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RETRO VELO DORDOGNE
24 juin 2021

QUAND LES FRÈRES MERCADIÉ CAUSENT

DIALOGUE ENTRE LES MERCADIÉ ET GÉRARD DESCOUBÈS

page de garde

- Il a suffit d’une photo sur facebook pour réveiller une passion sur les tactiques et les stratégies d’antan, sur les rivalités entre français et étrangers, bref à refaire la course… La question fait suite à la présence d’une délégation de coureurs Belges lors de la nocturne de Mussidan en 1986, alors qu’ils n’avaient pas le droit d’y être… "Rétro Vélo Dordogne" reproduit cet article passionnant et ces échanges sur facebook où personne ne lâche son morceau dans leur raisonnement. On revit ainsi cette grande époque des années 1980, lorsque les coureurs du comité des Pyrénées régentaient les courses régionales de par leur force et leur entente.
- Vous découvrirez des propos très offensifs de personnages que "Rétro Vélo Dordogne" adorent. Les Mercadié, quand ils débarquaient avec leur grosse CX pour prendre le départ, c’était sur qu’il y allait avoir du spectacle. Mais ce que j’aime chez les Mercadié et chez Descoubès, c’est cette légendaire passion pour le vélo qui les unit, même si quelques divergences nous assurent du spectacle, celui de revivre ce passé au travers de ce reportage. Mais avouons que Gérard Descoubès connaissait bien son monde, notamment ce Belge qui semblait venir de nulle part et qui avait un palmarès relevé (lire ci-dessous).

Eddy VAN HAERENS

 PALMARÈS D’EDDY VAN HAERENS
(né le 23 février 1954 à Torhout (Flandre Occidentale).
Palmarès qui souligne bien la valeur du coureur
Gérard Descoubès avait bien raison à son sujet

1974 (amateur).
1977 (Ebo-Supéria) 1° Tour de Flandre Orientale à Avergem, 1° troisième étape du Tour de Catalogne, 2° du circuit du Tournaisis, 2° du Circuit Mandel-Lys-Escaut, 2° de la coupe Sels, 3° de la Flèche Rebecquoise.
1978 (Carlos-Galli-Allan) 1° du circuit du Brabant Occidental, 1° de Londres-Holyhead, 1° Wingene, 3° du Circuit du Tournaisis, 3° de la Flèche Hesbignonne, 3° du circuit des Régions Linières.
1979 (Boule d’Or-Lano) 1° Westrozebeke, 2° du circuit des Ardennes Flamandes, 3° du circuit du Maasland à Kotem.
1980 (Boule d’Or-Colnago) 1° du Grand Prix du Printemps à Hannut, 1° à Kortemark, 1° à Koekelare, 1° de la cinquième étape des quatre jours de Dunkerque, 3° de Blois-Chaville.
1981 (Boule d’Or-Colnago) 1° à Zomergem, 1° à Moorsele, 2° du Circuit du Houtland, 8° de Gand-Wevelgem, 8° de Harelbeke-Anvers-Harelbeke.
1982 (Safir-Marc) 1° du GP de Denain, 1° du critérium d'attente de la Classica de San Sebastian, 1° à Erembodegem, 1° à Thorout, 1° à Kelem, 1° à Lichtervelde, 1° de la quinzième étape du Tour d’Espagne, 1° de la dix-neuvième étape du Tour d’Espagne, 1° de la première étape du Tour de l’Aragon, 1° de la deuxième étape du Tour de l’Aragon, 1° de la troisième étape du Tour de l’Aragon, 1° de la deuxième étape du Tour des Pays-Bas, 2° du Championnat de Belgique, 2° de Gand-Wevelgem, 2° du Tour d’Aragon, 3° à travers la Belgique, 47° du Tour d’Espagne, 2° de la première étape, 2° de la deuxième étape, 2° de la douzième étape, 3° de la première étape, 3° du classement par points.
1983 (Safir-Van de Ven) 1° du circuit des régions Linières, 1° à Olsene, 1° à Gullegem, 1° à Zevekote, 1° à Westrozebeke, 1° à Kortemark, 1° de la première étape du Tour de l’Aragon, 1° de la cinquième étape, 9° du GP de l’Escaut, 24° de Milan-San Remo.
1984 (Safir-Van de Ven) 1° à Westrozebeke, 1° à Oostrozebeke, 1° à Kortemark, 1° de la troisième étape du Tour de Catalogne, 3° du Circuit des Frontières.
1985 (Eurosoap-Cracks) 1° du Circuit des régions fruitières, 1° de Bruxelles-Ingoolgem, 1° du championnat des Flandes, 1° à De Haan, 1° à Courtrai, 1° à Houthulst, 3° du GP de clôture à Putte-Kapellen.
1986 (Loïs-Fangio) 1° à Mussidan, 1° à Deerlijk, 1° de la deuxième étape Tour du Danemark, 3° de Bruxelles-Ingoolgem.
1987 (Sigma) 1° à Deerlijk, 2° du Circuit du Pajottenland à Anderlecht.
1988 (Sigma) 14° Bordeaux-Paris, 115° Tour d’Espagne.

 DIALOGUE ENTRE LES MERCADIÉ ET GÉRARD DESCOUBÈS

AU SUJET D’EDDY VAN HAERENS

Gérard Descoubès : j'y étais aussi à cette nocturne et j'avais été surpris d'y voir 7 ou 8 Belges venus en commando de leur pays natal (où j'avais fait leur connaissance) avec le "Kapo" E. V. Haerens coureur rondouillard qui semblait toujours trimballer quatre ou cinq kilos de trop, mais roi des kermesses en Flandre, il était certain que nos amateurs allaient passer une mauvaise soirée.
Roland Mercadié : Ils ont eu de la chance les belges, les Mercadié venaient de prendre la retraite.
Gérard Descoubès : Oui mais là, il y avait quand même un sacré morceau à se farcir, un mec qui a gagné des étapes dans tous les Tours auxquels il a participé, la plupart des semis classiques Belges à une époque où ce n'était pas des 3e catégories qui en prenaient le départ, sans compter les kermesses où il restait un des papes. De plus ils n'avaient pas fait le voyage depuis la Belgique pour rien, alors à moins de cracher au bénitier, je pense que la victoire eut été difficile, et je sais de quoi je parle. Je connais bien mon monde. (Descoubès dit vrai quand on connait son palmarès).
Guy Caput : Gérard Descoubès, il a même pas dû se faire péter les varices pour gagner !
Gérard Descoubès : une jambe attachée au cadre.

1976 Bx-Saintes Roland Mercadié

1976 et la victoire de Roland Mercadié dans Bordeaux-Saintes, Simonot est 3°

Roland Mercadié : Salut Gérard Descoubès. On va rester cohérent et si tu veux, je te citerai bon nombre d'étrangers qui sont repartis bredouille. Polonais et pas des moindres. Hanusik Sukowski les regrettés. Autre hollandais champion de Hollande : Vroom. Suisse : Guillet, etc … Belges venus en Provence avec les polonais d'Auxerre, etc … juste un petit aperçu. Bien sûr rien n'est jamais gagné d'avance, mais n'oublie pas que notre peau valait cher. Amitiés à toi Gérard.
Fernand Lajo : Roland Mercadié, je fais second…
Roland Mercadié : Tu vois Fernand tu étais près de la gagner. Mister Descoubès nous mettait au second rang. On n’avait pas souvent des 3ème catégories en face.lol ! Sans rancune pour Gérard Descoubès.
Fernand Lajo : Roland Mercadié, je vais rechercher mon cahier à spirales.
Roland Mercadié : moi aussi en 3 et 4.

73 à 75

Classement qui permet de revoir les noms des adversaires de cette époque
Pour mieux lire tous les classements cliquez sur l'image

Gérard Descoubès : Roland Mercadié. Holà, Roland, je n'ai jamais dit que tu gagnais devant des 3e catégories, mais là, ce n'était pas un charlot, même l'ami Fernand qui était tout le contraire d'un 3e caté s'était avoué vaincu et Fernand c'était Fernand !
Gérard Mercadié :
Gérard Descoubès, alors explications : Oui on est bien d accord Fernand c’était Fernand, un rapide sauf que si tu demandes à Fernand qui est un garçon honnête et pas jaloux et que j apprécie, il te dira la vérité sur un sprint régulier le résultat entre Roland et lui. Je te rassure je sais de quoi je parle, car c est souvent moi à une époque, qui sortait Roland aux 500 mètres et crois moi j’aurais bien rigolé, car le résultat, s il y avait eu confrontations entre Roland et le cycliste dont tu parles, je connais le résultat d’avance. Je n’ai jamais connu une défaite de Roland dans les grands combats sur une arrivée s’il était bien amené, et pire si c’est moi qui le sortait. Je me souviens d’une anecdote sur une arrivée je crois que c étais à Seignosse le Penon, je te le fais très court. D’un côté de la route, Claude Magni qui amène Francis Castaing (assez rapide chez les pros puisqu'il enquille Jan Rass sur une arrivée) et moi qui amène Roland à gauche de la route et Claude à droite côte à côte avec moi. Je sors donc aux 500 m avant la ligne au sprint 53x13 après avoir amener depuis un bon km et Roland enclenche le 12 à 300 mètres et son résultat : 1er Roland et le rapide Francis bien bien loin...Mais ce n’était qu' un échantillon. On en a vécu des plus houleux. Seulement pour le sprint, pour en apprécier la rapidité et la puissance d’un coureur, il faut le vivre sur le vélo. Je reconnais que sur la touche il est difficile d’évaluer la force d’un coureur au sprint. La seule solution pour un spectateur c’est par comparaison des résultats, sauf que quand tu es dans le sprint, tu sais et tu ressens les possibilités de chacun. Je peux donc en parler puisque je le vivais sur le vélo et en toute impartialité contrairement à se que tu pourrais croire. Comme dit Gabin dans la fin de sa chanson "ça je le sais !"Il faut savoir que nous étions encore plus forts. Quand il y avait une confrontation de haut niveau. J’aurais tellement aimé te prouver ce que je dis parce qu’il y a des choses que l’on ressent sur les capacités. Voilà, mais j’ai tellement à dire sur des sprints... Une dernière chose, sache que pour nous des sprints dans une course, il y en avait des dizaines car les primes, il fallait aller les chercher, alors que toi tu parles d’une arrivée, donc un seul sprint de tes gars. Nous sur une arrivée on avait déjà la coupe pleine, donc sur un seul sprint Roland bien économisé et bien sorti, je ne connais pas grand monde capable de le rivaliser pro y compris bien sûr, je parle d’eux, pas d'une arrivée parmi tant d’autre ...Tout mon récit est dit avec respect pour tout le monde, toi y compris, c est juste une mise au point parce que je sais trop de quoi je parle. Amitié à toi Gérard Descoubès.

1980 Roland Mercadié GP Rouergue vainqueur

Bernard Peccabin : Gérard Mercadié je ne rentre pas dans ce débat mais je ne peux m'empêcher d'apprécier votre description très technique et captivante à lire. Du vécu grande dimension.
Fernand Lajo : Gérard Mercadié, j’ai toujours admiré Roland pour sa capacité à enchaîner les sprints dans un critérium, pour le battre je devais faire l’impasse sur les derniers tours et en garder "pour la gagne". Il faut reconnaître qu’il avait aussi un très bon lanceur. Ce que je garde de cette époque, c’est un profond respect entre nous. Pour info, on doublait le même jour Sainte Foy La Grande et Mussidan ...
Roland Mercadié : Bonsoir Bernard. T'inquiète pas, c'est amical quand même, mais bien sûr les mises au point s'imposent. Tu sais Gérard était aspirant pro. A la Redoute 1984 et bien c'était à chaque compétition qu'il côtoyait les Belges chez eux et ils doivent aussi s'en souvenir. Il les a arrangé sur des kermesses, alors Bernard tu comprends il fallait le faire savoir à Gérard Descoubès. (ci-contre Roland Mercadié en 1976)
Quand Gérard gagne une étape à Moyeuvre-Grande au Circuit des mines international, les belges, les hollandais et les Mottet, Hosotte, Théo Van Vliet, Herman, etc... Ils n’ont rien pu faire dans un mur de 2 kms. Il les a laissés sur place. Tout ça pour te dire que quatre Belges aussi bon soit ils, n'allaient pas nous impressionner. Allez, Bernard je t'abandonne mais je dois te dire que ton petit mot nous fait plaisir. Nous pensons que tu apprécies à leur juste valeur nos commentaires. A plus. Bise.
Roland Mercadié : Pour info Fernand, le 13 au soir les 100 tours de Périgueux, Port Ste Foy le lendemain après midi et le soir la nocturne des champions à Mussidan. Trois courses en 24 h, alors...
Fernand Lajo : Roland Mercadié, oui et on doublait 3 ou 4 fois en Août en plus de Ste Foy et Mussidan (Pompadour, Montpon, Mirande, Beaulac Bernos, Dax).
Gérard Descoubès : Roland Mercadié tu ne m'apprends rien ! L'étape du circuit des mines, je m'en souviens comme si c'était hier (pour moi d'ailleurs ça reste sa plus belle victoire) sous un temps épouvantable, il avait sorti tout le monde dans la bosse d'arrivée, un grand numéro ! Par contre, je ne l'ai jamais vu s'imposer dans une kermesse Belge, juste dans une Française dans le nord pas loin de la frontière Belge (le nom je ne m'en souviens pas trop, mais je peux le retrouver: un château quelque chose). Mais sois gentil de me donner les noms où il a remporté la victoire dans des kermesses Belges, merci par avance.
Gérard Mercadié : Roland Mercadié je me souviens de cette année là, un grand cru d étrangers que tu viens de citer dont le champion du monde Polonais et toute son équipe, le Hollandais (le fameux Vroom) et tout ceux qu' ils ont déjà envoyé un rapide belge, un Daniel Morelon, etc… résultat pour mémoire à Gérard Descoubès : 1er à l’internationale d’Aurillac, Roland Mercadié puis le lendemain à l’internationale de Saint-Céré avec encore les mêmes clients internationaux, 1er Gérard Mercadié pour ne citer que ces deux là. Alors aucun souci avec la même modestie, nous aurions accueilli les coureurs que cite Gérard Descoubès. Ils auraient subit le même sort et ça j’en suis sûr car ils ont toujours tout essayé avec les étrangers pour venir nous battre, sauf qu'ils sont toujours repartis, comme ils sont venus, au grand désespoir du connard président du comité de l’époque Strauss...Il y aurait long à dire, mais la Mister Descoubès aurait vu qu'ici, chez nous, on essaie en général de rester maître...

1982 G

1982 Quand Gérard Mercadié remporte l'étape au circuit des mines

Roland Mercadié : Tout est dit. Dommage ils auraient vu qui avait du coffre ! La chance leur a souri. N'oublions pas que Mussidan on l'a gagné. Et il n'y avait pas que des petits calibres ! Il nous a fallut freiner pour ne pas leur mettre deux tours.

76 à 78

Gérard Mercadié : Roland Mercadié mon dieu heureusement pour eux qu'ils nous aient pas croisé. Ceux que ne savent pas, beaucoup de gens même des avertis comme Gérard Descoubès avec tout le respect que je lui dois, c est qu'ils pouvaient nous envoyer des professionnels de l époque qui étaient bien plus aguerris que ceux d’aujourd'hui. Et bien ça n’aurait rien changé car là on n’est pas dans la montagne, ni dans des étapes, la science de la course est différente et pas question d’avoir un directeur sportif pour te guider aux oreillettes. De plus, ils auraient dû apprendre à pédaler dans les virages et puis pas questions de ne faire qu'un seul sprint dans une course (trop facile de ne faire que celui de l’arrivée, comprennent qui le veut bien)... Là on n'est plus chez les gamins quand on amène, on sait d’où vient le vent et quand tu démarres il faut avoir jaugé le bon moment, avant ou après les virages par exemple, ou sortir du bon côté pour mettre les autres dans le vent et j en passe, sans parler de frotter avec les coudes et les trottoirs. Trop long à dire. Un seul regret, que l’on ne soit pas passé pro dans la même équipe. D’ailleurs certains pros qui veulent l’avouer en sont conscients, et certains on croisé les doigts pour que nous ne passions pas chez eux, il y aurait certains maillots qui n’auraient pas été sur les mêmes épaules dans un Tour de France par exemple… Peut-être aurions dû passer en Espagne et pas en France où il fallait lécher le cul profondément à Strauss vice président de la fédération et président du comité des Pyrénées. Voilà certaines vérités à dire de notre vivant et pas quand on sera crevé !

1983 Tour gironde G

1983 le Tour de Gironde pour Gérard Mercadié, Bocquier meilleur grimpeur
et Marino Vérardo pour les points chauds

Gérard Descoubès : Mais Gérard, je n'ai jamais voulu minimiser les talents de sprinter des Mercadié, vous étiez deux jolis spécimens de coursiers, je vous ai vu vaincre quelques fois aussi. J'ai juste voulu, avec des propos imagés, mettre en exergue la réputation d'un Belge méconnu en France qui m'avait étonné sur une Vuelta en gagnant deux étapes en sprint massif, et qui avait régenté quelques saisons les kermesses en Belgique. Tout ça pour répondre à votre réponse ironique ''ils ont eu de la chance les Mercadié étaient à la retraite''. Et confidence pour confidence j'ai juste voulu faire sentir, qu'il n'était pas évident, que vous vous soyez imposés, vu que le client restait quand même une pointure, rompue à tous les vices des kermesses, qui n'avaient rien de comparable, même avec le plus difficile de nos critériums. Ceci dit, vous avez toujours toute mon admiration pour l'ensemble de votre œuvre. Avec mes amitiés sportives et tout le bon souvenir que je garde de vous deux.
Gérard Mercadié : Gérard Descoubes merci pour tes compliments mais une petite précision pour : ''ils ont eu de la chance les Mercadié étaient à la retraite'' ce n était pas une réponse ironique mais une pensée bien réelle car nous aimions les coureurs qui avaient du répondant, car cela nous motivait encore plus au point d’y laisser notre dernière goutte de sang s’il avait fallu pour en venir à bout victorieusement. Soit ce n’est jamais gagné d’avance, mais c’est là où se trouve tout le plaisir quand il y a une vraie opposition. Plus c’était dur pour nous, plus c’était bon ! Autre chose, tu fais bien de parler des kermesses, en as-tu déjà faites toi pour dire que c était plus difficiles que certains de nos critériums chez nous ? Moi oui et je me suis fais le plaisir d’aller les mater chez eux, car en 1984 étant à La Redoute. J’allais souvent en Belgique me faire les dents et glaner quelques victoires et justement personnellement je dirai qu' il n’y avait rien d’impressionnant pour moi, ils ont pris quelques bons coups de 13 dents, je pense qu' ils s’en souviennent encore. Bien au contraire, c’était plus facile car tout le monde faisait sont travail, je n’avais pas à subir les ratons que nous avions en France sur le porte bagage toute la journée, qui attendent que tu fasses tout le boulot. Donc je trouvais les kermesses bien agréables et bien plus faciles. Evidemment la réputation se fait toujours par des coureurs qui n’ont rien vu "ohlala disent les rats français, en Belgique ça ronfle". Laisse-moi rire, j’ai vu, j’ai pratiqué et je préfère de loin courir en Belgique, bien plus simple et bien plus facile parce que justement ça roule fort, mais c est normal ! Ça devrait être comme cela tout le temps. Alors je te le dis encore une fois et percute bien : plus c’était dur et mieux c’était pour nous ! Donc ce n’est pas parce qu'il y aurait eu quatre belges que nous allions trembler, AU CONTRAIRE… je pourrais te citer d’autres exemples mais trop long... Voilà bien d autres anecdotes pourraient s’écrire mais n’oublie pas que vu le nombre de victoires à nous deux il faudrait plus qu' un roman pour écrire nos carrières. Oui beaucoup d’exploits ont été souvent méconnu mais pas tous, ça ce n’est pas grave. Nous les avons vécus au désespoir de certains. Je te renouvelle mon respect et mes amitiés. Bonne soirée.

1984 GP indépendant Mercadié Gérard 3°, puis Bocquier, Dufour, Polloni

1984 Gérard Mercadié pour la 3° place au GP de l'Indépendant
puis Bocquier, Dufour et Polloni

Gérard Descoubès : Je ne perds rien c'est à Solre Le Château où il gagne dans les Flandres Françaises en 1984.
Gérard Mercadié : Gérard Descoubès, Solre le Château n’est pas la seule en Flandre française. Il y en a une autre mais il me faut rechercher le nom si je le retrouve, je ne l ai pas en tête, trop loin dans ma mémoire. Pour la Belgique tu ne sais pas tout, savais-tu que je devais passer pro en 1983 ou même 82 je ne sais plus laquelle des deux années en Belgique dans une équipe qui se montait autour de Van Impe ? Sauf qu'après avoir roulé la moitié de l’hiver, la mauvaise nouvelle tombait en m’annonçant que le sponsor principal venait de se retirer. J’avais donc des entrées en Belgique et je ne peux pas ici t’en dire plus mais en message privé je pourrais t’expliquer certaines choses concernant les noms de kermesses. Oui j avais été recruté par un sélectionneur belge à la suite du Grand Prix international de Saint-Céré. C’est juste un petit complément d’info car je te sais à l’affût et gourmand des résultats. Ne t’inquiète surtout pas de mon franc parlé, cela fait parti de ma personnalité, c’est de famille chez nous. Sportivement, entre Gérard pour prénom, on devrait se comprendre…
Gérard Descoubès : Gérard Mercadié aucun problème, justement je te comprends, entre Gérard comme tu le dis.
Guy Caput : Moi, je me souviens d'une course vers Toulouse, on avait dû arriver à six - j'ai regardé le sprint de loin ! -, et Roland avait mis une longueur à Alain Bernard, Jean-Michel Richeux (le rapide Breton champion de France de cyclo-cross, qui avait coupé dans le fossé et pris 10 mètres dans l'épingle à cheveux, aux 300 mètres !), Serge Mailhé (le vainqueur du km Rustines national, l'année précédente), Gérard Colinelli et ma pomme qui avait téléphoné à son père le soir, pour lui dire : " P'a, j'ai vu un mec, aujourd'hui, qui va méchamment vite, et il ne doit pas avoir beaucoup plus que vingt ans ! " P'tit Louis m'avait alors répondu : "J'en doute pas, mais il y a trop de pognon dans ce coin et c'est rarement les meilleurs qui passent pros." Ce devait être au mois d'août 1971... Roland n'est jamais monté à Paris.

79 à 81

Roland Mercadié : Mon cher Guy. Encore une fois tu as vraiment la classe pour raconter des vérités. Oui Paris pas trop. Mais comme j'ai fait le Bataillon de Joinville un peu quand même. Paris-Dreux, Paris-Connerré, Paris-Evreux, Paris-Troyes et quelques autres étant bidasse ce n’était pas quand-même la grande forme et puis beaucoup de malchance me poursuivait cette année là. Mes potes était le regretté Fussien, Bourreau, Daniel Dubau, Talbourdet, Jean-François Pécheux, etc… et bien sûr le grand Louis Caput qui était aussi un peu visionnaire. J'ai l'impression de visualiser cette compétition à côté de Toulouse ou c'était la première fois que je faisais connaissances avec mon ami regretté Alain Bernard. J'ai aussi côtoyé Jacques Esclassan un grand. Il n'aimait pas me voir car il a eu pris quelques longueurs. Je me souviens d'un critérium à Tarbes où il demandait à quelques coursiers qui j'étais. Il venait de prendre10 mètres. Lol ! Comme j'ai gagné ma vie pendant 18 ans avec mon sport je ne me souviens pas de toutes. Si deux étapes au tour de Tunisie. Dont une devant le très rapide allemand Matusek. Il a eu affaire là à mon 53×12. Je vais arrêter la Guy, je n'en finirais pas d'anecdotes que seul un coursier guerrier peut comprendre. Je sais que tu sais qu’à moi et mon frère Gérard, la force des autres nous rendait encore plus forts. A bientôt Guy. Bises.

Mercadié Roland 33

PALMARÈS CONNU DE ROLAND MERCADIÉ.
Né le 10 septembre 1952 à Moissac. Clubs : CA Castelsarrasin, CV Montastruc, US Montauban
Débuts en 1968.
1969 3° Bordeaux-Arcachon.
1970 huit victoires, 2° Championnat de France des sociétés, Champion des Pyrénées de vitesse.
1971 huit bouquets, 1° Angoulême-La Rochelle, Champion des Pyrénées de vitesse, 2° championnat des Pyrénées clm par équipes. Vainqueur du Tour du Val d’Aran, vainqueur du Tour  du Quercy-Gascogne, deux fois vainqueur des boucles Sarrazines, 1° Grand Prix de l’Indépendant à Perpignan, 1° Prix de Verdun sur Garonne.
1972 service militaire à l’EIS Fontainebleau 5° Championnat de France militaire.
1973 1° Boucles Sarrazines, 1° Boucles du Périgord Noir, 2° Ronde l’Armagnac, Champion des Pyrénées de vitesse. Club France.
1974 (licencié au Bas Armagnac Cyclo-Club) vingt victoires, Champion des Pyrénées de vitesse. Club France.
1975 vingt victoires, Champion des Pyrénées de vitesse.
1976 vingt victoires 3° Championnat de France à Roubaix, 1° Mérignac, 1° Bordeaux-Saintes.
1982 5° Agen, 1° Fauillet, 1° Bordères, 1° Nocturne de Mussidan.
1983 2° Cézan, 2° Nocturne de Tarbes, 4° Nocturne d’Aurillac, 3° Tonneins, 1° Oloron, 1° Saint-Cyprien (31), 5° Saint-Cyprien (24), 3° Sainte-Livrade, 1° Ronde des Boulevards de Périgueux, 1° Circuit de la Gimone, 1° critérium Catalan, 1° circuit de Mirandol, 1° Cent Tours des Boulevards Périgueux, 1° GP de Rochefort sur Mer, 1° Saint- Aigulin, 1° Brive, 1° Montréjeau, 1° Castelsarrasin, 1° Graulhet, 1° Perpignan, 1° Oloron, 1° Aurillac, 1° Championnat des Pyrénées clm par équipes sur route.
1984 4° Bordeaux-Saintes, 5° Fauillet, 5° Périgueux Saint-Geogres, 1° Prix Chainegaz Brive, 5° Nocturne d’Eymet, 4° Prix de Brive, 4° Nocturne d’Ussel, 5° Nocturne de Bruch, 3° Ronde de Périgueux, 5° La Tramontane, 4° Gagnac, 4° Simorre, 5° Figeac, 1° Manosque, 2° Nîmes, 1° Saint-Aigulin, 5° Cézan (32), 3° Bio, 1° Lourdes, 1° Castelsarrasin, 3° Tulle, 5° Rodez, 3° Bédarrieux, 1° Perpignan, 5° Mas Grenier, 4° Aix en Provence, 1° Saint-Chély d’Apcher, 3° Moissac, 4° Lacapelle Marival, 3° Marciac, 1° Calvinet (15), 1° Montauban, 2° Auch, 1° Valence d’Agen, 1° Villefranche (12), 4° Rodez, 2° Saint-Cyprien sur Dourdou, 2° Moissac.
1985 2° Gagnac, 4° Fauillet, 3° Cézan (32), 4° Viviez, 1° Montréjeau, 1° Tarbes, 1° Casteljaloux, 5° Cajarc, 5° Millau, 1° étape Tour de Tunisie, 1° Valence d’Agen, 2° Montauban, 1° Moissac, 3° Saint-Céré, 2° Blagnac, 1° Montréjeau.

Mercadié Gérard 33

PALMARÈS CONNU DE GÉRARD MERCADIÉ.
Né le 21 avril 1957 à Moissac. Clubs : CV Montastruc, VC Roubaix, UC Sayat, VC Cuxac.
Débuts en 1972. Vainqueur du Prix Motobécane à Montauban, du Trophée Peugeot, du championnat de poursuite par équipes, du prix Nord-Sud Aveyron, d’Orthez-Orthez, du Tour de Vendée, du prix du Rouergue, du prix CNE à Lafrançaise, d’une étape du Tour Toulouse-Pyrénées, du prix de la ville de Toulouse, d’une étape du Tour de Bigorre, 1° Championnat clm par équipes, 2° Ronde de l’Isard d’Argent (vainqueur de trois étapes), 3° d’une étape de la classico RCN (Colombie), 5° Bordeaux-Saintes.
1982 1° Montastruc, 5° GP de l’Indépendant, 1° Ronde Vélo d’Or, 1° Ronde des boulevards Périgueux, 1° Nocturne de Castelmoron, 1° Nocturne de Tonneins, 1° Critérium Catalan, 1° étape circuit des mines (maillot des points chauds).
1983 1° Boucles Catalanes, 1° Boucles du Tarn, 4° Ronde de Vélo d’Or, 1° Montastruc, 2° Pessac, 3° Villefranche de Rouergue, 9° Lafrançaise, 1° Tour de Gironde (vainqueur de deux étapes), 3° Trophée CNE Quercy, 5° Tour de Toulouse Pyrénées, 2° Montflanquin, 4° Tonneins, 2° Villefranche sur Lot, 5° Nocturne Montauban, 1° Critérium Catalan, 1° Saint-Porquier de Grange, 1° Brive, 1° Millau, 1° L’Union, 1° Saint-André de Sangonis, 1° Vayrac, 2° Critérium de Pleaux, 2° Mauriac, 2° Tour du Tarn (victoire d’étape), 2° Salon de Provence, 3° Prix du Barben, 3° Prologue Tour Yougoslavie (vainqueur des points chauds), meilleur grimpeur Tour Toulouse-Pyrénées, 7° Championnat de France clm par équipes, 2° Prix Euromarché, 3° des cinq jours des As.
1984 3° Grand Prix de l’Indépendant, 2° Paris-Evreux, 2° Cénac Saint-Julien, 2° Trémolat, 1° Eymet, 2° Nocturne de Montflanquin, 1° Agen, 4° La Tramontane, 3° Montréjeau, 2° Castelsarrasin, 1° Ondes, 3° Figeac, 1° Nimes, 1° Castelnavet, 2° Nocturne Albi, 2° Auch, 2° Nocturne Castelsarrasin, 4° Eauze, 1° Luchon, 4° Tulle, 1° Rodez, 2° Bédarrieux, 2° Perpignan, 4° Saint-Chély d’Apcher, 1° Vayrac, 1° Beaumont de Lomagne, 2° Lacapelle Marival, 1° Drulhe, 2° Calvinet (15), 3° Montauban, 3° Rodez, 1° Critérium International de Saint-Céré, 1° Moissac, 1° Espéraza.
1985 1° Montréjeau, 5° Viviez, 2° Cézan (32), 2° Bagnères, 5° Périgueux Saint-Georges, 5° Viviez, 2° Valence sur Baïse, 3° Montréjeau, 1° Championnat d’Auvergne route, 1° Montauban Lauzerte, 5° Lafrançaise, 2° Négrepelisse, 4° Critérium Tour Gironde, 2° Leymé, 5° Rodez, 2° Perpignan, 1° Sarlat, 3° Montflanquin.
1986 4° Circuit des Gorges de l’Aveyron, 2° Gagnac, 5° Castelsarrasin-Moissac, 5° Figeac, 2° Saint-Barthélémy.

82 à 84

LES MERCADIÉ SE RACONTENT SUR LA PRESSE

QUELQUES MORCEAUX CHOISIS

ROLAND MERCADIÉ DANS SES DÉBUTS.
(article de Michel PIERRE saison 1976).

ROLAND

- Récent vainqueur à Mérignac du prix Michel Sainte-Marie, Roland Mercadié est âgé de vingt quatre ans. Il pratiquait déjà la bicyclette avant de penser faire de la compétition. Mais un jour, près de chez lui passa une course cycliste. Ce fut pour Roland le véritable coup de foudre. Le cyclotourisme ne lui suffisait plus et c’est ainsi qu’il se licenciait au Cercle Athlétique Castelsarrasinois. Ses véritables débuts dans la compétition remontent au mois d’août 1969. Cette année là, il obtenait déjà des résultats encourageants puisqu’il terminait troisième de Bordeaux-Arcachon, et réussissait à plusieurs reprises des places d’honneur. L’année suivante Roland Mercadié commençait à faire parler de lui. Il ajoutait huit victoires sur route à son encore petit palmarès et surtout revenait de Lorient avec un titre de vice champion de France de vitesse sociétés.
- Ces débuts prometteurs se confirmaient en 1971, durant cette saison, il glanait en effet huit bouquets, sans compter sa victoire dans la classique Angoulême-La Rochelle. Après l’interruption du service militaire qu’il accomplit à l’EIS de Fontainebleau, mois durant lesquels il poursuivit son entraînement, participait aux championnats de France Militaire à l’issue desquels il se classait cinquième. Roland revenait à la compétition civile s’adjugeait de nombreuses places de premier et se comportait de façon remarquable dans un certain nombre de classiques. Il gagnait les boucles Sarrazines et celles du Périgord Noir, terminait second de la Ronde de l’Armagnac dès son retour de Fontainebleau. En 1974, il signe au Bas Armagnac Cyclo-Club, empoche une vingtaine de victoires sur route et renouvelle ce score les deux années suivantes. A ce palmarès déjà éloquent, il faut ajouter des résultats non moins éloquents sur piste : 1971, 1970, 1973, Roland obtient le titre de champion des Pyrénées de vitesse sociétés. Dans cette même discipline, il termine troisième des championnats de France de Roubaix. Champion des Pyrénées de vitesse trois années consécutives de 73 à 75, il est titulaire du club France en 1973 et 1974.
- Ce garçon équilibré est un sportif accompli. Outre sa passion première, il s’intéresse au canoë qu’il pratique avec son jeune frère sur le Tarn. Son frère qui en cyclisme a obtenu quelques victoires en juniors. De temps en temps Roland s’entraîne au tir à la cible, lorsqu’il ne réalise pas quelques travaux de bricolage ou de mécanique, domaines dans lesquels il se défend très bien. Pour se maintenir en forme durant la saison hivernale, ses meilleurs atouts sont le footing, le cyclo-cross à titre personnel et la musculation.
- Marié, il trouve chez sa jeune femme toute la compréhension et l’aide qui lui sont nécessaires pour poursuivre sa carrière, ue carrière qui nous lui souhaitons continuera aussi brillamment qu’elle a commencé. Michel PIERRE.

1985 TG 82 2° étape Amardeilh, Lopez, Leblanc, Mercadié accroupis Bonnand

Tour du Tarn et Garonne 1982 deuxième étape avec Amardeilh, Lopez, Leblanc,
Mercadié
accroupis Henri Bonnand

 GÉRARD MERCADIÉ BRILLE CHEZ PEUGEOT.
(article de Jean-Robert LALOI saison 1982).

- Pour vous rendre compte, au mois de mai dernier, de la prestation réalisée par l’équipe de France amateur ayant disputé la Classico RCN en Colombie - une équipe on le sait en partie constituée par des coureurs du Sud-Ouest - j’avais reçu maints échos de plusieurs responsables du cyclisme français.
- Parmi eux, celui de Roland Berland, l’ancien champion de France des pros, devenu depuis le début de la saison directeur sportif de l’équipe Peugeot, une équipe Peugeot qu’il avait dirigée en Colombie dans le cadre de la promotion de cette marque de cycles à l’étranger.
- Dès son retour en France, Berland se félicitait du comportement de ses hommes et notamment de son leader Pascal Simon puis déclarait en substance que l’amateur tricolore qui l’avait le plus impressionné sur les routes colombiennes s’appelait Gérard Mercadié et que - de toute évidence - la nature avait doté cet athlète d’une classe l’autorisant à envisager l’avenir avec beaucoup d’espérances en soi.
- Tout comme son vis-à-vis, Lucien Aimar, responsable pour sa part de l’expédition de nos représentants amateurs ne tarissait pas d’éloges lorsqu’il évoque le sociétaire du CV Montastruc : "c’est un battant, il sprinte, il roule et qui plus est, sa science de la course est irréprochable."
- Pas vedette pour deux sous, venu vers la compétition grâce à son frère aîné Roland. Gérard Mercadié est un homme de tempérament, un ambitieux, un volontaire. Bien qu’ayant inscrit à son palmarès de fort belles victoires, dont le Tour de Vendée en 80, les grands prix de Toulouse et de Villefranche de Rouergue la même année, le maillot des Points Chauds de la Route de France 81 et cette saison le championnat des Pyrénées par équipes et une étape du circuit des Mines sur laquelle nous reviendrons. Gérard est surtout connu pour ses qualités morales, sa sympathie, son immense joie de vivre et surtout son côté cocasse.

1985 TG 82 3° étape Négrepelisse Montauban Mercadié G, Brossais, Chatard, Riche, Pradel, Bonnad, Guissepin, Doueil, Sarniguet

Tour du Tarn et Garonne 1985 entre Négrepelisse et Montauban avec Gérard Mercadié, Brossais,
Chatard, Riche, Pradel, Bonnand, Guissepin, Doueil, Sarniguet

- A ce propos, une anecdote amusante révèle assez bien le personnage. La scène se passe lors du dernier Tour d’Ampurdan, une épreuve internationale par étapes du calendrier espagnol que j’avais eu le plaisir de suivre. Nous étions à Lloret de Mar une des plus grandes stations balnéaires de la Costa Brava. Ici se disputait un contre la montre par équipes en bord de mer, dans un remarquable décor orné de palmiers. Il s’agissait de tourner dix fois autour d’un gros paquet de maisons entre la foule et les véhicules en stationnement. Bref, un véritable exercice d’acrobatie disputé dans une pagaille monumentale à tel point qu’un garçon de café traversa rapidement la chaussée  pour servir ses clients sur la terrasse d’en face devant l’équipe de Montastruc que Mercadié emmenait tambour battant. Au passage, notre Pyrénéen se fit un plaisir d’intercepter une canette de bière placée sur le plateau de l’infortuné serveur sans bien même que celui-ci s’en aperçut.
- On peut ainsi conter mille tours tant Gérard est habile à les dénicher. Mais il y a aussi le côté plus sérieux de Mercadié, disons le côté vaillant de l’homme. J’en ai pour preuve la deuxième étape du Circuit des Mines 82, où, autant qu’il m’en souvienne, il faisait un froid Sibérien et pleuvait à outrance. L’arrivée de cette étape se situait au sommet d’une rampe impressionnante près de Longwy. Une douzaine de garçons se présentèrent au pied du "petit monstre". Il restait deux kilomètres d’ascension avec au sommet pour récompense, une victoire de grand prestige. Surgit alors Mercadié, plus puissant et plus frais que ses suivants immédiats qui avaient pour noms, Glles Mas, Peeters, Hosotte...

1985 TG 82 Leblanc, Abadie, Bonnand, Mercadié G

Tour du Tarn & Garonne 82 avec Leblanc, Abadie, Bonnand et Mercadié

- Ce jour-là, il impressionna toute la caravane et tous ses adversaires. C’était vraiment du grand art. Il signa peut-être là à mon sens le plus grand exploit de sa carrière. Malheureusement, aucun directeur sportif professionnel ne vécut ce grand moment de cyclisme. Ce fut bien dommage car à n’en pas douter, il aurait fallu un grand Hinault pour devancer à cet instant l’enfant de Moissac ;
- Cela nous conduit directement à vous parler de Mercadié et du professionnalisme. Franchira-t-il un jour le Rubicon ? Nous n’en savons rien mais nous le lui souhaitons de tout cœur. "On m’a souvent promis de m’embaucher affirme Gérard, mais à chaque fois il s’agissait de promesses dissimulées. Bien qu’étant toujours dans l’expectative, je garde néanmoins confiance. J’ai 25 ans et je me dis qu’après tout, il n’est jamais trop tard pour bien faire".
- Pour l’heure, notre Pyrénéen s’évade dans un tout autre domaine puisque aujourd’hui même - 17 décembre - il signe un contrat bien différent qui le lie pour la vie à Christiane, une cousine des frères Patrick et Eric Bonnet.

84 à 86

TOUR DE GIRONDE 1983 ; LA SANTÉ DES PYRÉNÉENS.
(article de Christian Bibal saison 1983).

- C’est à ses talents de redoutable finisseur que le coureur de Montastruc doit son succès. En effet, cette 9° édition n’aura pas démenti à ses devancières, ménageant le suspense jusqu’au terme, c'est-à-dire à l’heure de l’arrivée finale le troisième jour de course à Villenave d’Ornon - Gérard Mercadié est venu souffler la victoire à Bajan, de Santi, Prioleau et Avezou dans les derniers 500 mètres ! Jusque là le quatuor avait dépossédé Audeguil de son maillot de leader conquis le premier jour et il s’apprêtait à se battre au sprint pour la conquête de podium final. Coup de théâtre extraordinaire, rebondissement inattendu, Gérard Mercadié époustouflant revenu comme une fusée, rejoignait les échappées au panneau des 500 mètres, poursuivait son effort et coupait le chemin du podium à ceux qui venaient de le précéder, car le véloce Pyrénéen devenait au terme de cet exploit athlétique le grand bénéficiaire : vainqueur de la dernière étape et du même coup du classement général puisque à égalité de temps avec Bajan, de Santi, Prioleau et Avezou, il totalisait le meilleur score au classement par points. Un coup double.

 GÉRARD MERCADIÉ A LA CROISÉE DES CHEMINS.
(article de Jean-Robert Laloi saison 1984).

- Chacun le sait : Gérard Mercadié fait partie de ces sportifs qui font la pluie et le beau temps. Autre particularité chez ce garçon à la voix chantante si propre aux gens du sud-ouest : il aurait des histoires à vous raconter des nuits entières sans pour cela vous couper l’envie de dormir tellement elles sont imprégnées d’humour.
- En ce sens, il me fait penser à Marc Durant qui n’a pas son pareil pour intéresser son auditoire lors des veillées d’après course. De tels garçons sont une véritable mine d’or pour leur directeur sportif, puisque capables dans les instants de profond découragement de remonter le moral à toute une troupe ne serait-ce que l’espace d’un dîner.
- Bref tout ceci pour vous dire que le Vélo-Club de Roubaix peut se glorifier de compter dans ses rangs Gérard Mercadié. Cette saison en effet, le Tarn et Garonnais de Moissac défend les couleurs du grand Club Nordiste, anti-chambre du groupe La Redoute-Motobécane, où l’ont accompagné - excusez du peu - son beau-frère William Bonnet champion du Lyonnais et son ami Eric Leblanc champion du Limousin.
- A  Montastruc où il évoluait depuis deux saisons, on aurait aimé que Gérard poursuive son ascension avec sur les épaules le maillot du club local mais on se console à la pensée de le savoir licencié dans une société qui ne recrute que des gens d’une certaine notoriété. De plus, on sait qu’il est en train de jouer là-bas l’une de ses dernières cartes pour tenter de basculer dans le professionnalisme.
- A 27 ans, nous direz-vous, Mercadié ne pêcherait-il pas excès de confiance ? Logiquement. Il est de plus en plus vrai que les groupes pros se tournent vers les jeunes, y compris la Redoute, mais il n’y a pas de règle définie en la matière.  Marc Gomez notamment appartient à ces coureurs venus sur le tard parmi l’élite et, ma foi, il ne semble pas y faire si mauvaise figure. Et puis, si l’on veut pousser le bouchon encore plus loin, Timoner s’est vu à 58 ans proposer un contrat chez Teka. Ecoutons maintenant Mercadié nous confier ses états d’âme : "Je suis venu à Roubaix pour essayer de franchir le Rubicon comme tous ceux qui y viennent. C’est clair et net. De toute façon je ne resterai pas dans le Nord toute la saison. La vie de famille me manque terriblement. Avec William et Eric, nous avons eu du mal à nous adapter au climat et au paysage assez sombre ici, mais il semble que tout s’arrange pour le mieux. Qui plus est, nous avons trouvé le coup de pédale. C’est bien l’essentiel pour l’instant."
- L’exercice 84 a débuté sur les chapeaux de roue pour le cadet des Mercadié. En février, sur la côte d’Azur, il se montra souvent à son avantage (une victoire) puis ce fut le Grand Prix de l’Indépendant (3° et meilleur sprinter), le prix Picon à Lille (9°) et enfin Paris-Evreux.
- Ce jour-là, Mercadié superbe et généreux d’efficacité malgré un début de bronchite passa bien près de la victoire. Echappé à 15 km de la banderole en compagnie de Philippe Bouvatier, il sombra pour huit petites secondes face au prodige normand déjà en démonstration, mais à l’arrière plusieurs coureurs de premier plan demandaient grâce.
- Nous ne sommes pas de ceux qui accordent aux bouquets des prix inconsidérés. Une place de deuxième dans Paris-Evreux par exemple est plus riche en enseignement que trois ou quatre victoires planées dans ces courses de village dont on sait pertinemment qu’elles n’ont pas une grande signification sportive. Gérard Mercadié l’a bien compris, lui qui a la chance d’être intrinsèquement doué, solide, courageux et rapide aux arrivées, il a su faire sienne depuis longtemps cette devise que j’ai pu encore lire l’autre jour au siège de l’ACBB, laquelle était placée au-dessus du bureau de Claude Escalon : "Si tu veux gagner de l’argent, tu perdras des courses. Si tu veux gagner des courses, tu gagneras de l’argent."
- En d’autres termes, notre homme a décidé de jeter son dévolu sur les grandes compétitions du calendrier et d’écarter sa participation dans les critériums. A cet égard, il s’est imposé un programme fort alléchant pour cette première partie de la saison : "Avec Yves Hézard, l’entraîneur national, nous avons longuement discuté pour arriver à un accord qui débouche sur trois objectifs essentiels, à savoir, le Tour du Vaucluse, les Régions Italiennes et la course de la Paix" m’avouait la semaine dernière le Pyrénéen.
- Bref, Gérard Mercadié semble respirer à pleins poumons la joie de pédaler au moment même où il se trouve à la croisée des chemins. Nous sommes pour notre sport intimement convaincus que 1984 pourrait bien marquer l’avènement du gentil Gérard. Puisse l’avenir nous donner raison !

PYRENEES 1

PYRENEES 2

 GÉRARD MERCADIÉ A L’US MONTAUBAN.
(article de M. CUQUEL saison 1985).

L’équipe première route avec : Serge Polloni, Roland Mercadié, Claude Royer, Thierry Blanc, Patrick Andorra, Gabriel Bellounat, Jean-Luc Roncandin, JM Lafitte, Jean-Pierre Filipa et Guy Bousquié.

 GÉRARD MERCADIÉ AU TOUR DU TARN ET GARONNE.
(article de M. CUQUEL saison 1985).

- Organisé par l’US Montauban, couru à une semaine du championnat de France amateurs, ce 3° Tour du Tarn et Garonne aura vu la participation de coureurs de qualité. Parmi eux, citons : Daniel Amardeilh (Champion de France 84 et 85), Henri Abadie (champion des Pyrénées), Gilbert Cervera (champion de Provence), Philippe Dura (champion de Côte d’Azur), Patrick Jérémie et Yves Bonnamour (Auvergne), Eric Leblanc (Limousin) Gérard Mercadié (champion d’Auvergne), une équipe de six Tunisiens préparant les jeux panafricains. C’est donc un peloton très riche en individualités qui prenait le départ de Montauban.
- Gérard Mercadié (UC Sayat) vainqueur de la première étape à Lauzerte, aura été sans conteste le plus régulier. 5° de la deuxième étape à Lafrançaise et 2° de la 3° étape (Négrepelisse-Montauban). Avec une dotation déjà très intéressante, un parcours permettant à tous de s’exprimer, il est permis de penser que le Tour du Tarn et Garonne est promis à un bel avenir.

LIEN SUR LES MERCADIÉ.
- Gérard et Roland Mercadié aiment Périgueux (reportage).

RÉTRO VÉLO DORDOGNE - LES FRÈRES MERCADIÉ - © BERNARD PECCABIN
La mémoire du cyclisme en Dordogne

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Commentaires
J
jai organisé en 1980 à Frontignan un critérium réservé sur invitation aux meilleurs amateurs 1er catégories français avec plus de 47000 nf de primes !! c'est avec une grande fierté d'avoir Rolland MERCADIE au palmarès de ma course !!<br /> <br /> JEAN CORBLIN ancien président du Vélo Club Biarrot et speaker officiel ffc
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M
Bonjour Bernard <br /> <br /> <br /> <br /> Van Haerens n'a pas gagné la clasica San Sébastien en 1982 <br /> <br /> il a gagné le critérium qui se dispute le soir ou le lendemain de la classique<br /> <br /> sportivement <br /> <br /> MD
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G
Un grand merci à toi Bernard devant tant d'éloges, et pour avoir eu droit à la une de ton formidable site
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RETRO VELO DORDOGNE
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Blog destiné à recenser les informations sur le cyclisme de la Dordogne depuis sa création jusqu'à nos jours...(Photos, articles, reportages, etc...)
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