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RETRO VELO DORDOGNE
22 juin 2021

NONTRON ET SON CYCLISME A LA LIBÉRATION

LA PREMIÈRE SAISON DE CLAUDE MOUSSEAU EN 1947

1948

- Nous avons vu la vie et la carrière cycliste de Lucien Mousseau, puis celle d’Yves son fils. Nous arrivons maintenant à Claude, le petit fils qui né le 10 juin 1931, parvient à son tour sur le marché de la compétition à 16 ans, soit en 1947. Le petit Claude (qui est devenu un beau garçon) a été formé dans un moule parfait, celui du cyclisme grâce à sa famille. Entre les résultats des coursiers du coin qui venaient faire réparer leur monture, l’odeur du cambouis, il a vécu au quotidien la vie de l’atelier. Même si la guerre a ralenti l’activité sportive, celle-ci est restée bien vivante dans les esprits. Bref, Claude arrive en étant déjà bien trempé dans le bain de la discipline, le crane bourré par les exploits de son grand-père, puis par ceux de son père. D’ailleurs on va très vite s’apercevoir que Claude détient bien les gènes de ses parents. Notamment ceux de Lucien en étant un bon coureur de fond et ceux d’Yves son père, en étant devenu lui, un des ténors de la vitesse. Très vite Claude Mousseau va s’illustrer dans les courses du coin. Il tiendra le rythme sur les longues distances à l’instar de son grand-père et gare à ceux qui l’amèneront au sprint. Ils en seront tous de leurs sous, car peu de coureurs parviendront à le battre. Le déboulé de Claude Mousseau n’avait pas son pareil, si bien que la consigne du peloton était : "surtout n’amenez pas Mousseau au sprint !"
- C’est dans la presse d’antan que nous allons maintenant tenter d’illustrer la carrière de Claude, le nouveau coureur de la contrée qui démarre la compétition au VC Nontron en 1947, il a alors seize ans seulement !

- Relire la publication précédente.

1947 VCN

- Notre photo (de mauvaise qualité) montre un Vélo-Club Nontronnais
au cours de ces années héroïques d’après guerre, un club où il y avait de nombreux licenciés.

- Le cyclisme sous l’occupation : La première année de l’occupation allemande dans les pays forts du cyclisme dont la France et la Belgique, paralyse la majeure partie de l’activité. Pas question, en 1940, d’organiser le Tour de France, ne serait-ce que pour des raisons de circulation, pas plus que les grandes classiques.
- D’un autre côté l’occupant ne souhaite pas que ce sport, qui marquait les esprits des années précédentes disparaisse, et souhaite entretenir l’illusion d’une vie normale. C’est ainsi qu’on fait renaître dans le pays quelques critériums et qu’un semblant d’activités occupe les esprits. Comme la France est divisée en deux zones (occupée et libre), certaines épreuves se disputent en deux endroits et c’est ainsi que l’on possède le lauréat de la zone libre et celui de la zone occupée…
- Mais au-delà des mots il convient d’abord de revitaliser la jeunesse, selon les termes de Pétain. En sport le professionnalisme pervertisseur est sévèrement combattu, sinon supprimé. S’ajoutent, et cela touche plus directement les compétitions cyclistes, les difficultés de circulation et de déplacement, la pénurie de carburant et également celle du matériel et des boyaux. Le cyclisme sport populaire parvient à s’adapter à cette situation malgré tout.
- En faits le problème majeur de l’Occupation, concerne la population et celui de son ravitaillement. Les habitants des campagnes ont naturellement plus de possibilités d’améliorer leur ordinaire que celui des villes. La pénurie de carburant donne une importance accrue à la bicyclette comme véhicule utilitaire. Pour les coureurs cyclistes, travailleurs de force par excellence, la sortie d’entraînement prenait une toute autre signification qu’en temps normal. Le vélo de compétition s’agrémentait d’un porte bagages, d’un ou deux arrêts dans une ferme d’où l’on ramenait un jambon, un sac de pommes de terre, du beurre, des œufs … Et certains jeunes coureurs aux prometteuses qualités ne résistèrent pas aux tentations du marché noir. Leur carrière s’en trouva étouffée dans l’œuf, si l’on peut dire, par détournement de négoce clandestin.
- Un autre problème de l’Occupation était celui du Service du Travail Obligatoire. Dans ce domaine encore, de nombreux jeunes coureurs cyclistes virent leur carrière interrompue par leur transfert en Allemagne, forme de déportation couverte par la légalité.
- Pendant ce temps en France, on essaye de faire vivre les compétitions. Parfois des incidents surviennent. Dans le Tour de Corrèze en 1944, des résistants armés, descendus de leur maquis, barrent la route et prennent possession de tous les véhicules motorisés de la caravane … et des vélos des coureurs. Toutes ces difficultés d’organisation sur route provoquèrent un regain d’activité des réunions sur piste et c’est ainsi que le cyclisme de compétition, à travers toutes les conflagrations guerrières et sociales, a assuré sa survie et sa continuité ... Chez les Mousseau la guerre a laissé des traces. Avec Yves qui réparait les véhicules gazogènes de la résistance dans son atelier, puis surtout par une méprise de l’occupant à son égard qui lui évita de connaître la déportation.

1947

- Lorsque le jeune Claude âgé de 16 ans fait son entrée dans l’arène cycliste, la discipline était dominée dans la région par un certain André Commerie, originaire de Mialet. Mais il y avait au VC Nontron d’autres locomotives comme Etienne Fourgeaud, les Sallat (François et Pierre), Mousnier, Montalescot, Biniecki, Lavaud, Barguénio etc..., mais aussi un certain Jacques Vivier qui court avec Michel Brun. Ces coureurs vont certainement avoir une influence sur la vie sportive de Claude Mousseau. Celui-ci connait bien tout ce petit monde qui gravite autour de lui. D’autant plus que si le fait d’avoir un père vélociste ne le place pas encore comme une vedette, il est considéré comme un sérieux client de par les exploits de son grand père Lucien, voire ceux de son père Yves.
- La vie à Nontron et pour les jeunes est difficile à la fin de cette deuxième guerre mondiale. Pour se sortir de son malheur, pour chercher à évoluer, les jeunes sont tentés par la pratique du cyclisme, dans l’espoir de gagner de petites sommes d’argent et de se payer des petits plaisirs. Faire l’investissement d’une bicyclette constitue pourtant un gros effort et un investissement que peu de parents peuvent payer à leurs enfants. D’ailleurs beaucoup d’entre eux évoluent sur du matériel d’occasion et parfois même rapiécé de toutes parts. Qu’importe, l’essentiel est de se lancer dans l’arène et de chercher à percer pour tenter la consécration à l’image de ceux du Tour de France.
- Le petit Claude débute au VC Nontron présidé par Monsieur Raoult mais dès 1948, voilà qu’il rejoint la Pédale Faidherbe de Périgueux. A cette époque cette société jouissait d’une très grande réputation. D’ailleurs son père Yves avait porté les couleurs dans les années trente et aujourd’hui, André Commerie en était un des chefs de file. Peut-être des raisons qui ont fait que le jeune Mousseau immigra dans le club de la capitale du Périgord, ceci dès que les premières courses lui donnèrent droit au bouquet et à la bise des demoiselles d’honneur... Mais à cette époque, il est bien difficile de faire la part des choses. A cette époque et sur la presse d’antan, les journalistes marquaient bien souvent le lieu de résidence du coureur à la place de celui du club. Si bien qu’il est difficile de situer les années réelles des performances répertoriées sur le carnet de bord de Claude Mousseau.
- Une belle promotion : Toujours est-il que Jacques Vivier né le 9 octobre 1930 et Michel Brun né le 30 mars 1931 appartiennent bien à la génération de Claude Mousseau né le 10 juin 1931. Il est donc le plus jeune de ceux qui deviendront les As du Périgord. Dommage que Claude ne persévèrera pas lui qui avait si bien débuté, en dominant pourtant les deux coureurs de Mareuil. Mais ces deux derniers, par ailleurs bien conseillés par Marius Duteil (coureur et vélociste) franchiront le Rubicon, en évoluant soit chez les pros soit chez les indépendants.

1947 Réjou, Barguério, Mousseau et Ventelou 47

Réjou, Barguério, Mousseau et Ventadou

NONTRON DÉTIENT-IL UN FUTUR GRAND CHAMPION ?

- Dimanche dernier à Nontron se courait le Grand Prix de la Maladrerie sur 100 km, qui empruntait un parcours assez chaotique. La victoire revint au jeune Nontronnais Claude Mousseau, âgé seulement de 16 ans. Mousseau qui mena durant toute la course, battit des coureurs mûrs et aguerris tel Sallat, habitués lui aux grandes compétitions. Le jeune Nontronnais effectua le parcours à 39,5 km/h de moyenne. S’il est bien guidé et bien conseillé, nul doute que la Dordogne possèdera d’ici quelques années un autre grand champion.
Classement : 1. Claude Mousseau, 2. Sallat, 3. Lavaud, 4. Rougier, 5. Desmoulins, 6. Barguénio, 7. Paulhiac

MOUSSEAU ENLÈVE LA COURSE DE CLASSEMENT DU VC NONTRONNAIS

- Dimanche a eu lieu une course de classement du VC Nontronnais. Cette course disputée sur 70 km revint au jeune Mousseau qui battit François Sallat au sprint. Dès le départ, l’allure fut très vive et on note certains passages à 50 à l’heure. Le froid et le vent génèrent les coureurs dans la vallée du Bandiat et il fallut à nos jeunes un grand courage et beaucoup de volonté pour finir l’épreuve qui si elle n’était pas longue, comportait de nombreuses difficultés.
Classement : 1. Claude Mousseau, 2. François Sallat à 25 m, 3. Pierre Sallat junior même temps, 4. André Rougier, 5. Lapouge à 30s

DEUXIÈME COURSE DU VC NONTRON

- Quatorze coureurs prirent le départ de la deuxième course de classement du VCN disputée sur 85 kms sur le parcours Nontron, Saint-Pardoux, Brantôme, Mareuil et Nontron. Dès le départ les coureurs s’observent et le train est rapide. Mais dans la descente de Saint-Pardoux, le favori de la course, le jeune Claude Mousseau par suite d’éclatement de son boyau, ayant fait une chute qui aurait pu être grave, se blesse au bras et à la jambe, mais ne peut continuer la course. Le peloton reste toujours compact pendant la première partie du parcours. Mais en haut de la côte de Brantôme, François Sallat s’échappe suivi de Rougier et du jeune Pierre Sallat, qui fait une course magnifique. Ces trois coureurs ne seront plus rejoints, malgré le remarquable effort de Biniecki, qui se lança seul à leur poursuite. Le jeune Lapouge, qui lui aussi tenta de les rejoindre, joua de malchance et creva trois fois.
Classement : 1. François Sallat sur cycle Rochet, 2. André Rougier sur cycle Rochet à 30s, 3. Pierre Sallat m.tps, 4. Biniecki à une minute, 5. Lapouge, 6. Plazer, 7. Montalescot.

1947 arrivée sprint

Une arrivée au sprint de Claude Mousseau

- Il est regrettable que le jeune Mousseau ait fait une chute grave, qui l’empêcha de continuer, ce qui écarta le duel fraternel Mousseau-Sallat qui ne put avoir lieu. Cela diminua l’intérêt de la course et même l’ardeur de la course. Le jeune Pierre Sallat fit une très belle performance et se révèle un coureur de classe. Lapouge se montra très courageux, mais n’est pas en excellente forme à l’heure actuelle. Il doit se montrer dangereux prochainement. Biniecki fut également très volontaire et est à féliciter pour son cran. Mais beaucoup de coureurs eurent des incidents de vélo et d’autres se ressentirent du manque d’entraînement. Néanmoins, tous sont à féliciter et nous pouvons affirmer que d’ici très peu de temps les coureurs du Vélo-Club Nontronnais seront redoutés dans la région.
- Il est probable qu’à seize ans (en 1947), Claude Mousseau parcourait les courses des fêtes locales du pays avec son vélo, à l’image de Jacques Vivier qui lui aussi a débuté de cette manière dans le cyclisme, sans être pour autant licencié. Si Claude Mousseau a disputé le Premier Pas Dunlop à Limoges, comme nous l’indique son carnet de bord, il n’a pu le faire qu’en 1948 lorsqu’il avait 17 ans. Il existe d’ailleurs et c’est dommage de nombreuses zones d’ombres sur la carrière de Claude. Et pourtant un certain Lulu Deville qui n’avait pas sa langue dans la poche, passionné par ailleurs de cyclisme, a écrit en 1981 que Claude totalisait 100 victoires dont le Grand Prix du Souvenir à Périgueux. Il est d’ailleurs possible que ce jour là, Mousseau gagnait dans sa catégorie, Vervialle étant le lauréat en toutes catégories.

QUELQUES AS DU CYCLISME EN 46/47

Emile Teissère (Nice), Jo Berrini, Dominique Canavèse (Aix en Provence), Guiseppe Tacca (Paris), Maurice Diot, René Vietto, Alain Moineau (VC. Levallois), Elio Frosio (Italie), Jean Robic (Vainqueur du Tour de France 47), Pierre Brambilla Vainqueur du circuit de l’Ouest 46, Gino Bartali (Italie) 1° du Giro en 1946, Fausto Coppi 1° du GP des Nations 46, Louis Bobet Champion de France amateurs 46, Louis Caput Champion de France pro 46, Apo Lazarides 1° de la Course du Tour 46, Giluo Bresci, Vainqueur de la Ronde de France 46, Paul Néri Champion de France route en 1947.

1947 VCN 47 ou 48

Coureurs du VC Nontron après guerre

LES GRANDS VAINQUEURS EN PERIGORD EN 1947

 André Commerie (Pédale Faidherbe), Georges Palus (CC. Périgueux), Louis Londéro (UC. Brive), Marius Duteil (CC. Périgueux), Félix Bermudez (Carcassonne), Paul Lerme (Angoulême), Jean Valentin (Toulouse), Pierre Mounet (CC. Périgueux), René Caramégeas (CC. Périgueux), Charles Martin (CC. Périgueux), Charles Ferdinand (CC. Bergerac)

LES VEDETTES DU SUD-OUEST EN 1947

 Antoine Latorre (ASPTT. Bordeaux) 1° Bordeaux-Saintes en 46, André Joulin (ASPTT. Bordeaux), André Bramard (ASPTT. Bordeaux), Michel Serres (ASPTT. Bordeaux) Champion de Guyenne route en 46, Albert Dolhats (Dax), Robert Rippe (UCAP.Angoulême), Roger Cruzin (CAM Bordeaux), René Barrière (CC. Béarnais), Ducourneau (Mont de Marsan), Maurice Verdeun (SA. Bordelais), Robert Desbats (CAM Bordeaux), André Gavelle (SA Bordeaux), Jean Taris (ASPTT. Bordeaux), Alfred Macorig (Guidon Agenais), Léonce Autaa (CC. Béarnais), Pierre Mancicidor (CA. Bèglais), Jacques Moujica (St.Gaudens), Jacques Pras (UCAP.Angoulême), Jean Taris (ASPTT. Bordeaux).

RÉTRO VÉLO DORDOGNE - CYCLISME A NONTRON 3 © BERNARD PECCABIN
La mémoire du cyclisme en Dordogne - La saison 1948 à Nontron avec Claude Mousseau

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