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RETRO VELO DORDOGNE
5 novembre 2020

MUSSIDAN : LA CROISÉE DES CHEMINS (15° partie)

RCM 1960 indust

- Les courses de trottinettes (ci-dessous) ont occupé une grande place lors des fêtes du Comice de Mussidan. La trottinette bénéficiait à l’époque d’une belle propagande, y compris sur la presse locale où l’on vantait les performances des enfants qui effectuaient plusieurs manches. Celles-ci étaient d’ailleurs considérées comme des étapes, un peu à l’image des grands du Tour de France. La trottinette a donné un sacré coup de pouce à la discipline, bien avant les écoles de vélo. Les compétitions rassemblaient autant de monde que les brevets des jeunes cyclistes. Ci-dessous l’équipe Sud-Ouest en 1963 avec de gauche à droite Rouchaléon (40), Michel Grès (39), Jean-Pierre Grès (38), Jean-Claude Chaussade (37) et Albert Chaussade fils (36).

RCM trotinettes

 - Article précédent : 1968-1969 au RC Mussidan (pour ceux qui veulent se situer dans le contexte, cliquez sur le lien.

La croisée des chemins constitue une expression qui caractérise à plusieurs égards la situation de Mussidan. Au sens propre, elle s'applique au contexte géographique. Postée à la jonction de diverses régions, la ville fait figure de plaque tournante. A l'époque où l'on guerroyait ferme, cela lui valut de jouer un rôle prédominant, mais pas toujours agréable. Puis lorsque les voies routières puis ferrées sillonnèrent le pays, Mussidan prit de l'importance sur le plan économique et touristique.
Au sens figuré, "la croisée des chemins" évoque le moment où à la vie tranquille et paisible de cette région, il devient nécessaire de faire un choix, de prendre une décision, un petit peu comme cela arrive au cours de la vie de chacun.

LA VIE ÉCONOMIQUE CLÉ DE RÉUSSITE
DE LA VIE SPORTIVE A MUSSIDAN

SATM

- Je me garderai bien de prendre la place de la population, des élus et des différentes collectivités pour statuer sur le sort de cette cité, mais il me parait intéressant de coller à la vie associative, ce qu'était Mussidan entre 1950 et 1960, à l'époque où la section cycliste et d’autres associations sportives vivaient des heures glorieuses et où la ville se trouvait effectivement à la croisée des chemins d'un nouveau défi et d'une conjoncture économique nouvelle appelée à évoluer très vite.
- L'ère industrielle de Mussidan dit-on fut ouverte par une fermeture. C'est un jeu de mot qui mérite explication. Vers 1870, Monsieur Seillan importa à Mussidan un procédé d'origine anglaise pour la fabrication de rideaux métalliques en tôle ondulée. C'est à partir de cette période que la ville prit un nouveau visage avec quelques ambitions pour flirter avec la grande industrie qui n'existait pas dans la contrée. La SATM devint en effet une entreprise florissante pour le rideau métallique, que tout le monde a utilisé pour fermer son garage ou sa devanture. Et c'est à Mussidan que ce rideau vit le jour, donnant à la population de solides espérances pour l'avenir. Grand centre à vocation agricole, Mussidan ne possédait pas d'industries et ce rideau dont on voit encore aujourd'hui de nombreux vestiges, a inauguré cette grande euphorie. Le destin de la ville prit un tour nouveau, notamment lorsque l'armée US s'installant en France avait de grands besoins pour ses bases. La SATM comptait alors 175 ouvriers, une croissance vigoureuse, un carnet de commandes bien garni et une main d'œuvre locale satisfaite de trouver un travail.
- La chaussure connue aussi son grand boom, mais à l'époque où un modèle unique suffisait à faire travailler du monde et à permettre à une entreprise de bien tourner. Les établissements ARMA fondés par Monsieur Ardiller sortirent le "kneip". Mais les exigences de la mode imposeront de se tourner vers la diversification des produits qui commenceront à amener une complexité dans la fabrication et dans les chaînes de montage. La SARL ARMA s'adapta à cette organisation, à ces difficultés, à la concurrence du marché jusqu'à compter plus de 120 ouvriers à Mussidan, à la tête desquels Mrs Angouin, Dallies et Manet se donnèrent à fond pour réussir à cette époque dite des années glorieuses.
- Autre fleuron de Mussidan avec la trépointe, spécialité des Ets. MARTIN. La trépointe constituait la partie essentielle de la chaussure. Mais ici aussi la simplification des chaînes de fabrication de chaussures diminuèrent la quantité des trépointes, et monsieur Martin dut se résoudre à tourner son activité en fonction du contexte extérieur et de l'évolution de la fabrique de la chaussure.

MUSSIDAN-tissage-2-copie-1[1]

- Le tissage quant à lui a connu ses heures de gloire à Mussidan. Créés lors de la première guerre mondiale, les Tissages de Gabillou comptent plus de 50 ouvriers, dans deux de ses usines (Sourzac et Saint-Médard) ceci pour soixante-dix corps de tissage (linge de maison, serviettes, draps, nappes, etc. ...). Vers 1960 cette société devint la Société Textile de l'Isle, mais malheureusement, elle ne supporta pas le choc de la révolution industrielle et du marché mondial.
- Autres corps de métier avec les Etablissements Devise fondés en 1871 et spécialisés dans le feutre à pantoufle. Dans les années 60 la société compte 112 ouvriers mais s'oriente vers les couvertures avec une confection originale, riche en couleur et en qualité.
- Le meuble aussi a profité de la matière première de la proche forêt de la Double. Gérard Gras fut le premier maître de cette dynastie fondée en 1895. Durant une époque, 26 ouvriers et compagnons du Tour de France se consacreront à la fabrique des meubles d'équipement dans ses ateliers. Dans le même secteur les Etablissements Ranouil créés en 1926 avec trois ouvriers, continuent à perpétuer la tradition du meuble avec en 1960 un effectif de 26 ouvriers.
- Et que dire de la Société Cirière qui, elle,  se consacrait à la fabrication de cierges et de bougies ? Riche de 30 employés, cette entreprise Mussidanaise traitait ses marchés avec les paroisses de France mais aussi avec les villes religieuses comme Lourdes, Lisieux, etc ... et cela aussi fonctionnait.

RCM

- La vannerie c'est l'art de travailler le rotin. René Rouet tenait un atelier artisanal avec douze ouvriers dont la tâche était variée avec confection de sièges, de lampes de chevet, de porte revues, de huche à pains, de plateaux ou encore de coffre à linge, de sacs et de paniers soit en définitive une petite industrie qui desservait les grands magasins et les boutiques spécialisées.
- Monsieur et madame Francisque exploitaient eux, un cinéma. Et comme parfois les sièges se détérioraient, ce couple se mit à fabriquer quelques exemplaires pour remplacer les manquants de leur salle. Le bouche à oreille ne tarda pas à faire le reste, et c'est ainsi que la production personnelle devint artisanale et prit de l'ampleur, jusqu'au point de s'industrialiser.
- Mussidan on l'a déjà dit a été d'abord un grand centre agricole. Et si en 1960 l'artisanat et la petite industrie connurent l'essor d'après guerre, l'agriculture a conservé toujours une certaine suprématie avec comme fleuron, la culture du tabac.
- Le tabac, exploitation dominante du Mussidanais constituait la ressource familiale essentielle qui répondait aux besoins de la petite propriété. Le tabac représentait 140 planteurs, 270 ha consacrés pour la SEITA et toujours le souci d'améliorer les techniques de culture par l'adoption de nouvelles fumures et le perfectionnement des séchoirs. Les bras familiaux étaient mobilisés pour la récolte ou l'effeuillage et à Mussidan on a longtemps planté, récolté, effeuillé, séché et trié. Depuis plus de 100 ans le tabac occupait la première place des ressources agricoles si bien que le Syndicat des planteurs avait pignon sur rue tout comme le magasin d'achat face à la gare.
- Derrière le tabac aujourd'hui presque abandonné, le maïs et le blé pour nourrir les bêtes à viande ont pris le relais dans la riche vallée de l'Isle. Et notre monde agricole subsiste par l'élevage de veaux blancs, de vaches normandes et des frisonnes. D'ailleurs en 1960 le château de Fournils au domaine de Bassy et l'élevage d’Elie Garaud à Saint-Médard constituaient les références d'une production moderne et performante. Les prairies où abondaient ray-grass et luzerne nourrissaient ce bétail. Mais la ferme c'était aussi l'aviculture, mais uniquement pour ses besoins, sans oublier le marché aux noix et aux châtaignes d'antan qui déplaçait les petits producteurs.
- Et on ne terminera pas sans parler des ressources forestières. Autour de Mussidan on le sait, la forêt occupe une grande place et elle a été bien souvent le bas de laine privilégié pour payer les tracteurs que l'on exposait dans les comices agricoles, véritable rassemblement de ce monde rural, très enraciné et qui a tant marqué la vie du pays et dont la course cycliste honorait ces festivités traditionnelles.

pont

La croisée des chemins débute de ce pont sur l'Isle

- Et dans tout cela que dire de cette époque des années 1960, de cette croisée des chemins ou depuis tout a changé ? Avant hier on traversait la ville de Mussidan pour aller de Périgueux à Bordeaux. Hier on la contournait par une bretelle de route, aujourd’hui avec l'autoroute on l'évite, peut-être pour l'oublier ? De tout temps les gens ont réagi pour s'adapter à de nouvelles situations, à de nouveaux défis car il a fallu survivre et à Mussidan, même lors des heures sombres de la guerre, on n'a jamais failli à son devoir.
- Aujourd'hui la section cycliste du Racing-Club connait et vit un autre contexte. Elle a aussi traversé vents et marées, et 40 ans après, l'essentiel ne se situe t-il pas dans le fait d'occuper toujours le terrain ? Assurément oui, mais à une nouvelle croisée des chemins et des défis encore plus périlleux à surmonter.
- Tout cela bien sur n’a rien à voir avec le cyclisme me direz vous ? Et pourtant, c’est cette situation et cette monographie économique qui ont permis d’une certaine manière au tissu associatif de vivre. Les gens avaient du travail, ils sortaient pour voir les courses et n’hésitaient pas de ce fait d’alimenter les caisses de primes. Quant aux artisans, industriels et commerçants, ils répondaient présents sur les programmes publicitaires des courses du calendrier.

VÉLO DORDOGNE - MUSSIDAN (15) © BERNARD PECCABIN
Prochain épisode : 1970 saison de terrible concurrence
La mémoire du cyclisme en Dordogne

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Commentaires
M
Bonjour Bernard , <br /> <br /> Bel article pour faire comprendre aux coureurs d'aujourd'hui comment ceux des années antérieures ont connu la "poule aux oeufs d'or" grâce à la belle santé des commerces et artisanats locaux ( des années 50-70) qui était le gage de nombreuses primes à distribuer ...
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