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RETRO VELO DORDOGNE
6 novembre 2020

TOUR DE FRANCE A PÉRIGUEUX LE 14 JUILLET 1961

PÉRIGUEUX VILLE ÉTAPE DU TOUR

POUR LA PREMIÈRE FOIS EN 1961

Pgx 1961

Pas de barrières à l'époque, mais un service d'ordre respecté à Tourny

C'ÉTAIT UN 14 JUILLET 1961

- Voilà un anniversaire qui mérite ce petit détour. Celui du 14 juillet 1961, date à laquelle la ville recevait pour la première fois de son histoire le Tour de France avec arrivée puis départ le lendemain sur Tours. Les coureurs étaient arrivés le 13 juillet à Bordeaux. Ils avaient rejoint en voiture Bergerac, d’où était donné le départ du contre la montre. Un contre la montre qui passait par le chemin des écoliers (lire l’itinéraire ci-dessous). La pluie était tombée toute la journée, mais il y avait foule le long du parcours tout comme aux allées Tourny, où chacun espérait voir un beau protocole. Hélas, le public fut frustré, car Jacques Anquetil fut happé par Marcel Bidot qui le conduisit vite à son hôtel. Retour de cette journée avec quelques articles relevés sur la presse d’antan, et évidemment des noms de coureurs qui raisonnent dans nos esprits de gamins... En cette année 1961, le Tour faisait étape pour la première fois à Antibes, à Superbagnères et à... Périgueux !

ITINÉRAIRE DU CONTRE LA MONTRE.
- Bergerac-Périgueux (74,5 kms contre la montre). Le départ de ce chrono se situe place Gambetta à Bergerac, pour passer ensuite par Creysse, Mouleydier, Saint-Sauveur, Liorac, Saint-Félix de Villadeix, Sainte-Foy de Longas, Sainte-Alvère, Vergt, Eglise Neuve, Atur et Périgueux (allées Tourny). Sous une pluie battante, Jacques Anquetil peut poursuivre son périple sur Paris en l'emportant devant Charly Gaul à Périgueux. 

1961 Bergerac TDF Gaul CLM

Départ de Charly Gaul de Bergerac pour 74 kms

DE PÉRIGUEUX A BERGERAC LA PLUIE

MOUILLA LE BOUQUET DU 14 JUILLET

LE PUBLIC PÉRIGOURDIN FUSTIGE ANQUETIL

- Pour une étape mouillée, ce fut une étape mouillée. Et juste le jour du 14 juillet où l’on a coutume d’allumer les pétards, de tirer les bouquets dans les villes et villages de notre Périgord, qui recevait pour la première fois de son histoire une étape du Tour de France.
- Des bouquets, il y en eut bien à l’arrivée : un pour Anquetil, un pour Gainche, l’homme du jour, un pour Dotto, le premier régional, et que sais-je encore...
- Seulement, des hommes faisant le tour d’honneur selon la coutume avec le bouquet, le public massé tout autour des allées Tourny bien mouillées, n’en vit pas beaucoup... Seul Jean Gainche se montra un peu sous son nouveau maillot vert qu’il venait de prendre à Darrigade. Quant à Maître Jacques, leader du Tour et de surplus vainqueur de cette étape, lui qui aurait dû se promener avec deux bouquets, il n’en voulut aucun ! Notre maillot jaune enfila prestement sa veste de survêtement de sa marque et grimpa de suite dans la voiture de Marcel Bidot qui l’emmena loin de la foule, loin du bruit, à l’abri de la pluie que n’arrêtait pas de tomber.
- Le brave public de Périgueux et des environs ne comprit pas bien que Jacques le Normand n’ait pas daigné lui présenter son bouquet, même mouillé, un jour de 14 juillet. Bobet et Coppi eux au moins ne se faisaient pas prier pour le faire ce Tour d’honneur...
- Il est vrai que le Normand avait donné à ce brave public, stoïque sous la pluie, un fameux spectacle quelques instants avant. Il s’était en effet battu avec Gaul dans la montée qui précède Tourny, comme jamais peut-être il ne l’avait fait au cours de ce Tour. Mais que voulez-vous, le public, il voulait voir Jacques leur champion en jaune avec le bouquet sur le bras et ils ne virent rien...
- Et on le comprend ce brave public, il avait payé lui, pour voir un spectacle du début jusqu’à son terme protocolaire...

1961 Bergerac TDF Anquetil clm

Anquetil maillot jaune au départ à Bergerac

Histoire d’un dernier pétard allumé par Jacques Anquetil entre Bergerac et Périgueux.
- Au terme de cette ultime épreuve de vérité, Jacques Anquetil savait que plus rien, sauf un accident, ne pourrait le priver d’un maillot jaune dont il s’empara dès le premier soir de course.
- Pour autant, comme de nombreux autres coureurs, le Normand devait être victime d’un incident mécanique au soixantième kilomètre de course, alors que Charly Gaul, parti trois minutes devant lui, n’avait plus que quelques encablures d’avance. Crevaison, Bris d’une dent de roue libre et changement de monture permettaient au Luxembourgeois de reprendre le large pour éviter la déconvenue d’être dépassé même si, la dernière difficulté du parcours, qui précédait l’allée Tourny où était jugée l’arrivée, fut longue pour... le grimpeur.
- Si le leader pointa en tête à tous les temps intermédiaires, quelques prétendants se brulèrent les ailes en partant trop vite. Ce fut le cas du régional de l’étape, Valentin Huot, mais aussi du Suisse Rolf Graf qui, à la mi-course se voyait créditer du deuxième temps, à 1’08s de Maître Jacques. Il faut dire qu’il n’eut pas de chance puisque, victime d’un dérapage à 12 kilomètres de la ligne, il entra dans le public. Cet accident fut en partie responsable du retard de 6 minutes qu’il accusait à l’arrivée.
- Autre malchanceux, l’Italien Guido Carlési qui, par la faute de trois crevaisons d’étape, voyait Charly Gaul lui prendre la 2° place et de l’étape et du général.
- Par contre, Jean Gainche (Ouest Sud-Ouest) fit une superbe étape pour prendre la 5° place à moins d’une minute de Charly Gaul. Cette performance lui permettait de revêtir le maillot vert du classement par points, jusque là apanage d’un André Darrigade qui ne termina qu’à la 31° place.
- Restait maintenant, pour un Anquetil nanti de plus de dix minutes d’avance sur son dauphin, à entamer sa remontée triomphale vers la capitale.

1961 Bc Px

Jacques Anquetil Fonce vers Périgueux

LES ENSEIGNEMENTS DE CE CHRONO

- La dernière page du Tour 1961 est tournée. L’étape contre la montre entre Bergerac et Périgueux courue l’avant-veille de l’arrivée à Paris a en gros confirmé la valeur et les défauts des concurrents restant en présence.
- Le classement général a toutefois subi de légères modifications, Anquetil qui a évidemment gagné l’étape à 43,595 km/h de moyenne a consolidé sa position de leader, mais Carlési, deuxième, passe troisième, au bénéfice de Charly Gaul. Manzanèque 3° descend à la 5° place, ainsi que Dotto passé par l’Espagnol Pérez-Francès, Jean Adrienssens reprend la tête du classement des coureurs belges. Ce sont quelques chassés-croisés qui étaient généralement prévus...
- Si l’on peut parler de victimes, ce sont Manzanèque et Dotto. La contre performance de l’Espagnol n’en est finalement pas une. Depuis quelques jours, il bénéficiait de la complaisance générale. Seul contre temps, Manzanèque s’est retrouvé à sa véritable place. Jean Dotto craignait cette épreuve. Il a fait l’impossible pour limiter les dégâts, mais jamais il ne put atteindre le niveau supérieur imposé par la lutte Carlési-Junkermann.
- C’est d’ailleurs un trait essentiel de l’étape. Pour la première fois depuis Grenoble, les premiers du classement général se sont battus. Laissons Jacques Anquetil, lui il planait au dessus du lot...
- Doublé ou pas, Charly aurait tout de même réalisé une très bonne performance, car si Anquetil derrière le dos de Charly servait de stimulant, devant il aurait fait un lièvre de premier ordre.
- La deuxième place de Gaul ne souffre donc d’aucune contestation. Le plus valeureux, mais aussi le plus malheureux, fut sans doute Junkermann. A mi-parcours, l’Allemand était dans le même temps que Gaul... Hélas pour Hans, la police était contre lui. Mal dirigé tout près de l’arrivée, Junkerman se retrouva sur le parking des voitures suiveuses. Or quatre secondes seulement le séparaient de Carlési quand il franchit enfin la ligne blanche. Rien dans le règlement ne prévoyant de recours contre ce genre d’erreur du service d’ordre, Junkermann n’eut que les yeux pour pleurer la quatrième place.
- Mais il est certain que le plus grand bénéficiaire de cette journée est Jean Gainche. Le sprinter breton s’était déjà signalé à l’attention générale en se montrant dans les cols, hier, il étala ses qualités de rouleur que l’on ne soupçonnait pas...

Pgx 1961

Anquetil rejoint Gaul aux allées Tourny

L’HOMME DU JOUR : JACQUES ANQUETIL

- A 300 mètres de la banderole deux hommes se trouvaient (notre photo) à dix mètres l’un de l’autre, Charly Gaul et Jacques Anquetil. Dans un dernier effort, le Luxembourgeois passa le premier la banderole mais il était bel et bien battu. Anquetil avait pris trois minutes en 74 kms, à son adversaire direct.
- Pouvait-il le rejoindre ? C’était possible si à dix kilomètres de l’arrivée, le maillot jaune n’avait pas cassé sa roue libre en même temps qu’il crevait. Le temps de changer de vélo et Gaul avait agrandi l’espace qui les séparait.
Très entouré, après sa victoire attendue, Jacques Anquetil déclara : "A dix kilomètres de l’arrivée, je vis pointer devant moi le maillot de Gaul. A ce moment là, je compris que la partie était gagnée. "
- Anquetil vainqueur de l’étape et leader du Tour, Gaul deuxième c’est la logique même. Le maillot jaune fut aussitôt pris en charge par Marcel Bidot qui, l’arrachant aux journalistes et aux reporters, le hissa dans la voiture de l’équipe de France et l’emmena à son hôtel.

HUOT L’ENFANT DU PAYS EST PARTI TROP VITE

- Un admirateur enthousiaste de Valentin Huot se précipita sur le champion, canette de bière et casse croûte en mains. Etonné de se les voir refuser, il déclara pour ne pas perdre contenance : "Tu es frais comme une rose... " Huot en eut le souffle coupé pour le deuxième fois... Les 74 kilomètres ne furent pas une partie de plaisir pour lui. "Mon grand tort c’est d’être parti trop vite, une première défaillance m’obligea à changer de braquet à Vergt. A Eglise Neuve, deuxième coup de barre. " Huot n’en termina pas moins 32° en 1h53’01".

Pgx 1961

Jean Gainche maillot vert, unique coureur à faire son tour d'honneur

LE CLASSEMENT DE L’ÉTAPE BERGERAC-PÉRIGUEUX CONTRE LA MONTRE

1. Jacques Anquetil (France) 1h42’32”, 2. Charly Gaul (Luxembourg) 1h45’31”, 3. Guido Carlési (Italie) 1h46’09”, 4. Hans Junkermann (Allemagne) 1h46’13”, 5. Jean Gainche (Ouest Sud Ouest) 1h46’19”, 6. Raymond Mastrotto (France) 1h47’10”, 7. José Pérez-Francès (Espagne) 1h47’51”, 8. Gérard Thiélin (Centre-Midi) 1h47’57”, 9. Rolf Graf (Suisse-Lux) 1h48’26”, 10. Joseph Plankaert (Belgique) 1h48’31”, 11. Imério Massignan (Italie) 1h48’41”, 12. Guy Ignolin (Ouest Sud-Ouest) 1h49’09”, 13. Franz Aerenhouts (Belgique) 1h49’16”, 14. Louis Rostollan (France) 1h49’22”, 15. Jan Adriaenssens (Belgique) 1h49’44”, 16. Fernando Manzanèque (Espagne) 1h50’02”, 17. Joseph Wasko (Paris Nord-Est) 1h50’02”, 18. Jean Dotto (Centre Midi) 1h50’23”, 19. Freddy Ruegg (Suisse-Lux) 1h50’46”, 20. Eddy Pauwels (Belgique) 1h50’47”, 21. Jean Milési (Centre Midi) 1h50’51”, 22. Jos Hoevenaers (Belgique) 1h51’01”, 23. Mario Minièri (Italie) 1h51’02”, 24. Edouard Bihoué (Ouest Sud-Ouest) 1h51’08”, 25. Henri Anglade (France) 1h51’13”, 26. Piet Damen (Pays Bas) 1h51’16”, 27. Jos Thomin (Ouest Sud Ouest) 1h51’23”, 28. Antoon Van Der Steen (Pays Bas) 1h51’29”, 29. Pierre Beuffeuil (Ouest Sud Ouest) 1h51’38”, 30. Luis Otano (Espagne) 1h51’43”, etc...

LES DIX PREMIERS DU GÉNÉRAL A L’ISSUE DU CHRONO
1. Jacques Anquetil (France) 106h54’47”, 2. Charly Gaul (Suisse-Lux) à 10’02”, 3. Guido Carlési (Italie) à 10’06”, 4. Hans Junkermann (Allemagne) à 13’55”, 5. Fernando Manzanèque (Espagne) à 14’13”, 6. Imério Massignan (Italie) à 15’29”, 7. José Pérez-Francès (Espagne) à 18’27”, 8. Jean Dotto (Centre Midi) à 19’30”, 9. Jan Adriaenssens (Belgique) à 25’51”, 10. Eddy Pauwels (Belgique) à 26’27”, etc...

Joël BERTRAND alors gamin, raconte le passage du chrono devant sa porte
(Souvenir Périgueux Le Groupe)

Joël Bertrand

- 14 juillet 1961, le Tour de France arrive à Périgueux. J’ai neuf ans et j’attends depuis longtemps, j’ai peur de rater, j’en parle tous les jours, je sais ce que c’est, j’ai lu le journal de mon père, il préfère Le Populaire à Sud-Ouest, il me dit c’est mieux pour le vélo, moi je ne sais pas, j’ai lu vite, et j’ai vu étape à Périgueux, et mon père m’a dit, ils vont passer devant la porte.
- Le voisin en face, Monsieur Laguerre, m’explique, ils vont passer un par un, c’est un contre-la-montre, je ne comprends pas tout, je demande à un autre voisin, Monsieur Thibault, qui s’appelle Adrien, mais que tout le monde appelle Paulin, lui aussi m’explique, alors c’est le dernier qui passera d’abord, après l’avant-dernier, et tous les autres ensuite, ça va durer plus de trois heures, mais avant il y aura des voitures, des motos aussi, et peut-être des hommes debout sur les motos, avec les bras tendus. Et d’autres choses, mais je ne me souviens pas.
- Avant le début des grandes vacances, mon maître d’école, Monsieur Marceau, je sortais du cours moyen 1ère année (CM1 maintenant) nous a demandé ce que nous voulions faire plus tard, c’est-à-dire quand nous serions grands, pour reprendre ce mot plus facile pour un petit, je me le rappelle bien car il avait commencé par moi, et moi j’avais été pris au dépourvu, j’étais resté silencieux et j’avais dit coureur du Tour de France, parce que j’étais dans un entre-deux, comme sans doute beaucoup d’enfants de notre cité des CRS, pas de boulanger, pas de menuisier chez nos parents directs, pas de terre non plus, alors répondre à la question… Ma réponse n’avait pas plu à mon maître, il ne m’avait pas lâché, ce n’est pas un métier, qu’est-ce-que tu veux faire, et devant son insistance, parce que nous sortions de la leçon d’histoire, j’avais dit connétable de France, oui je connaissais ce mot. Comme Bertrand du Guesclin. Parce que depuis le jour où le maître avait parlé de ce personnage qui défendait la France contre les Anglais, beaucoup de copains de l’école m’appelaient Du Guesclin, et sans y voir beaucoup de malice, j’adoptais parfois ce surnom. Mais ça n’a pas plu non plus au maître, qui a dit ça m’étonnerait et est passé au suivant, qui avait sans doute eu le temps de réfléchir.
- Je n’ai été ni l’un ni l’autre, ni coureur cycliste, ni connétable de France, c’est bien dommage sans doute. Ce 14 juillet donc, je m’étais réveillé bien avant sept heures et il pleuvait. On avait sorti une chaise de la cuisine, je m’étais assis devant la porte, entre la lessiveuse et le massif de fleurs, des pensées et des glaïeuls, j’avais dû prendre ma cape bleu marine, avec une capuche et deux fentes pour sortir les mains, ma grand-mère m’amènerait la purée d’épinards (appelée purée grise) dehors, au cas où un coureur passerait à l’improviste. Les voisins étaient sortis aussi, ceux d’en face et ceux du même côté que nous, moi j’étais trop près du bord, il fallait reculer ma chaise, mais du coup, je ne verrais pas les coureurs arriver parce que le transformateur, en face de chez Monsieur Favard, me gênait, il était plus avancé sur la route que notre portail, je ne sais pas pourquoi, sans doute parce qu’il était là avant, j’étais excité, j’énervais tout le monde, je ne le voyais pas, en plus en me levant sans arrêt la chaise était mouillée par la pluie.
- La première voiture est passée, impossible de me souvenir si elle a lancé quelque chose, des bonbons ou des sifflets de couleur, en tout cas, je n’ai rien eu du tout, peut-être mon petit frère, ou alors il n’y avait plus rien à lancer…
- La deuxième voiture, la troisième, puis la quatrième et déjà j’étais blasé, c’est ça… Monsieur Laguerre en face me dit, ça va venir, ils montent à Atur, mais Atur de l’autre côté, en venant de Marsaneix, les motos avant le premier coureur, tu vas voir… Je ne quitte pas la route des yeux, je vois bien plus loin que les dernières maisons du lotissement, plus loin que chez Régine…
- Et alors ça arrive…
- Un vélo au milieu. C’est Geneste crie Monsieur Laguerre…
- Je le vois encore, je le scrute, j’ai encore le bruit des boyaux sur la route mouillée, le bruit de l’air, quelque chose comme ça, un sifflement, un chuintement aigu,… Soudain le coureur crie en tournant la tête à gauche et à droite "c’est encore loin, c’est encore loin ?" Je suis pétrifié. Un voisin plus bas crie "trois kilomètres pour Tourny, ça descend, tu y es"
-  Ça descend ? Oui le cours Saint-Georges descend, mais après il me semble que Fénelon ça remonte, et puis la rampe de Monoprix. Alors. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, Monsieur Laguerre me dit, c’est dur pour lui, il ne voulait pas que l’autre le rejoigne, celui qui est parti deux minutes derrière lui. J’ai compris et du coup je veux qu’André Geneste arrive le premier à Tourny. Je crois que ça a été le cas.
- Et ça continue…
- Je ne fais pas de photos, je n’ai pas d’appareil parce que je n’ai pas encore fait ma communion.
- Ne traversez pas la route, nous crie-t-on de temps en temps…
- Et puis de plus haut, d’autres voitures après un coureur, beaucoup de voitures… Anquetil va arriver. - Non, d’abord Carlési.
- Mais Anquetil va gagner, c’est écrit. Peu importe la réalité, seul compte le miracle, Anquetil est là, à Périgueux, Anquetil va gagner…
- Anquetil passe. Vite. La Caravelle, dit mon père qui a entendu parler de cet avion, la Caravelle, droit, rien ne bouge, le coureur et le vélo sont soudés l’un à l’autre. Mais il va plus vite qu’un avion, il va comme une mobylette, c’est sûr. Voilà, c’est une mobylette. Et puis, comme je n’ai jamais vu d’avion…
- Anquetil ne dit rien, ne nous voit pas. Il ne m’a pas vu. Pas vu du tout. À cause de la chaise trop reculée peut-être, va-t’en savoir. Je suis peut-être déçu.
- Et c’est fini.
- Il pleut toujours.
- Le reste je ne m’en souviens pas, mais je veux toujours être coureur du Tour de France, comme Anquetil, pas comme André Geneste, et pourtant celui-ci je lui ai toujours gardé une place particulière, dernier du Tour, mais dans sa vie il a gagné trois courses, des petites c’est sûr, mais c’est bien. Il est mort en 2015, personne n’en a parlé, c’était un géant de la route, même Monsieur Cuménal qui n’était pas encore arrivé cours Saint-Georges aurait dit la même chose. Un géant.

127916822[1]

RÉTRO VÉLO DORDOGNE – LE TOUR A PERIGUEUX EN 1961
La mémoire du cyclisme en Dordogne

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