FRANCIS DUTEIL - SAISON 1989
1989 : LA DERNIÈRE SAISON DE SA CARRIÈRE CYCLISTE
- Francis Duteil attaque ici son ultime saison. Au terme de celle-ci, Francis ne sait pas encore que ce sera sa dernière. Car en faits, ce sera début 1990, qu’il constatera que son travail, les épreuves répétées de plus de 100 kms et son âge, l’amènent à prendre une décision définitive, celle de raccrocher le vélo.
- 1989 sera donc malgré ses 42 printemps une saison honnête. Il termine sa carrière à Chasseneuil, mais son dernier adieu à la Dordogne se situe à Montagrier. Comme si sur ces hauteurs où il s’est toujours situé, constituait un dernier clin d’œil à ce vélo pour qui il a tant donné... Mais en lisant cette publication vous découvrirez que Francis est un être humain et que lors de ses 43 ans (en 1990), le ressort et cette envie se sont subitement cassés, pour toujours... Désormais Duteil appartient au passé, mais il restera dans une galerie prestigieuse, celle de ceux qui ont marqué brillamment de leur empreinte leur passage dans ce sport si difficile et si exigeant !
NDLR : Le 1° octobre 1989, Francis Duteil prend le départ du Prix des fêtes de Montagrier ouvert aux 3, 4, 5, juniors. C’est l’Entente Cycliste Ribérac Périgord Blanc qui est maître d’œuvre de cette organisation, autrement dit l’ancien club de son père Marius (CAR) qui a passé trois saisons chez les jaune et vert (1950/1952). "Dordogne Cycliste" était bien là et officiait en qualité de membre du jury avec Jacques Sciozard. Maxime Chabreyrou président de l’EC Ribérac était présent tout comme Pierre-Jean DANIEL maire de ce chef lieu de canton. Montagrier constitue une épreuve difficile car comme chacun sait, c’est un des points hauts sur toute cette vallée de la Drône que l’on domine. Victor Melchior (RC Mussidan) avait gagné. Derrière lui se classaient dans l’ordre, Francis Duteil (CRCL), Coulloux (La Rochefoucauld), Peyrefiche (ASCA Bergerac), Batailley (Facture), Holville (Chelles), Thouvenin (Tulle), Simoneau Yann (Brive), Fiacre Nicolas (ASPTT Périgueux) et Jean-Claude Mespoulède (ASPTT Périgueux)... soit de nombreux anciens avec au milieu quelques courageux juniors. Huit jours après à Chasseneuil, Duteil terminait deuxième battu par Damin Laforie (CC Marmande).
- Pour relire l’article précédent (saison 1988), cliquez ici.
Montagrier et son prix des fêtes d'octobre. Francis Duteil est au départ
même si on n'aperçoit que sa casquette MBK dont il est le dépositaire à Mareuil
1989 - (amateur vétéran) pas de victoire : - 28° Léguillac de Cercles (24) 12/03, 25° Troquereau (33) 19/03, 2° Isle (87) 26/03, 5° Flavignac (87) 27/03, 8° Boutiers (16) 02/04, 3° Ladiville (16) 09/04, 7° Péreuil (16) 16/04, 16° Saint-Martin de Ribérac (24) 23/04, Chassenon (16) crevaison 30/04, 2° Pailleroux (16) 01/05, Nersac (16) abandon 04/05, 12° Nanteuil en Vallée (16) 13/05, 4° Couzeix (87) Championnat du Limousin des vétérans 15/05, Balzac crevaison (21/05, 2° Puyssegin (33) 28/05, Sousac (19) Championnat du Limousin seniors abandon 04/06, 5° Ruelle (16) 10/06, 3° Saint Médard de Mussidan (24) 11/06, 11° Cercoux (17) 18/06, 9° Saint-André de Cubzac (33) 23/06, 9° Villebret (03) Championnat de France des vétérans 26/06, 21° La Tache (16) 02/07, 30° Limoges (87) 05/07, 35° Saint-Antoine de Breuilh (24) 09/07, 7° Verteillac (24) 14/07, 2° Villefagnan (16) 16/07, 3° Ribérac (24) 21/07, 8° Grignols (24) 23/07, 5° Nontron (24) 29/07, 3° Beaussac (24) 06/08, 8° Porchères (33) 27/08, 2° Marcillac le Franc (16) 03/09, 7° Périgueux (24) 08/09, 10° Saint-Sornin (16) 10/09, 8° Mussidan (24) 17/09, 25° La Rochefoucauld (16) 24/09, 2° Montagrier (24) 01/10, 2° Chasseneuil (16) 08/10.
(en caractère gras) là où il a terminé premier des 3° catégories dans une épreuve en toutes.
- Francis DUTEIL nous raconte :
- "En 1989 est créée la classe vétéran (40 ans et plus) qui ne donne droit qu'à une licence de 3° catégorie maximum. Dans l'entreprise familiale à Mareuil, la charge de travail augmente. Je débauche tard le soir et les sorties à vélo matinales se réduisent en conséquence. Le soir des courses, je suis fatigué et je passe des lendemains difficiles au travail. Je me retrouve dans la même position que lorsque j'ai quitté les cadets (les courses de cadets étaient limitées à 40 km). Des courses trop longues et des lundis difficiles ont motivé à cette époque l'arrêt de l'école, remplacée par des cours par correspondance. Il me faudrait des courses courtes comme aux USA. Le 15 octobre je suis engagé à Breuillet (17).Le fait que je vais passer un lendemain pénible au travail à cause de la course, me dissuade de m'y rendre".
- "Je reprends une licence en 1990. Pour ma première course de l'année, je m'engage le lundi de Pâques au Gond Pontouvre (16). J'ai chargé le vélo dans la voiture et préparé mon sac de course. Il bruine et surtout il y a 100 km à parcourir. J'ai la même réaction que lors de la dernière course de l'année 1989 : je reste à la maison ! Je ne m'engagerai plus dans une compétition cycliste".
Souvenir du Championnat de France en 1963
- "En cadet il m’est arrivé de participer à deux courses dans la journée, mais le soir j'étais bien fatigué. En 1962, le championnat du Limousin et le championnat de France se couraient sur le même itinéraire, en ligne de 67 km. Dans les deux cas je finis la course en bonne condition. En 1963 le championnat de France se court sur 81 km (9x9 km). La ligne de départ et d'arrivée est tracée aux 2/3 d'une côte de plus d'un km. Au départ je me trouve enfermé dans le peloton. Je me dégage rapidement et je remonte le peloton sur la gauche. Au sommet de la côte je dépasse la tête du peloton et je ne coupe pas mon effort. Je me retrouve seul échappé. J'hésite à attendre le peloton. Je prends la décision de poursuivre mon effort. Je vais effectuer toute la course avec un peloton menaçant à mes trousses. Dans le 3° tour je reçois le renfort de Cyril Guimard. Dans le dernier tour nous sommes épuisés et nous sommes rejoints dans la côte d'arrivée par Daniel Ducreux et Redolfi. Nous ne pouvons pas disputer le sprint pour le titre. Cyril se classe troisième et moi quatrième".
Avant dernier protocole pour Duteil 2° derrière Melchior à Montagrier.
Huit jours après, il fera la même place à Chasseneuil, pour son dernier jour de course
Article de Jean-Robert Laloi in Cyclisme du 23 avril 1982
- Bien que cet article soit écrit en 1982, son contenu reste valable au terme de la carrière de Francis. Voici d’ailleurs ce que cet éditorialiste à la plume bien aiguisée écrivait à son sujet à cette époque :
- "Nous n’allons pas refaire l’historique de la carrière du coureur du Limousin, dire si sa popularité unique sans doute dans les annales du cyclisme régional amateur, ne va pas s’altérer si un jour les premiers rôles ne lui sont pas dévolus. Nous pouvons cependant dire où et comment est née cette popularité, à quelles sources elle s’est abreuvée au point de déferler sur la France entière.
- Tout est parti d’un Championnat de légende à Dax en 1973. Duteil avait 25 ans. Honnêtement connu du public français avant le départ de la course qui restera la plus grande désillusion de toute sa carrière, car irrégulièrement battu par le Pyrénéen Florio, Francis quelques heures plus tard avait involontairement réussi à gagner l’estime génèrale de tous les observateurs à qui il avait promis une revanche.
- Trois ans plus tard sur le circuit d’Eguzon, il réussissait à se faire justice en triomphant de Bernaudeau et de Jourdan dans un championat de France d’une farouche beauté. C’était la consécration et surtout l’année des Jeux olympiques à Montréal. Un bien beau souvenir. Un nouveau maillot tricolore reviendra sur ses épaules en 1979 à Neufchâtel au terme d’une échappée solitaire rarissime dans ce genre de compétition.
- Bref, l’histoire des championnats de France même si elle fit verser des larmes de dépit réussit à faire chavirer les cœurs de ses innombrables supporters et à le rendre célèbre aux quatre coins de l’hexagone.
- Il serait utopique de parler de seconde jeunesse, de phénomène Duteil car le marchand de cycles de Mareuil sur Belle n’est pas le premier coureur âgé de 35 ans encore capable de réaliser de belles prouesses. (NDRL en 1982). Francis se voit tout simplement récompensé de tous les sacrifices consentis en vingt ans de carrière. Cette réussite, il la doit à ses seules vertus morales, à ses qualités athlétiques.
- Sa nature bonne et droite, son sérieux, sa loyauté, son honnêteté foncière, sa dignité de sportif, sa probité morale serviront longtemps d’exemple dans les milieux cyclistes.
- Mieux que quiconque, il connaît ce que sont les affres du malheur. Jamais, il n’oubliera cette chute de Nontron en avril 1966 qui mit sa vie en danger et par laquelle son taux d’invalidité et aujourd’hui fixé à 100%. Que de courage, que de volonté, que d’opiniâtreté il aura fallu à Francis pour hisser son corps sur un vélo avant même qu’il ne puisse remarcher.
- Ce ne sont pas des mots écrits pour rendre le personnage plus doué, c’est la réalité vécue par un homme ayant décidé de se surpasser pour prouver, le cas échéant, que le sport cycliste pouvait être une merveilleuse et divine thérapeutique".
L'arrivée, le nettoyage sommaire, cette vie de saltinbanque prend fin en 1989
Ceux qui ont porté le maillot du CRCL en 1989 : Vincent Comby, Alain Cessat, François Douhet, Eric Marzi, Jean-Paul Defaye, Claire Parinet, Michel Brillat, Patrick Bartou, Stéphane Fourgeaud, Serge Brie, Christophe Lagarde, Manuel Martin de Jésus.
Les Champions régionaux du grand Sud en 1989 : Nicolas de Bacco (VC Aire sur Adour) pour le comité d’Aquitaine, Patrick Bérard (Tarbes-Cycliste) pour les Pyrénées, Xavier Martin (CC Vervant) pour le Poitou-Charentes, Vincent Comby (CRC Limousin) pour le Limousin, Christian Roman (UC. Sayat) pour l’Auvergne.
Champion de France des amateurs : Nicolas Dubois (ASPTT Paris/Comité d’Ile de France).
Classement FFC saison 1989
RÉTRO VÉLO DORDOGNE - FRANCIS DUTEIL (1989) © BERNARD PECCABIN
D’après la documentation de Francis et avec ses photos
Cet article a déjà paru sur le blog la Dordogne Cycliste, devenu inactif.
Prochain épisode : Une carrière bien remplie