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RETRO VELO DORDOGNE
29 janvier 2020

PERIGUEUX (1900-1912) - SON HISTOIRE CYCLISTE

AVEC LUCIEN PETIT-BRETON

Petit-Breton garage

Le garage de Petit-Breton sis à l'emplacement de l'actuelle Poste

 PETIT-BRETON S’INSTALLE A PERIGUEUX

- Nous avons lu dernièrement les premiers pas du cyclisme à Périgueux, c'est-à-dire de 1885 à 1900. Et dans cet article nous en étions restés au retour de Petit-Breton d’Argentine et à son arrivée au Vélo-Club Levallois en Région Parisienne. "Dordogne Cycliste" vous présente la suite, avec les circonstances qui ont amené Petit-Breton jusqu’à Périgueux... Des circonstances que l’on doit à la direction de chez Peugeot, sa marque de cycles...
Relire l'article précédent : Périgueux et le cyclisme à la fin du 19° siècle

PB

- Après l’arrivée du Tour de France en 1908, le champion réside au Quartier latin. Mais il aspire à "faire une fin" pour s’établir commerçant en province. Petit-Breton pense donc à son avenir et en même temps à son mariage. Ayant connu la maison Peugeot en Argentine, il souhaite ouvrir une agence à Nantes, près de sa région natale. Mais chez Peugeot on le fait attendre, avant de lui proposer en 1908 l’agence de Cognac ou celle de La Rochelle. Rendez-vous est pris avec un représentant de la firme de Cognac, mais ce dernier modifie le programme et lui demande de le rejoindre à Périgueux. "Je suis allé à Périgueux" écrit Lucien le 15 septembre 1908 à sa future épouse. "J’ai étudié l’affaire sur place. J’ai cru voir qu’elle était très bonne à tous points de vue. Je l’ai préférée aux deux autres et adoptée définitivement. J’ai arrêté mon magasin et notre future demeure ainsi que mon atelier momentanément. L’appartement se trouve au-dessus et comprend six pièces, cuisine et cabinet. C’est un très joli pays. Le tout me donne droit à deux caves et aussi à deux mansardes pour le prix de 1500 francs. J’ai également arrêté un employé très intéressant, Monsieur Ribes, qui est encore chez l’agent actuel de Peugeot"(…)
- Et voilà, comme simplement le hasard a conduit Petit-Breton à Périgueux Son esprit d’à-propos l’a fait se décider en quelques heures. Le 15 octobre 1908, il emménage seul. Lucien vient juste d’avoir 26 ans. Le mariage avec Marie-Madeleine Macheteau, "une payse" a lieu le 24 novembre 1908. Son père est chapelier à Vallet en Loire Inférieure. Une nouvelle existence commence à Périgueux. Une petite Lucie naîtra en octobre 1909.
- Leur réussite commerciale est grande et la succursale Peugeot de la Place du 4 septembre, (cycles, motocyclettes, voiturettes et réparations) prend une très rapide extension. Une nombreuse et bientôt fidèle clientèle fréquente le magasin de la place du 4 septembre(5). Au coin de la rue du 4 septembre, elle achète et fait réparer chez Petit-Breton(6). En face, au coin de la rue Louis Mie et de la place, s’élève l’Hôte du Commerce(7) de Louis Didon(8), "maître d’hôtel" (comme il aime se nommer), passionné d’automobile(9) comme on l’a déjà lu, mais aussi de tourisme, d’histoire et d’archéologie et enfin de préhistoire.
(5)aujourd’hui Place André Maurois ou plus communément appelée place des jets d’eau.
(6)
c’est à peu près à cet emplacement que sera bâtie beaucoup plus tard (vers 1924) la Poste de Périgueux. Guy Penaud mentionne un terrain acquis par la ville à la famille Lacoste. Les lieux seront cédés à l’Etat avec une partie des terrains de Sainte-Ursule en 1924 pour faire édifier, par l’architecte Paul Cocula, l’hôtel des Postes que nous connaissons, inauguré en 1931 par Georges Bonnet, ministre des PTT depuis 1930.
7)L’hôtel du Commerce, ouvert en 1883, prend alors le nom d’Hôtel du Commerce et des Postes. Il sera kommandantur durant l’occupation, entouré de chevaux de frise en 1944 et démoli en 1965 pour construire un grand immeuble. Aujourd’hui l’emplacement de l’hôtel du commerce de Louis Didon est occupé à son rez de chaussée par une supérette, qui elle-même remplace l’ancien magasin d’articles ménagers (Télé Confort Thermique), séparé de la Poste par le chêne de la Paix.
(8)Louis Didon (1866-1927) est connu pour ses fouilles aux abris Blanchard et Labatut à Sergeac en 1910 et 1912. Il participe depuis 1890 aux activités du Véloce-Club Périgourdin qui deviendra l’Automobile-Club du Périgord. Il a concouru dans la course d’automobiles de 1898 (Périgueux-Mussidan-Bergerac-Le Bugue-Périgueux). Grand collectionneur, il a légué d’importantes archives aux archives départementales.
(9) il a une Léon-Bollée, puis une De Dion-Bouton.

- A vrai dire la succursale de Petit-Breton se situait près du siège du Véloce-Club Périgourdin. Dans la vitrine de sa boutique(10) on pouvait voir sa machine Peugeot, avec laquelle il venait de remporter le Tour de France long de 4487 kms à 28,740 km/h de moyenne.
(10)elle devait se situer en face de l’actuelle Poste, dans l’immeuble dont le rez de chaussé est actuellement occupé par une blanchisserie.

 LA VIE DE PETIT-BRETON APRES SON INSTALLATION

Le Toulon

Sortie des ateliers du Toulon à Périgueux

- Petit-Breton s’ennuie un peu à Périgueux et dans son garage. Il s’intéresse alors à l’aviation et veut passer son brevet de pilote. Il a rencontré l’aviateur Eugène Lefèvre, venu plusieurs fois évoluer au-dessus de Périgueux-Aviation à Chamiers. Nous sommes en 1909 et en juillet de cette année là, Blériot va traverser la Manche. Petit-Breton a alors moins de trente ans, un âge d’or pour un champion. Dès le printemps de cette année 1909, il se décide pour combler l’ennui, de reprendre la compétition. Il enchaîne les courses, mais aussi déboires après déboires : pluies torrentielles, mal aux reins ou aux genoux, poussières aveuglant le coureur, chutes nombreuses provoquées par un matelot ivre, un chien errant, un concurrent maladroit, un suiveur encombrant, une fillette inattentive, un pavé trop saillant, sans parler d’accusations d’attente avec des concurrents, des retards au départ, abandons, etc… Une guigne en quelque sorte imméritée, car Petit-Breton est méticuleux au point d’emporter sa bicyclette dans sa chambre d’hôtel.
- Des coureurs nouveaux sont là, dont Henri Pélissier qui rappelle aux connaisseurs le Petit-Breton d’il y a quelques années. Comme lui, c’est un élégant mousquetaire. Petit-Breton reste populaire malgré ses échecs ou peut-être à cause d’eux. Le commerce de Périgueux, confié à son épouse et à son frère Paul avec qui il est parfois confondu, est de plus en plus florissant. Il acquiert une villa à Boulogne sur Seine, pour aller s’entraîner au bois, puis un domaine dans le Morbihan.
- A Périgueux pendant ce temps le Véloce Club constituait l’unique association cycliste. On s’ennuyait un peu en son sein, car seule la préparation militaire constituait l’objectif de cette période.

Petit-Breton après une course

Petit-Breton lors d'une course avec son épouse et sa fille

 PETIT-BRETON FORME UN CLUB CYCLISTE A PÉRIGUEUX

- Une des préoccupations de notre champion, fut de former une société pour relever ce Véloce-Club à bout de souffle…. A cette époque, Petit-Breton était coureur professionnel et entre ses entraînements, son calendrier de courses et ses extras de commercial, il manquait de temps pour pouvoir s’occuper de tout et en même temps. Petit-Breton, il faut le dire, a eu alors la chance de trouver sur son chemin deux hommes dont les connaissances en tous sports en général et en cyclisme en particulier, lui permirent la réalisation de projets communs. Ce Champion toutes catégories rencontra à Périgueux le Pasteur Camblong et Jean Galinat. Ce trio auquel était venu se joindre Charles Lacombe, organisa une réunion à la Taverne des Boulevards(11).Tous les jeunes gens pratiquant le vélo répondirent à leur appel. On n’était plus en 1908, mais déjà le 7 mars 1911, date à laquelle le Cyclo-Club Périgourdin prenait naissance. Le Pasteur Camblong en prit la présidence et Jean Galinat le secrétariat. Mais dès 1911, un certain M. Seignat fut élu à la tête de ce Cyclo-Club.
(11)ex café de la Rotonde, aujourd’hui occupée par la banque CIC, sur les bords des boulevards, là où se déroulent les 100 Tours Cyclistes le 13 juillet

UNE FORTE EMULATION

Petit-Breton frères

- La présence de "Petit-Breton" galvanisait tout le monde(12). Alors qu’au plan national en 1913, l’UVF modifie son organisation en créant des comités départementaux, Jean Galinat ayant été nommé délégué de la Dordogne, est remplacé au Cyclo-Club par Lacipiéras auparavant trésorier. Amédée Tranchard devient trésorier et l’association repart de plus belle. La présence du Champion, la création d’un grand club cycliste dans la capitale du Périgord, l’arrivée de Paul Mazan(13) (frère de Lucien) qui est alors Champion de France amateur, provoquèrent une émulation magnifique, si bien que dans tous les coins du département, les jeunes se mettent à faire du vélo pour gagner le jour de la fête votive le bouquet offert par la plus belle fille du village. Ils affrontaient la compétition, la vraie ! On découvrit alors que des jeunes avaient une classe certaine. Du rang de ces inconnus sortirent Chauvière (Neuvic), Cailloux (La Force), Lagarde (La Force), Bonimond (Terrasson), Debord (Niversac)…
(12)Un championnat de vitesse sur 1000 mètres était organisé entre Périgueux et Marsac (23 avril 1911). Un Trophée Napoléon sur 100 kms se disputait de même en avril 1911 sur l’itinéraire Périgueux-Thiviers-Lanouaille-Excideuil-Sarliac-Périgueux, tout cela sous le contrôle du CC Périgourdin.
(13) avec lequel, il est parfois confondu. Lucien Petit-Breton avait transmis le virus du cyclisme à son frère Paul Mazan vainqueur du Tour de Tarragone en trois étapes (1908). Il a été de plus champion de France amateur la même année. Paul a participé activement à l'évolution du Cyclo-Club Périgourdin et a été même un très grand personnage dans la vie et l'essor du club, son frère Lucien étant toujours sur les routes de la compétition. Son autre frère Anselme a quand à lui couru le Tour de France en 1907. Son fils Yves, fut directeur sportif chez Automoto et, également au Tour de France en 1948 à la tête de l'équipe de l'Ouest.

- Deux de ces hommes émergèrent nettement par la suite, ce sont Henri Chauvière et Cailloux. Grande rivalité entre ces deux bons coureurs, car le premier courait pour Peugeot, alors que le second montait les cycles Rochet. Chauvière, conseillé par Petit-Breton, devint un grand champion. Le 12 mars 1911, il remportait Périgueux-Neuvic et retour devant Dujaric et Ladeuil. Il gagnait le Périgueux-Limoges, sa première grande épreuve internationale. Le Trophée de France (Tour de France des indépendants) l’imposa définitivement.
- N’avait-il pas surclassé le favori en la personne du Belge Philippe Thys, qui l’année suivante, gagna le Tour de France ? Dans ce Trophée de France, Henri Chauvière fut déclassé pour avoir bénéficié d’une aide dans l’étape précédant celle qui arrivait à Périgueux. (notre photo ci-dessus les frères de Petit-Breton)
- Dommage que Cailloux n’ait jamais voulu suivre les conseils de ses amis. Le Périgord tenait là un autre champion de grande classe, peut-être plus complet que Chauvière.

RÉTRO VÉLO DORDOGNE – CYCLISME A PERIGUEUX (1900-1912)
© BERNARD PECCABIN- (à suivre) La FIN DE VIE DE PETIT-BRETON

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