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RETRO VELO DORDOGNE
12 mai 2020

BORDEAUX-ARCACHON (Histoire d’une classique) - 4° partie

LA CLASSIQUE BORDEAUX-ARCACHON
la plus ancienne, la plus courte et la plus rapide du Sud Ouest
Retour sur l’histoire de cette épreuve

- Relire la publication précédente (cliquez sur ce lien).
- Attention Bordeaux-Arcachon et son histoire comportera dix-neuf publications. Pour revenir à la première publication, cliquez ici.

UNE VILLE, UN CLUB, UN HOMME

- En consultant la carte de Levasseur (voir photo dans 1° partie), on ne trouvera pas sur celle-ci la ville d’Arcachon, mais à la place, Notre-Dame d’Arcachon. Normal, puisqu’en 1850 Arcachon était un quartier de La Teste du Buch, ville où se situait le terminus ferroviaire. Arcachon ne devint une commune qu’en 1857 par décret impérial. M. Deganne un des premiers maires et dont la rue où est jugée l’arrivée porte son nom, était un des responsables de l’exploitation du chemin de fer. Mais c’est grâce à Jean Eugène Ormières (maire de 1888 à 1890) que l’on doit d’énormes gratitudes à la ville qu’il a administré, mais aussi à son cyclisme. N’oublions pas qu’une piste de 402 mètres en ciment a existé de 1894 à 1906, ce qui valut à Arcachon d’être une ville précurseur en matière de cyclisme. Arcachon a été le cœur et le poumon du cyclisme Aquitain. On doit par la suite cette suprématie et cette activité à Hubert Longau(4), entrepreneur des Travaux Publics et artisan de la construction d’un nouveau vélodrome inauguré le 15 août 1934, ceci sous la magistrature de Marcel Gounouilhou (maire de 1929 à 1938). Adjoint au maire de 1930 à 1935, titulaire de nombreuses casquettes, il fut de 1922 à 1963 Président de l’Union Cycliste Arcachonnaise, Vice-Président du Comité de Guyenne pour la même période et membre du Comité Directeur de la FFC de 1945 à 1973.

LONGAU

Hubert Longau, notable de notre cyclisme

- On le voit Hubert Longau a été un remarquable notable du cyclisme du Bassin, qui a prospéré dans sa ville, elle-même mise à l’index par Maurice Martin qui en avait fait une station de la Côte d’Argent, qu’il avait baptisé ainsi… Antonin Magne et les Lapébie ont également contribué au renom du club de cette ville, jusqu’en 1938 où le Tour de France s’arrêta le 11 juillet, lors d’une demi étape remportée par l’italien Jules Rossi (photo ci-dessous à droite). Six coureurs se disputeront le sprint sur le vélodrome de la ville et l’italien effectuera le parcours Bordeaux-Arcachon en 1h16’20s soit 52,5 kms à la moyenne de 41,266 km/h, ce qui n’est cependant pas mieux que nos amateurs… Le passage du Tour à Arcachon et son arrivée d’étapes au vélodrome a constitué un élément clé du cyclisme Arcachonnais. D’autant plus que l’après-midi, les coureurs effectuaient le deuxième tronçon sur Pau, où le champion local Antonin Magne prenait la 5° place du général à 1’48s du maillot jaune, lui qui s’était déjà classé 10° le matin de l’étape dans sa bonne ville d’Arcachon.

MAGNE

- Hubert Longau a consacré toute sa vie à sa passion, à ce cyclisme auquel il vouait un véritable culte et dans lequel il comptait de nombreux amis. Son nom restera lié à Arcachon et à cette classique régionale pour laquelle il a fait tant pour qu’elle se pérennise. Tous les hivers, Hubert Longau conviait des Champions à venir passer deux à trois mois dans sa ville. C’est ainsi que le club a compté dans ses rangs des coureurs comme André Raynaud champion du monde de demi-fond, Jules Merviel, le belge Jean Aerts Champion du Monde amateurs qui devait remporter six étapes du Tour de France en 1933 dont celle de Bordeaux, Julien Moineau devenu depuis l’enfant du pays, Charles Pélissier qui gagna vingt étapes dans les différents Tours de France. A la même époque, Pierre et Antonin Magne étaient eux aussi licenciés à l’UCA (club aux couleurs bleu et blanc) et ce dernier devait rencontrer ici celle qui allait devenir sa future épouse.
- Tous étaient attachés au club Girondin et lorsqu’Antonin Magne (en médaillon) remporta le Tour pour la deuxième fois en 1934, il a cousu sur son maillot jaune le fameux "crabe" emblème de l’UCA. Tous ces grands noms venus sous l’influence et par le talent d’Hubert Longau, préparaient leur saison sur les routes du coin. Magne quant à lui appartenait au club girondin lorsqu’en 1936, il devient Champion du Monde. Mais Hubert Longau ne se bornait pas à enrôler des Champions confirmés. Les Arcachonais formaient une équipe redoutable et redoutée aussi bien sur route que sur piste. Grâce à lui les pistards avaient, même si on se répète, un vélodrome construit dans une cuvette entourée par les pins et les dunes. C’est dans ce vélodrome que Maurice Richard était venu tenter le record du monde de l’heure et Karel Kaers celui du kilomètre.

Rossi

- Hubert Longau avait fait de l’UCA un grand club avec des hommes comme Victor Descoubes, Gabriel Hargues, René Prévot, Jean Triscos, Charles Govaert, Jean-Baptiste Incegarway, qui depuis étaient restés amis. Puis après la guerre et jusqu’en 1950, sont venus s’ajouter Robert Lafon, Norbert Bougon, André Herran, Robert Dutein, Gérard Raynal, Albert Rapaud, Edmond Cussac, Alain Moineau, Robert Desbats et Jean Bidart Champion de France en 1947 à Besançon. Toutes ses initiatives et ses entreprises ont été couronnées de succès et beaucoup ont dépassé le cadre girondin pour connaître un retentissement national, tout comme le Grand Prix de la ville d’Arcachon(*). Il en est ainsi du Bordeaux-Arcachon dont il a fait une grande classique pour amateurs. Les concurrents venaient de Paris pour disputer cette épreuve considérée comme l’homologue de Paris-Tours.

 (4) Julien (dit Hubert) LONGAU est né le 1er janvier 1889 à Arcachon. Issu d’un milieu extrêmement modeste, il a été d’abord manœuvre auprès d’employeurs qui ne l’ont point ménagé. Chétif, malingre, il mesurait à peine un petit plus qu’un mètre cinquante. Doué d’une rare intelligence, il s’est instruit sur le tas pour augmenter son savoir. Pendant la Grande Guerre, il est mobilisé en 1915, démobilisé en 1919. Entrepreneur de bâtiment et de travaux publics, il construit de nombreux édifices dont le Vélodrome inauguré le 15 août 1934 (une étape du Tour de France y arrive le 11 juillet 1938), le boulevard Gounouilhou (1933-1936), les défenses contre la mer, le fronton des Abatilles, la nouvelle jetée du Moulleau, la première station d'épuration des eaux, la tribune du stade Matéo-Petit, il réalise la transformation de l'éclairage public du gaz à l'électricité. Il préside le Syndicat du Bâtiment et des TP d'Arcachon de 1937 à 1963. Le journal "L'Auto", n'hésite pas à le désigner, en septembre 1938, comme le "Baron Haussmann" d'Arcachon. En 1948 avec son fils Jean-Gilbert, il construit une Cabane Tchanquée à l'île aux Oiseaux.
Conseiller municipal de 1925 à 1929, adjoint au maire de 1930 à 1935, délégué aux travaux publics, hygiène, état-civil et police. Président de l'Union Cycliste Arcachonnaise de 1922 à 1963. Président de la Société de Gymnastique "les Enfants d'Arcachon" pendant 37 ans. Président du Sport Athlétique Arcachonnais de 1927 à 1935 et de 1950 à 1957. Vice président du Comité de Guyenne de la Fédération Française de cyclisme de 1937 à 1963 et membre du Comité directeur national de 1945 à 1973. Chevalier de la Légion d'honneur en 1934. Officier de l'Instruction publique en 1939. Propriétaire du journal l'Avenir d'Arcachon de 1930 à 1946. Hubert LONGAU est mort en Arcachon dans les locaux de son entreprise rue Gustave Hameau le 28 décembre 1973, à l'aube de ses 85 ans. Son fils Jean Gilbert était dramatiquement décédé le 9 mars 1956 en chutant d'une charpente verglacée lors d'une tempête de neige en ce sombre printemps lors de la construction de réservoirs d'eau en Ville d'Hiver, premier château d'eau d'Arcachon (aujourd'hui devenue la Maison des Jeunes).
(*) Le Prix d’Arcachon d’après guerre disputé après le 15 août a connu un très grand succès avec son parcours toboggan de vingt tours, soit 120 kms. La course avait la réputation d’être une épreuve "brise pattes". L’itinéraire était le suivant : avenue Nelly Deganne où se jugeait les primes pour les hommes de tête, avenue du Général Leclerc, avenue Gambetta avec en prime l’allée des réservoirs et son pourcentage de 17% revenant toutes les huit à dix minutes, qui sapent la résistance des coureurs, car sur ce parcours il n’y a pas de temps pour récupérer. L’allée des dunes offre la particularité de descendre très vite et ses virages non relevés font courir au concurrent un certain risque, l’obligeant à une attention soutenue et ne lui permettant pas de souffler. L’avenue Rapp avec sa côte malaisée et le virage de la Chapelle, qui par ses à-coups rend le rythme difficile et épuise l’énergie des concurrents. Voilà pour le décor qui a permis à de grands coureurs de vaincre tels Proust, Desbats, Dolhats, Garonzi, Bertrand et bien d’autres...

SUITE DU PALMARES DE L’EPREUVE : 1934 - Mémoré Carapezzi (Italie) en 1h13’, Gaston Ducoin (BEC), Loubère (SAB), 1935 - Roger Apechèche (C. Girondins) en 1h10’50s, René Dassé (CCL), Maury (CG), 1936 - Raymond Maury (CG) en 1h14’34s, Roger Apechèche (CG), Nazarre (CCL), 1937 - Pierre Chazaud (C. Girondins) en 1h08’43s (nouveau record), Alain Domecy (Castillon) à 45s, Alcaïne (CCP), 1938 - Norbert Bougon (UC. Arcachon) en 1h10’58s, André Héran (UCA), L. Sanchez (Union Cycliste Bordelaise), 1939 - Pierre Descot (UC.Arcachon) en 1h10’21s, Albert Payan (AS St. Médard), Clairac (VCSL), 1941 - Jean Barthez (UC.Arcachonn) en 1h12’40s, Félix Dordignac (BPC), G. Delos (UCA), 1942 - Henri Gaborias (Bayonne) en 1h11’45s, Fernand Gaborias (Anglet), A. Poirier, 1945 - Louis Barrière (CA Béglais) en 1h18’43s, André Micas (SAB), Darouzès (SAB), 1946 - Elio Manfé (CC Marmande) en 1h10’, Robert Pitoux (UC Villeneuve), Serge Agoust (SAB), 1947 - Francis Brizon (VC de Levallois) en 1h07’30s (nouveau record), Mario Ragagnin (CC Marmande), Serge Agoust (SAB), 1948 - Serge Agoust (SA Bordelais) en 1h 07’ 23s (nouveau record), Maurice Glomot (St. Jean d’Angély), Bruno Covre (Cyclo-Club Marmande), 1949 - André Micas (ASPTT Bordeaux) en 1h 08’ 29s, Ragagnin (Marmande), Serge Agoust (SA Bordelais), 1950 - Jean Missègue (SAB) en 1h 09’ 19s ; Dangoumeau, Serge Agoust, 1951 - Gérard Ferrage (VC Lion) en 1h 04’ 19s 1/5 (nouveau record) Pierre Rinco (VC Lion), Jean Rinco (Cycles Girondins), 1952 - Jean Missègue (SAB) en 1h 08’58s ; Cruzin (CC Caudéran), Julio Alvarez (Girondins), 1953 - Louis Rigon (VC Miramont) en 1h 07’ 55s ; Vincent Sosa (VC Lion), Jacques Sabathier (UC Arcachon), 1954 - Jacques Sabathier (Girondins) les 50 kms en 1h 07’ 26s ; Gérard Doret (VC Lion), André Tournis (SAB), 1955 - Yves Nebut (Girondins) en 1h 07’ 58s ; Christian Bannes (Girondins), Bernard Domagé (Stade Montois), 1956 - Pierre Martinet (SAB) 66 kms en 1h36’, Beauvieux (Bordeaux VC), André Tournis (SAB), 1957 - Bernard Domagé (Stade Montois) en 1h 09’ 20s ; Yves Nebut (Girondins de Bordeaux), André Delort (US Andernos), 1958 - Christian Castéra (Cyclo-Club Bordelais) en 1h09’02s, Paul Asséré (SBUC), Christian Pradeau (CA Béglais), 1959 - Jean-Claude Bâle (SA. Bordelais) les 50 kms en 1h06’15s, Roger Fontagnères (VC Capbreton), Jacques Sabathier (Stade Montois), 1960 - Roger Fontagnères (VC Capbreton) les 50 kms en 1h07’, Roland Delaunay (Pédale Jonzac), Jacques Suire (Bordeaux VC). (à suivre) 

RÉTRO VÉLO DORDOGNE - L’Histoire de la Classique BORDEAUX-ARCACHON (4)
© BERNARD PECCABIN
(à la mémoire d’Hubert Longau, de Gaston Bougon et de tous les crabes de l’UC Arcachon)
Prochaine partie : Norbert Bougon, dernier crabe rescapé de Bordeaux-Arcachon

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