connus de tous les grands champions.
- Trois hommes ? Ne devrait-on pas plutôt dire un homme et deux gamins, car si Duteil marche allégrement sur ses 37 ans, Jacques Vivier a eu 21 ans le mois dernier et Michel Brun n’a encore que vingt ans et demi.
- Inutile d’ailleurs de les présenter plus amplement. Chacun sait que Duteil, coureur régional, réputé et connu dans tout le Sud-Ouest, l’homme sérieux et posé, consciencieux, aimant son métier de coureur cycliste, le pratiquant avec cœur et honnêteté, celui qui en presque vingt ans de compétitions, a passé plus de 350 fois la ligne en vainqueur, a pris sous sa coupe, voici deux ans, les deux petits débutants qui ont mis en lui toute leur confiance. C’est lui qui leur a imposé un programme d’entraînement, qui leur a appris ce qu’ils connaissent du sport cycliste. C’est grâce à ses judicieux conseils que les deux gosses ont monté si rapidement dans l’échelle des valeurs et ont glané tant de lauriers ainsi d’ailleurs qu’un joli pécule.
- Il les aime bien ses petits et lui, l’homme à l’apparence froide et impassible, a eu plus d’une fois les larmes aux yeux en les voyant remporter de grandes victoires. En revanche eux aussi l’aiment bien, ils savent ce qu’ils lui doivent. Pour eux il est le patron et l’ami qu’ils estiment et écoutent religieusement. Pas question de discuter quand "M’sieur Duteil" a parlé et malgré leurs succès, malgré leur gloire, ils ne font rien que "M’sieur Duteil" n’ait approuvé. C’est lui le cerveau de l’équipe, eux sont les exécutants.
- La saison 1951 se présentait d’une façon incertaine du fait que Vivier accomplissant son service militaire, n’aurait peut-être pas la forme de l’an passé. Il eut la chance de trouver des chefs sportifs qui lui permirent de s’entraîner. Il les récompensa de la plus belle et de la plus élégante manière, en leur remportant le titre de Champion de France Militaire, ce qui, vous n’en doutez pas, fit grand bruit dans la caserne.
- Outre ce titre de champion de France, il en ramena un autre dont le retentissement fut grand, non seulement dans sa région, mais aussi sur le plan national. Il gagna la Route de France réservée aux espoirs de moins de 25 ans. Quinze étapes, 3 000 kilomètres. Il prit le maillot jaune dès la quatrième étape et le conserva envers et contre tout jusqu’à Paris. Quel beau rêve pour un gamin de 20 ans ! Tourner sur la piste du Parc des Princes devant 30 000 spectateurs avec le maillot jaune sur les épaules et le bouquet du vainqueur sur le guidon. Les millions d’auditeurs de la radio nationale apprirent ce jour là que Mareuil sur Belle comptait dans sa population un authentique champion.
- De son côté, Michel Brun, longtemps handicapé par un genou récalcitrant, fit de très belles choses. Ses victoires dans le Grand Prix Lafond (deux étapes), Loire-Océan (une étape), Grand Prix Brivor à Brive (210 kms), les boucles de la Briance (150 kms) et celle du Populaire du Centre à Limoges (180 kms), toutes remportées devant des professionnels cotés, furent les plus marquantes d’une bien belle série.
- Nos deux compères, qui s’entendent comme larrons en foire, terminèrent magnifiquement leur saison, en remportant détaché (Vivier 1°, Brun 2°) le Tour du Cantal (250 kms) qui compte parmi les classiques françaises. Tous deux battirent le record de l’épreuve détenu précédemment par Duteil lui-même ne voulant pas être en reste, s’en fut gagné seul à Limoges et à Poitiers. Il eut d’autres places de premier à son actif et aussi quelques places de second derrière l’un ou l’autre car il arrive souvent que notre trio classe deux hommes ou même les trois aux places d’honneur.
- Et maintenant la saison est finie. Les lampions sont éteints. Duteil gère son magasin de cycles, Michel Brun a repris le volant du camion paternel et effectue des transports. Quand il fait beau, le maître et l’élève vont à la chasse ensemble. Vivier est toujours militaire mais on le voit souvent à Mareuil.
- La gloire ne leur a pas tourné la tête. Ils sont restés les deux bons petits drôles, simples, corrects et affables qu’ils étaient. Et pourtant ils ont reçu de belles propositions de grandes maisons de cycles. Notamment du plus grand directeur sportif de France lequel s’y connait en champions.
- Nous croyons pouvoir dire qu’étant donné leur âge, ils préfèreraient rester encore une saison dans la région pour parfaire leurs connaissances. Ils monteront encore probablement leurs fidèles "Royal-Fabric" qu’ils ont déjà si souvent conduites à la victoire.
- Mais d’ores et déjà, leur renommée a franchi les limites régionales et la semaine dernière la firme française qui fabrique les fameuses chaussures cycles "Dep" que portent les grands champions et avec lesquelles ils ont remporté toutes leurs victoires, a offert un déjeuner à notre trio. Déjeuner au cours duquel des contrats de publicité furent signés et où il fut question de créer pour la prochaine saison un modèle "compétition spéciale Vivier".*
-
Rançon de la gloire ! Rançon de succès passés ! Puissent cette gloire et ces succès se confirmer dans l’avenir. C’est sans doute leur vœu le plus cher, ce sera aussi celui de tous leurs amis.

Camille MATHONNIERE (Mareuil)

RÉTRO VÉLO DORDOGNE – MICHEL BRUN (1951) © BERNARD PECCABIN
Prochain épisode : 1952 Les jeunes ne veulent pas se passer du vieux Duteil

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